L’ŒUF DUR 15 26 PIERRE MAC ORLAN Simonne Au coin de la rue des Saules la silhouette souple et fragile de Simonne avec désinvolture s’est dressée dans la nuit seule au milieu du trottoir humide délicatement surveillée par les réverbères posés comme des agents de police, au-dessus de la mêlée... les « flics » de la police des âmes, à deuxheuresdu matin, dans la chanson enrouée du petit jour !... La jeune femme a les cheveux coupés et frisés comme ceux de la Sulamite. Sa cloche de satin noir est enfoncée ainsi qu’un casque. Elle marche, et derrière elle elle entraîne la nuit, l’odeur des choux de la banlieue les rues sinistres d’un soir de peste mémorable. Dans l’angle photogénique des coins de rues guette l’attaque nocturne aux jarrets d’acier. Mademoiselle Simonne ne craint rien car elle a des relations qui l’empêchent momentanément de mourir un brin tout au moins de cette façon. < Demandez... dix centimes... Voilà Maria... La Panthère des Batignolles... » Place Pigalle, jardin des lumières apprivoisées, Les femmes aux yeux brillants de publicité courent sur les manèges comme les souris de la ruine.