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L’ŒUF DUR — 15
Restons sous la pluie
Le cri noir qui émiette l’univers
en orages colonnes d’or dans la nuit
c’est la pluie, la pluie
qui dégringole comme un verre
Epouvantails ! reculez enfants !
il y a de petites carcasses qui trament dans les coins
des lames qui s’enfoncent dans le ciel
Rien ne va plus ! les vivants, les pauvres vivants
ont des douleurs on ne peut plus sévères
et depuis que la roue d’acier tourne à vide,
nous restons les mainsnuesétrangementautourd’une table
Indiscutablement
ça peut durer longtemps
L’univers bat synchroniquement
abattons notre jeu, je suis défiguré :
mains d’extatique mains sans lumière sans joie
mains qui montrent des glaces et qui couvrent des têtes
taisez-vous ! le malade se heurte et s’entête
à n’entendre autour de ses yeux... mains mains en soie
JAMAIS ! mains qui coulez sur mes fronts dans leur cage
mains qui jurez beaucoup plus bas que l’horizon
dans les avenues du ciel où nous nous croisons
cris d’oiseaux crucifiés dans les mains des sages