90 ÇA IRA ! Pour lui pas de lauriers et d’ailleurs point de roses, Il demeure étranger à ces apothéoses. Mettre du sel sur la queue de l’idéal, Hi, hi, c'est son destin ; le reste lui est égal. Et tout le monde a beau lui corner aux oreilles Pierrot, tu perds ton temps... Pierrot baye aux corneilles. La seule chose qu’il vous prend encore à cœur C’est d’adopter, où qu’il se trouve, un air moqueur. Il a beau vouloir s'arranger le mieux possible, Sous ses dehors corrects il est incorrigible. Et si Pierrot est demeuré petit, tenez, C'est pour mieux regarder les hommes sous le nez. Mais quand il se reporte aux jours de son enfance Il se sent envahi d’une tristesse immense. III. O Lune, votre ami Pierrot est bien malade. Voici des mois, que de ce mal il est atteint Et sous les arbres, le voici qui se balade, Le cœur désordonné et le cerveau éteint. Tous les petits castels qu’il faisait en Castille Se sont éparpillés dans le vent, venez voir, Pierrot qui n’a plus rien, plus même deux yeux de filles Vers lesquels s’élancer, est vêtu tout de noir. Ce soir le blanc Pierrot au Scaramoreche, pose Sous l'étroit manteau noir il a le cœur si gros Mais s’il porte toujours le deuil de quelque chose C’est qu’il vécut des jours merveilleusement beaux. Pierrot, doux pèlerin devenu vagabond, L’homme a raison de mépriser ton faible rôle ; Pierrot cher à Callot, Pierrot doux à Villon, Cache, dans ton col de velours, ta face drôle.