L’ŒUF DUR — 15 30 La bête prise Les drapeaux dérouillés par le vent Les étoiles éteintes sous la mousse Les traces de pas des passants Les fuites entraînées Les bêtes peureuses Et les cris les lueurs de sang dans la campagne rousse L’automne chassé par l’Eté Sur la piste des neiges desséchées sur le tapis du ciel secoué les mains prises Sur la tête du paysan incliné sur le sillon cicatrisé l’hiver dernier sur la lucarne du pavillon Et sur le balcon de la lune Toutes les armes les bretelles les cuivres Et les menaces avortées La fatigue du temps aux genouillères grises Une croix d’un bout du cimetière à l’horizon Un chemin détourné perdu dans les épines Un œil qui guette aux fentes du volet Une voix qui chante sans ailes Et sous les plis trop lourds du nuage emporté La voile toute neuve Le soleil L’étincelle