32 ÇA IRA ! de la guerre les pires privations, ce peuple ne se voit-il pas réduit encore à une pauvreté sans bornes ? De faux socialistes — mauvais bergers — se sont mis à sa tête et veulent le conduire, lentement et sûrement, vers un nouveau triomphe de l'oppression et l'établisse ment, définitif peut-être, de la domina tion bourgeoise. Mais d'aucuns ont veillé : la Vérité ne s'enterre pas ainsi ! C'est en vain qu'on assassina les hommes les plus noblement désintéressés ; c’est en vain que, tour à tour, tous ces grands amis de l’Humanité furent lâchement égorgés. Liebknecht, Eisner, Haase, Landauer.... tous immolés pour assurer la ruine de la Révolution Sociale ! Ç’aura été en vain, pourtant, car toujours il en restera, de ces cœurs nobles, (une tête coupée en fait renaître mille) et c’est, Messieurs les Socialistes Réactionnaires, ce qui fait votre déses poir impuissant et votre sourde colère. Et déjà vous serez aux ordures depuis longtemps et oubliés quand resplendira la gloire de ceux qui ont voulu tout sacrifier, tout, jusqu’à leur vie, tout, pour sauver l’Humanité croupissant encore dans la barbarie.... Le Grand Jour est proche, frères d’Occident, camarades du monde entier, notre grande sœur, la “ Sainte Russie „ a donné le signal de l’avène ment d’un ordre social nouveau. C'est le peuple le moins cultivé d'Europe qui le premier a sonné les cloches. Et d’autres suivent, d'autres suivront.... Adeste, fideles, laeti, triumphantes ! A l’Est, le ciel se colore de rouge : le jour va poindre. Le règne de la Nuit est clos ,* c’est l'ère de Lumière qui va commencer. Nico BUNT. Elégies i. Tu es allée seule vers l'obscurité, ne voulant pas l'appui de ma présence. Maintenant que la porte est fermée, et que ton pas est seul à résonner au loin, je ne peux plus me résister, et ma gorge est ardente, et je souffre, et je pleure tant, et j’ai plus mal encore, parce que je pleure tant et qu'on ne Ma douleur est unique ; [l’entend pas. d’autres s’en gausseraient, sans doute, et jè souhaite le silence de la nuit pour que mes pleurs soient miens jalou- et que le mal s'apaise [sement, dans l’abandon. D’ailleurs, les pleurs sont vains, les pleurs sont lâches ,* les pleurs, dont ma douleur use mon cœur, me leurrent, et je suis fou de tout souffrir, de tout aimer, de tout si la révolte de mes sens, [haïr, et si mon âme — car j’en ai une 1 — font rire le prochain. [anéantie, Que m’importent les cris de désespoir, le choc des foules, les soirs lugubres qui entourent ma de- lorsque je ris, [meure, et que je n'ai plus mal ?