41 ÇA IRA ! . i en parlent comme s’il ne s’agissait que d’elle. Van den Bergh van Eysinga, avec bien d’autres penseurs libres, a recherché l’esprit. Sa théologie rejette les dogmes sans vie des religions exis tantes, mais il en a saisi le sens éternel. Et c’est cet esprit : l’amour, l’amour absolu, qui forme la théologie révolu tionnaire. “ Men kan zeggen, dat God Lie(de is. En Hij is de hoogste liefde „. (page 62). “ Mogen wij echter wel getuigen van God ? Is dit woord niet ontlouterd, is het niet vervlochten met avontuurlijke begrippen ? Spreken wij liever van het Goddelijke, noemen wij het brandpunt, dat wet en norm, dat een en ailes is, het oneindige, eeuwige Zelf. „ (page 63). Et ce divin, cet infini et éternel, se retrouvent dans le limité et le temporaire qu’est l’homme. “ De hoogere mensch, die als creatuur ten spel was aan de waereld, hij is thans, in een nieuw leven,boven de verscheuring uit, hij is als wijze, als heilige, als kuns- tenaar vergeestelijkt, zich van z’n diepste Zelf bewust geworden „ (page 65). Nous renonçons pour le moment à parler du rôle que nous croyons que la religion occupera dans une société communiste. Cela nous mènerait trop loin. Mais nous nous réservons le droit d’y revenir un jour. Ce que van den Bergh van Eysinga appelle religiosité est le sentiment que nous avons tous d’être des moments fugitifs d’une réalité (werkelijkheid) éter nelle ; que le fait d’être moment, nous fait limités et imparfaits, et que la per fection — que nous pouvons atteindre en l’Idée — appartient à l’Infini, à Dieu. Dieu est la projection vers l’Infini de notre être limité, la perfection de notre imperfection. Et comme nous sommes les réalités, Dieu est l’idéalité — qui n’est pas, mais qui peut et doit être pensée dans la vérité de l’idée, dans l’idée de la vérité. * * * Toute époque se crée sa morale, son éthique. C’est-à-dire que la moyenne des nécessités sociales de la classe diri geante, codifiée par l’habitude, devient la règle. Par l’habitude ; c’est sur ce lent devenir que pèse l’accent. Des principes lentement s’édifient, de protec tion mutuelle, ou plutôt de convention mutuelle de ne pas se nuire (ouverte ment). L’éthique met en système (par après ; elle constate, mais ne crée pas) ce qui, à la majorité des hommes, paraît bon et nécessaire dans leurs rapports entre eux. Seuls les systèmes de morale qui furent la codification de règles exis tantes ont eu de la durée ; les autres qui furent théoriques, qui indiquèrent comment devraient être la vie et les relations des hommes ne se sont jamais réalisés, mais sont restés de beaux rêves. Deux exemples : la morale juive, celle du Pentateuque : ne tue pas, ne vole pas, ne convoite pas les biens ni la femme de ton voisin, etc., et puis cet ultime précepte de l’humainement pos sible : aime ton prochain comme toi- même, (Lev. 19,18) a conquis le monde. Car elle fut une morale à posteriori. Elle assembla les préceptes régnant dans une communauté au sens religieux très développé et qui s’y étaient formés peu à peu. Et la morale chrétienne : ne résiste pas aux méchants (Matt. 5, 39), aime tes ennemis (id. 5, 44) est une morale qui n’étant pas la constatation de principes existants, mais un désir de