7 L’ŒUF DUR 15 MAURICE DAVID Rome Les collines se paraient de bleu et jouaient de leurs grâces autour du fleuve qui n’en coulait pas moins vers la mer. Romulus le redisait à la ronde : Petite plante à aiguilles, Et vous, arbuste des morts, Vos cigales, oiseaux-porcs, Ronronnent comme des vrilles. Remus le coupa court. — Tais-toi, ombre d’homme, tu bailles là des rimes sans raison, et nous tamponne le cuisseau. Romulus, sensible au dur reproche, se tenait à quatre ou cinq pour ne pleurer pas. Remus se conduisait implacablement mal envers lui et d’une impertinente manière. Dans leur âge tendre, il lui dérobait les plus douces confitures, s’en gorgeait, puis courait sur lui, l’embrassait de force, lui couvrant tout le visage d’une dernière bouchée et appelait leur mère commune pour dénoncer sa prétendue gourmandise et ses mœurs glou tonnes. Un autre jour, comme ils joufient avec leur cousine Livia, Remus les avait entraînés dans un coin sombre du jardin, et là, relevant soudain la tunique de Livia, lui baisa le ventre ; et, à leur tante qui surgissait : — O tata ! vois à quoi Romulus nous oblige I Et, au désespoir de Romulus, amoureux de Livia, Livia obéissait au doigt et à l’œil de Remus et se moquait avec lui d’un jumeau négligé. Plus tard, cela continua. Romulus aidait les cieux. Il ne savait se plier à aucun exercice de corps et passait ses journées étendu sur le dos ou se promenant à petits pas, plein de poèmes, tandis que Remus étudiait les sciences paysannes et l’art de la lutte et des armes. Une nuit, Remus tira vivement Romulus du lit. — Halo, toi, Romus, par dérision surnommé Romulus, romule,