166 ÇA IRA ! J’écoute les bruits et les cris et ce fond de clameurs imprécises qui monte et s’alourdit en brume grise autour de quelques sons précis. Clartés, mouvements et rumeurs — vibrations atomiques d’intensités diverses — se propagent vers le mutisme scrutateur de ma présence attentive. Je médite l’accord de ces aspects nouveaux que tous mes sens, joyeusement, accueillent pour les transmettre à mon cerveau, où je résume tout le soir et son tourbillonnant accueil. Je deviens centre et récepteur : la Ville existe toute en moi ; visages, mouvements, clartés, parfums, couleurs, convergent vers moi — pour devenir la fièvre et l'exaltation dont je désire la rapide ivresse, pour devenir cet actuel lyrisme, dont j'invoque parfois l'ivresse, lorsque mon esprit me raille d'être à lire et s’est lassé de poursuivre l’équation entre l’idée et les signes pour la traduire. Léon CHENOY. LA SIRÈNE Personne ne connaît la source de la Vie. '—Tout le monde s’en vient mourir. — Nul ne sait ce que sera la suite et puis il n’est rien de nécessaire. L'Homme Jésus a dit : aimez-vous, mais il valait mieiix que le commun. On n’aime pas, on n'aimera jamais, on n'a que soi. Il n’est pas vrai qu’on soit né pour souffrir, il faut se contenter de la dou ceur de vivre, Jeunes — volontés, purgez le logis — allez et chantez la muse Sirène — métro — au vent les cendres du passé. La vie vous appartient, vie de l'acier sans dieux. —Leurs échafaudages d'au- delà s’effondrent. —Les béatitudes ter restres s’affirment. Ainsi naît le droit à la Liberté indivi duelle, c’est-à-dire la délivrance des impositions bourgeoises. Réconciliez-vous avec la Terre et faites le Possible. p AU l joostens