L’ŒUF DUR — 13 28 Carrières mesurées, architectures d’arbres, Monts divers et rythmés, audacieux record Vivant par tant de science usant de tant de corps! Quels dieux, quels démons ont soulevé ces marbres Pour qu’en ces jours mon âme y sympathise encor? Ah ! Poussière d’or épandue sur ces toits 1 Sainte pluie si douce et lumière fine, Evanescent lointain où l’horizon s’affine, Laisse dans cet azur mourir un peu ma foi Et mon âme impesante se résoudre en toi 1 Dans ta vertu, grand Art, je pose ma faiblesse 1 Que tes orages, lourds de fruits sans amants, M’empoignent périr en ton sûr et beau tourment... Prends-moi, démon ! Prends-moi 1 plutôt que ne me blesse La foule des amours vive qu’en moi je laisse... Nouvelle est ma ferveur mais ductile à tes soins. Lucide à tes éclairs; je sais le feu fragile Que le dieu a posé dedans ma faible argile : Connais en la rigueur ! Fais jaillir dans mon sein D’une étincelle folle un étonnement saint ! Que m’importe le dieu dans ces murs qu’on appelle! Assez d’encens 1 Ames multiples, aimons ces lignes Sans en comprendre rien qui s’écarte du signe. Ces courbes, ces fuites, ces coupoles belles, Pentes émues en moi, ces profondes chapelles, Mourons-y tout entier 1 — Criez ces têtes dures, Ma Foi, nées de ces terres précieusement, Débris d’ancienne vie, merveilleux ossements, Nobles et tendres tons assemblés de verdures, Et vous soient ces amours les seules nourritures !