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25 MAI 1920
CANNIBALE
revue mensuelle
paraît le 25 de chaque mois
sous la direction de
FRANCIS PICABIA
avec la collaboration de
tous les dadaïstes du monde
ABONNEMENTS :
FRANCE, un an : 10 frs - J§|
ETRANGER, un an : 15 frs
15 exemplaires de luxe numérotés
Abonnement: 50 frs
Administration :
“ AU SANS PAREIL ”
37, Avenue Kléber
PARIS (.16')
Rédaction :
32, Avenue Charles-Flcquet
TARIS (7e)
SOMMAIRE
dU N u mér o 2
J ' w. ’41 <:• ■ /• > - •> \ : •' ‘*j s :
Mercer 85 HP
Francis Picabia : L’affaire Dada
Tristan Tzara : Pastilles d’acier acide
Francis Picabia r Poésie pour ceux qui ne compren-
nent pas
Margueritte Buffet ; Concours de Papillons
Francis Picabia : Je suis des Javanais
G. Ribemont-Dessaignes ; Dadaland
Paul Dermée : Promenoir
Paul Eluard : Amour <
'
’ — Le Joueur
Trisan Tzara : Douleur en cage Dada à la nage
André Breton : P,S,S.T.
ue orgue
Vicomte de Foulques : Sublime hasard
Céline Arnauld : Mes trois péchés Dada
Carnet du Docteur Aïsen
G. Ribemont-Dessaignes : L’affaire Gleizes
Philippe Soupault : Fleurs de tomate
— Les cinq Frères
Francis Picabia : Le cul en tête à tête
André Breton : Les-contes de Cannibale : Les reptiles
cambrioleurs
Carnet du Cuculin
Francis Picabia : Festival-Manifeste-Presbyte
Moi : Fig
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Les 2 exhibitionnistes intoxiqués
par l'abus de l’automobile
(Le Populaire. — 17 mai 1920)
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Francis PICABIA
l’intoxiqué
PASTILLES D’ACIER ACIDE
(Extrait de : Haute eouture monsieur Aa /*antiphilosophe)
I
les pieds nus dirent à la neurasthénie : fausses moustaches d’autruche
marque américaine
l’oiseau froid dit au monocle : bouche sans lèvres je me tue
mais le cubiste dit au cubiste : j’ai inventé le gratte-ministre et je suis le chef
le chef dit au chef : chef
2
sans je je vous le 1 vends
2 parle du 3 vent
tu traînes les pilules de bijoux 4
comme 3 le vieil ours danse sur 7 la plage
comment 6 compresse manœuvre
monsieur 8 pardon princesse compresse 9
mais à la 1 0 raison il faut un coloriste
dit-il sortant de
douane 13
1 1 les
2
3 14
er
3
l’ange dit au macaroni : précipite-toi
et les témoins des cabrioles de whisky à épisodes
d
lynotype
4
du lac les crapauds jouent aux cartes dans
de silence qui produit des auréoles et une anémie atmosphérique deux allumett
brillent et servent aux Iouds des veux frais chocolat et bromure pour les indu
tries discrètes
midi convalescence de la nuit disp
d
une
grande
décoration d’empereur pendue au pont prostituée d
mécaniques quoi demande le serpent par sa forme et ava
crie pas demande le prix
5
amour petite gare dans une petite oreille
bonheur à la coque
je veux me certificat
devenir azote de l’observation place
qui stimule l’antiphilosophe
qui est incendiaire
le péché de prix ne se* fixe pas
la vérité à répétition et le grand cœur ne se captent pas
la bouche en automne lent d’intentions suspectes
» •
j’attendais je nageais
des samedis
ne
i
TRISTAN TZARA
POÉSIE
CEUX
PIEDS DE VEAU FRITS, petite entrée
Les faire cuire au naturel (voir page 201 ), les désosser, les coupci par
morceaux ; les tremper dans la pâte à frire ou les paner, et les faire
frire, (voir Tête de veau frite).
Francis P1CAB1A 1 Intoxiqué.
CONCOURS DE PAPILLONS
Agent stupide des directions de la Haine
l’homme exclamation se battait sans rythme
dans le rayon disque de l’Orgueil problème
%
Sortilège mâle en vision catalogue
Sisyphe gnome au volant du Septentrion
Chef-d’ œuvre gaffe scandant la mythique pantalonnade
rêve méthodiquement idoine aux crépitements césarïens
Séminaire lassé d’une vapeur incandescente
Camaïeu
matière frisée en dilemne purgatoire
Compromis directoire
Solfèg
e
Tel mot déshonore le verbe
U pue déjà dira-t-on
Charogne du Levant —
héroïsme base
la Vie
des feux rouges
Robinet expurgé
Criez donc
Vice
Le Mot
insécurité
Visse
Le MOT
F rancis
Tristan et Géo and C°
Margueritte BUFFET
Je suis des Javanais
La crème fouettée..,, quel goût,...
Parlons des choses sérieuses du monde civilisé
• ' * Lr ‘t * * «.* 0r . * « ê
Cette poésie là est faite pour les Don Quichotte
Je vous embrasse toutes sur vos beaux yeux chères lectrices
Vous ne pouvez mer l’existence
Hors-nature n’existe pas
Nous allons causer
Où demeurez-vous }
Le fond de ma pensée et une imprimerie correcte
Un livre superbe condense mes facultés
Niaiseries n’est-ce pas ?
Tout est niaiseries— en Amérique tout est DADA
Moi je suis Francis Picabia
C’est là mon infirmité
L’amour de l’art est le plus grand amour
Comme je n’en veux pas mes domestiques en mangent
Tout cela ne fait pas rire
Je me regarde dans une glace
• * \ ^ A
J’ai l’air d’une plante offerte à St Antoine
C’est là l’important
Car je m’habille en femme pour danser
Des réflexions philosophiques
â
Beaftecks à l’eau de vie bière chancres Egyptiens
La troisième partie du monde
Est un tatouage sur une crotte de bique
L’immense ennui est un caleçon
Pour éléphants
\
Qui marchent pieds nus autour du soleil
Figurez-vous que les négresses
Ont le cul en boue
f»
Et les seins en forme de pincettes
Leur sexe en fer blanc est une nacelle
La naissance des fesses et celle de Jésus est un ballon
Si j’avais onze sous j’irais au bordel
Je visse
Et voltige par intermittence
Francis PICABIA.
DADALAND
On accuse Dada d’un crime : être allemand. C
une croisade. Une
fille
par sa propre morve remllée, a lancé
la balle en l’air, et les mille imbéciles de la voix publique l’ont ramassée pour
la rendre explosible. Art allemand. Il y a donc un art français ?
Il y a un morceau de terrain qui par sa nature phy
un
dominent
itte de c<
devient sa
dissolvantes océaniques. Ce
propre peau apparente. Esp
tombe
:t Art
français.
Toutes les médailles et décorations de la gloire française sont made in
Germany ou made in Italy et autres lieux, et n’ont été dorées qu’en France.
Les périodes classiques sont issues de Grèce, d’Italie, de Flandre, d’Arabie,
de Chine. Là période moderne vient d’Angleterre, de Scandinavie, d’Alle-
magne et tout récemment d’Afrique, de Polynésie, du Japon et d’Espagne.
0
Il faut donc considérer que tous les Français sont vendus au reste du
monde, et traîtres à leur nourrice ? Heureuse richesse.
Mais qu’on me cite un exemplaire de l’art français autochtone né d’un
incorruptible ?
La
d’absorber sans en mourir un tas de
produits différents et de les rendre assemblés avec une odeur telle qu’on
ne peut se tromper dans le monde entier
qu’on dit de l’Amérique
Voila le goût français ! ».
la Tchéco-Slovaq
«
de cette synthè
Comme c’est e
et
Dada n est pas français. Mais il n’est 'pas allemand, il n’est d’aucun
pays. Cest une maladie vengeresse, un fléau ? Soit. La dorure va s’écailler.
La française comme toute autre.
Evidemment, Messieurs, si vous craignez pour la morale de Vos femmes,
1 éducation de vos enfants, la tranquillité de vos cuisinières et la fidélité
de vos maîtresses, la solidité de vos fauteuils, de vos pots de chambre
• • #
et de 1 ordre établi, 1 organisation de vos maisons de passe et la sûreté
raison. Mais qu’y faire ? Vous êtes pourris et
de
Etat
vous avez
le feu est allumé.
G. RIBLMONT-DESSAIGNES.
Mais vous étiez si las que je n’ai pas voulu vous surprendre. Un œil mis-clos
voit des zébrures suspectes sur le ciel. Lorsque tout fut dit, elle sortit ses gants
de son sac, les mit et s’en alla pour Angoulême sans même songer que nous
venions de faire un enfant. Je grandis sage loin d’elle, et les premiers cheveux
blancs m’étaient venus lorsque je la retrouvai dompteuse dans une école de
danse où mes goûts férocement séniles m’amenaient. Quels beaux yeux à faire
• t %
pleurer ! J’appris l’escrime en trois jours et me battis comme un lion. Le
%
lendemain je me levai sans bruit et me fis sauter glorieusement ce qui me restait
de cervelle.
Paul DERMÉE
à Georges R1BEM0NT-DESSA1GNES
LE JOUEUR
à Louis ARAGON
Tout doucement,
il s’est couché sur le trottoir plat
le trottoir part à toute vitesse.
Il s’est assis par terre
et son siège s’envole.
Il n’espère plus de repos que sur la tête
de ses enfants,
Je plie d’abord mes mains, je
réfléchis, je te donne mes mams,
je réfléchis, je te donne untrésor
qui peut brûler, je le laisse brû-
ler. Nous nous aimons, j’ensuis
sûr et je n’en ai aucun souci, je
réfléchis.
Il les attend patiemment. Paul ELUARD
Le futurisme a trouvé dans M. Vendérem de la Revue des Deux Mondes un
défenseur plein de verve, où la grâce du bonhomme Chrysale se marie à la
jeunesse en fleur de Rachilde. Au milieu de ces jeunes parques, Gabriel
Hanotaux caresse sa lyre papale et chante une ode au futurisme.
M. Théo van Doesborg directeur de la revue “ De Styl vient de publier ui
manifeste dadaïste et une série d’articles sur Dada dans “ De Nieuwe Amster
dammer”. Mais on se demande pour quelle raison il organise une expositioi
de la section d’or.
La société des journalistes de Prague a organise un bal Dada
On se demande quelle est la personnalité mystérieuse qui se cache derrière
Dada. Nous annonçons que c’est Germaine Dada qui soutient ce mouvement
avec ses fonds secrets.
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Tristan TZARA
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Saxe 5j-86. . . .
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Roquette oy-j6.
Bretor, vacherie modèle, r. de l’Ouest, 12, Neuilly.
Breton (E.), mon. funèbr., av.Cimetière Parisien, 23, Pantin.
Breton (Eug.), vins, restaur., tabacs, r. de la Pompe, 176.
Breton .François), vétérinaire, r. Trousseau, 21 (2e).
Breton frères, mécanicien, r, de Belleville, 262. (20e).
Breton et fils, r. Rougemont, 12, (9e).
Breton (G.) fournit, cycles, autos, r. des Archives, 78, (3').
Breton .Georges), r. du Marché-Saint-Honoré, 4, (ier).
Breton (M et Mmc G.) bd Malesherbes, 58, (8° .
B eton (H.), dentelles, r. de Richelieu, 60, (2').
Breton (Henri; négociant, r. Octave-Feuillet, 22, (161).
Brelon (J.), Elix. Combier, ag. gén , butte du Rhône, 2 1-23.
Breton (J. L ), député, s.-secr. Etat inv., b1' Soult, 81 bis.
Breton (L.), hôtel-bar, r. François-Miron, 38, (4).
Breton (Noël, hôtel-rest., bd National, 56, Clichy.
Breton (Paul), décolleteur,. r. Saint-Maur, 21, (11"),
Breton (lh.), contentieux, r. du fg. Montmartre, i3, (9 ).
Breton (J.), Biscuits, r. La Quintinie, 16-18, ( 15'').
Breton (J.) et C'c, papiers en gros, r. Saint-Martin, 2^5, (3°).
BretonetC °(Soc.anon,)Charbonsgros,q. La Râpée, 60,(12°).
Breton (André).
ue Orgue
Soleil de minuit, regard d’encre, d’où vient cette lueur douce, lourde, souriante ?
Tournez, cheveux, chevaux de bois : sur le pain polka des caresses le vert-de-gris des
mains d’hommes, larcin des ténèbres, la roue dentée des baisers, le frein des étreintes
ciseaux, passages, passementeries, cascades. Au même instant, dans toute la ville, du
• • ' •
port aux grappes de raisins à voiles jusqu’aux ruelles chicanes des faubourgs cassés de
campagne, les femmes s’immobilisent le long des murs de l’amour, penchent leurs têtes de
plomb fondu, gémissent. C’est alors que le ricanement du mépris se glisse entre les lits des
hôtels et des demeures, et fait son petit bonhomme de chemin.
MOI-
Ma jeunesse feuilles filles du vent tortues salades dans
je jardin le curé de Saint-Médard professeur le de le
latin chevaux landaus lessive la manucure de ma mère
tuteur de mon cheveux postiches tailleur bienfaisance
bedeau (mollets pique) faut-il que j’abdique
ciel œil oiseau dent pine pique
Erreur ma mémoire erre serrures des
armoires linge lavande indicateur itinéraire au fond
des jardins les rhinocéros atlas Vidal Lablache une carte de 1’
Afrique (Nègres palmiers chameaux chaude-pisses) poisson vendredi
j ai mal aux reins plus d’étendards je pars
1 amour des arts dans les bazars
C était une beau cuirassier
ma bonne m’en avait parlé des guêtres
une nounce il joue à la manille
j’ai peur des hiboux faîtes-moi de la musique
• * •
et puis la camomille attrape billes un lézard le mur
est couvert de lézards le soleil les fait naître
ombre du casque chaises de jardin les chevaux ventre à terre
aventure départ équipée pas de blague hasard stupide
canapé appareil sublime sueurs vaginales
chevelure
#
dors
Vicomte de Faulques
MES
TROIS PÉCHÉS DADA
En remontant la colline
la roue cassée, prunelle amère
sifflait l’hymne des mantes enfants de chœur
Les yeux des perroquets sont des billes
billevesées
Vous n’êtes ni Dieu, ni mantille
ni ombrelle, ni mécanisme de réveil
Vous êtes l’amphitryon d’Amphion sans lyre
Sire se mirant sans lyre
La marelle accouche d’un tournesol
le tournesol de ma prière
et mes yeux d’une roue cassée
que j’envoyais au Sîre Abbé Merlin
Pour me punir j irai m’immoler dans le cellier
C’est la faute du fanal qui se mourrait
*
* -K
L’affreuse chance
Boire du whisky dans un lys
discussion spirituelle de ma trahison envers
moi-meme
puis dormir, dormir jusqu’à ce qu’une
aumône
tombée des yeux glisse dans mes veines
Mais ce que j’ai donné au perroquet
n’est pas pour vous
L’amitié ne s’écrit pas en sténographie
*
* *
Et c’était toujours cette roue cassée
• ^ •
qui me tourmentait
Pour la raccommoder
je pris Sire Abbé Merlin comme témoin
l’échelle comme image
le
verre comme microscope
et mes yeux comme beau langage
Enfin, puisque tout est fini
nous irons démolir 1 édifice bâti sur une
roue et un clou
dans le sellier aux discussions spirituelles
de
mon
calvai
ire en
whisky
Celine ARl IAULD
Carnet du Docteur Aïsen
Les familles Cézanne et Renoir ont fait enfermer Ambroise Vollard qui, se
croyant devenu le père Ubu, voulait faire manger de la merde à tout le monde.
Archipenko fabrique des dents gâtées, ses clients sont chargés de les aurifier.
Eugène Figuière va rééditer l’ouvrage de Tristan Tzara : La Ie et la 2me Aven-
ture céleste de M. Antipyrine, avec dessins de Francis Picabia.
e ne saurais
trop conseiller aux gens de bon goût de se dépêcher de souscrire à cet ouvrage
qui ne peut être que remarquable.
Le chef des cubistes croit que tous les prolétaires
fils de
découvert son anus carré ou génial se confond avec génital.
Les ouvriers ont oublié les révolutions, comme les cubistes pâtissiers à casta-
A
gnettes ont supprimé l’olivier d’Espagne, pauvre Picasso ! Quelle drôle d’idée
de s’encombrer de géographie.
L’AFFAIRE GLEIZES
9
Seul mystère, petit mystère
Un appareil dont ne s’occupe pas Monsieur Coton philosophe
Sauf comme vidange
I •’*
Car Madame n’est pas une table de multiplication
Dans un œil une syllabe dans l’autre un silence
Elle n’est pas non plus une guitare
Coton Monsieur scientiste
Cependant mystère seul mystère
% 0 •
4 1 . M A i
Un parasol tournant autour de son manche
Et sème des syndicats de parfumerie centrifuge
\ ' * . .
Mon jeu de cartes avorte d’une maison de rendez-vous
Et quelque part au bas du ventre l’appareil de Monsieur Coton philosophe
L’appareil de Coton Monsieur fait des bulles de savon
G. RIBEMONT-DESSAIGNES.
* . ' * - +
R. Huelsenbeck. le célèbre dadaïste allemand vient de publier un
L’Allemagne doit disparaître (Editions Malik).
/
Je ne connaissais Mme Rachilde que vaguement, de nom, n’ayant jamais eu
l’idée de lire ses productions. Depuis son sourire peu silencieux, j’ai eu envie de
connaître ses œuvres sentimentales et pornographiques, et j’ai voulu avoir sur
%
l’auteur, l’opinion de ses contemporains. Tout le monde est d’accord, Mme Ra-
childe a du génie. Vous êtes une femme de génie chère Madame, comme André
de Fouquières est un homme charmant.
Georges Ribemont-Dessaignes est arrivé à la parfaite sagesse, il fait des
ascensions à Montfort-l’Amaury, dans son jardin il mmiscuhse la Jungfraü.
Exposition de G. R. D., au Sans Pareil, 97, Avenue Kléber,
du 28 Mai au 15 Juin.
** •
Je conseille à MM. les critiques de ne pas se déranger, le Sans Pareil ne
payant pas pour que l’on parle de ses expositions.
Georges de Zayas vient de découvrir une nouvelle purgation dont il compte
se servir, c’est bien inutile tout le monde le fait chier !
t
Tristan Tzara part pour l’Amérique à la fin du mois,
pas connu fràulein Rachilde.
un peu déçu de n’avoir
La place de Rodin est libre, à qui le tour ?
Francis PICABIA.
FLEUR DE TOMATE
t ' \
/ •
On ne sait jamais où aller ^
Assis .
Debout
#
Couché
En avant
Accrochez les wagons
Apportez les balais.
II y a les couleurs des petits poissons
Il y a les petites automobiles
Il y a les épingles de sûreté
11 y a les chapeaux haut de forme
Il y a Monsieur X***
Il y a encore les kiosques à journaux
11 faut savoir en profiter
LES CINQ FRÈRES
0
A
Quand les éléphants porteront des bretelles
Quand les magistrats auront des chapeaux
Quand les escargots seront des chamelles
Quand les asticots boiront du BOVRIL
Quand les chemisiers auront des autos
Nous crierons Merci
Philippe SOUPAULT
Le Courbevoie des cubistes, oublie systématiquement de parler des mariages
riches. Nous avons horreur des gens qui gonflent leur ventre entre les joues
pour dire après chaque phrase : comme j’ai raison !
Société Anonyme. Inc,,
Opens its
First Exhibition of Modem art
on
Friday the 3o tH of April 1920
19 East 47 th Street
New-Y ork
Exhibition : Villon, Stella,
Ribemont Dessaignes, Francis Picabia,
,Man Ray, Gris, Marcel Duchamp,
Brancusi, Bruce.
André Salmon, anti-dadaïste notoire, nous dit dans l’Europe Nouvelle qu’il
n’est pas embarassé d’expliquer le Mouvement Dada. Comme André Gide
par exemple.
yrmmnmmmm i > 1 rw—pp—a——
Mac Robber artiste peintre et dessinateur DADA va repartir à Biskra où il
compte exprimer son talent vigoureux. Nous apprenons au dernier moment
que Madame Marinetti est du voyage.
Le Futurisme sera toujours une chose future.
Le cubisme constructeur est paraît-il une casserole, eh bien merde alors.
WALTER CONRAD ARENSBERG
LE
CUL
EN
TÊTE
TÊTE
donner des ïvces
A N CHIEN
PAANUS PlC A 8 i A
Francis PICABIA
Cologne est à la tête de toutes les villes du monde. C’est la première ville dont
le conseil municipal ait commandé des albums de lithographies dadaïstes à Max
Ernst et H. Hœrle.
nouveau
' « • ’• • »é' • •
L exposition Dada à Cologne qui a été fermée par la police, est de
ouverte. Exposants : Arp, Baargeld, Ernst, Picabia et 2 dillettantes,
Erectio
sine qua non et les 391 stimulant le dadaïsme précoce
# ^ r al
M. Georges-Armand Masson dit à Dada de donner encore quelques bonnes
ruades. Il nous encourage à démolir le vieux bar de la routine, sinon il
viendra
nous tirer par la queue. Picabia déclare quil ne demande pas
mieux. Tzara a aussi un joujou fou et vierge. Ribemont-Dessaignes a
aussi un monocle.
• * t
19
Les uonies au
odrirnudie
Sur la tringle de la cour la petite Marie venait de mettre le linge à sécher.
C’était une succession de dates fraîches encore : celle du mariage de sa mère
(la belle robe de noce avait été mise en pièces), un baptême, les rideaux du
berceau du petit frère riaient au vent comme des mouettes sur les rochers de
la côte. L’enfant soufflait les fleurs de la lessive comme des chandelles et se
persuadait de la lenteur de la vie. Elle se prenait de temps à autre à regarder
ses mains un peu trop roses et se renversait dans l’eau du baquet pour plus
tard, quand elle aurait une anémone à la ceinture. Il commençait à faire nuit.
Les précisions des cartes de marine ne comptaient plus guère ; sur les ponts
tramaient des écharpes de fumée ocre et des adieux. Sur le « sarreau »
couvert d’étincelles de lait, passent successivement la paresse des distractions,
la tempête de l’amour et les nombreuses nuées d’insectes du souci. Marie
sait que sa mère ne jouit plus de toutes ses facultés : des journées entières,
coiffée de réflexions plus coulissées qu’en rêve, elle mord le collier de larmes du
rire. Se souvient-elle d’avoir été belle ? Les plus anciens habitants de la
contrée s’inquiétaient du retour des couvreurs sur la ville, on eut préféré la
pluie dans les maisons. Mais ce cièl ! Les ruches d’illusions s’emplissent d’un
poison étrange à mesure que la jeune femme élève les bras vers la tête pour
dire : laissez-moi. Elle demande à boire du lait de volcan et on lui apporte
de l’eau minérale. Elle joint les mains avant de prendre une feuille, plus verte
que la lumière des carafes, pour écrire. Par dessous l’épaule on écoute (les
anges ne s’en font pas faute, quand ils arrivent guidés par la trace des plumes
qu’elle ne porte élus) : « Ma petite Marie, tu sauras un jour quel sacrifice est
à la veille de se consommer, je ne t’en dis pas davantage. Va, ma fille, sois
heureuse. Les yeux de mon enfant sont des rideaux plus tendres.que ceux
des chambres d’hôtel où j’ai demeuré en compagnie des aviateurs et des plantes
vertes. » Le trésor enfoui dans la cendre de la cheminée se décompose en
petits insectes phosphorescents qui font entendre un chant monotone, mais que
pourrait elle dire aux grillons? Dieu ne se sentait pas plus aimé qu’à l’ordinaire
mais le candélabre des arbres fleuris était là pour quelque chose. Il s’y tapissait
de frivoles démons changeants comme l’eau des sources qui court sur le satin
des pierres et le velours noir des poissons. A quoi Marie se montre-t-elle
soudain si attentive ? On est au mois d’août et les automobiles ont émigré depuis
le Grand Prix. Qui va-t-on voir apparaître dans ce quartier solitaire, le poète
qui fuit sa demeure, en modulant sa plainte par les rails de perle, l’amoureux
qui court rejoindre sa belle sur un éclair ou le chasseur tapi dans les herbes
coupantes et qui a froid ? L’enfant donne sa langue au chat, elle brûle de
connaître ce qu’elle ignore, la signification de ce long vol à ras de terre, le beau
ruisseau coupable qui commence à courir. Mon Dieu, mais voici qu’elle tombe
à genoux et les gémissements se font moins sourds à l’étage supérieur, l’œil de
bœuf reflète tout ce qui se passe et une âme monte au ciel. On ne sait rien; le
trèfle à quatre feuilles s’entr’ouvre aux rayons de la lune, il n’y a plus qu’à
entrer pour les constatations dans la maison vide.
André BRETON.
Carnet du Cuculin
Raspoutine était dadaïste, il plai-
sait aux femmes grâce à l’appareil
auquel Albert Gleizes ne doit rien.
Consulter l’Unique Eunuque.
Au Casino de Paris, dans la revue :
Cach’lon piano, remarquable scène
dadaïste interprétée par Dréan.
dans la Revue
Au
Perchoir
Chiche, on met aux prises Dada tt
Deschanel.
A la Lune Rousse, on joue la Revue
Dada, de Dominique Bonnaud et de
Léon Michel.
Albert Gleizes est un potiron qui
pousse sur le fumier de la bour-
geoisie.
Herr Boulenger a écrit un livre sur
M. Marcel Dada.
Monsieur Louis Vauxelles n’est cer-
tainement pas un pitre dans le cir-
que parisien et, moins heureux que
] ean Cocteau, ne sait pas transformer
en fleurs, le crottin qu’il y ramasse.
Joachim Gasquet gascon, dit gastine-
de -mes-deux-nettes, porte un lys
blanc à sa braguette, et voilà...
FESTIVAL-MANIF
PRESBYTE
L’Orateur.
A mon dernier manifeste cannibale, je vous ai
dit que le cul le cul représente la vie comme les pommes
frites et se vend comme l'honneur ? Eh bien, ce soir il
se donne pour rien, voyez plutôt comme cette petite salle
est pleine ?
* • \ y ■ y •
Le Spectateur. — Alors, ça va recommencer, toujours des
rossièretés, des obscénités ? Au lieu de vous exprimer en
rançais
L’Orateur.
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L’Obscénité n’existe que dans votre pauvre
imagination, il n’y a pas d’obscénité. La vie est-elle une
obscénité ? Faire des enfants est-ce une obscénité ?
Le Spectateur. —- La vie est ce qui est beau.
L’Orateur. — Ab oui ! un beau mariage ou une belle dote,
ce qui est la même chose, ou une belle victoire que Ion
obtient à coups de charognes.
Le Spectateur. —- Impossible de nous entendre, vous ramenez
tout à la matérialité.
L’Orateur. — Je comprends ce que vous aimez, la gloire
officielle ! Voulez-vous que je vous dise ce qui vous déplaît
dans Dada? c’est qu’il n'aime pas les boniments, les
bourrages de crânes ; vous sentez qu il se fout de vous.
Le Spectateur. — Voulez-vous me dire pourquoi il se fout
de moi ?
L’Orateur. — Parce que vous êtes sérieux, donc idiot.
Le Spectateur. — Je ne vois pas très bien.......
L’Orateur. — Cet artiste ou ce bourgeois, n’est qu’un gigan-
tesque inconscient, il prend sa timidité pour de l’honnêteté !
Vos charités et vos admirations, mon cher Monsieur, sont
plus méprisables que les syphilis ou les blennoragies que
vous distribuez à votre prochain, sous prétexte de tempé-
rament ou d’amour.
*
Le Spectateur. — Il m’est impossible de continuer à me
compromettre avec un individu tel que vous, et je vous
invite tous, mes collègues spectateurs, à quitter cette salle
en même temps que moi, nous ne pouvons rester en contact
avec ce personnage.
L’Orateur. — Naturellement, tu as peur que le vent soulève ta
jupe et que nous apercevions ton sexe qui est faux ; tes
cheveux aussi sont faux, tes dents sont fausses ; tu as un œil de
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verre et c’est le seul qui me regarde franchement, l’autre est
un caméléon d’Asnières, à 20.000 fr. le carrat, pour imbéciles.
Le Spectateur. —- Monsieur, je m’en vais d’abord, et puis je
n’ai pas de jupe, je suis un homme !
L’Orateur. — Oh! pantalon ou jupe, c’est la mêmechose, il n’y a
que le sexe qui change, mais chez toi et tes pareils il ne peut
changer, puisqu’il est faux !
Le Spectateur. — Mais il n’y a rien de faux, c’est de moins une
des théories que vous avez émises.
L’Orateur — Tu as raison, il n’y rien de faux.
Le Spectateur. — L imitation, il me semble......
L’Orateur. — L’imitation est vraie, un jardin en celluloïde
est vrai, un perroquet en cristal de roche est vrai, un mouton
en ruoltz est vrai.
Le Spectateur. — Vous ne me direz pas que DADA est vrai ?
L’Orateur. — C’est DADA qui te parle, il est tout, il comprend
tout, il est de toutes les religions, il ne peut être ni victoire
ni défaite, il vit dans l’espace et non dans le temps. — Mais
pardon M. le Spectateur de quelle nationalité prétendez-vous
être ?
Le Spectateur. — Je suis Français de Paris
• «6 •
L’Orateur. — De Paris
Le Spectateur. — Oui de Paris
L’Orateur. — C’est vrai, il y a les français de Marseille, de
Bordeaux, de Besançon, de Paris, vous êtes comme certains
habitants de la Terre, qui se croient Russes, Américains,
Allemand ou Anglais ; c’est vrai, c’est vrai vous aimez les
voyages en diligence.
Le Spectateur. — Misérable (il tire un coup de revolver sur
l’orateur).
Francis PICABIA.
On trouve au SANS PAREIL
37, avenue Kléber, Paris (16e)
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