dait rapidement et toutes les bêtes à cornes tournaient de l’œil. Le sacrifice de Guimauve avait acquis une influence considérable sur les masses paysannes. Les paysans sont enclins à la superstition; ils sont admirateurs de ceux qui résistent vaillamment à la mort’ Mimi aussi défendait l’instituteur. Elle, devint la mascotte des masses paysannes. Dans sa prison, Guimauve cherchait un moyen de conjurer la peste. Grâce à l’épreuve à laquelle il s'atreig- nait depuis quelques temps il avait pu expérimenter certains phénomènes ani maux. Il avait mangé du cheval, du chien et de la vache. Il finit par décou vrir la formulé d’un sérum propre à combattre la propagation du fléau. Il écrivit une carte postale à son ami le vicaire de l’église paroissale de St Gédéon, pour lui annoncer sa décou verte. Ce dernier était gravement suspecté de nicolaïsme et de simonie. Guimauve céda ses bottines au geôlier pour qu’il consentît à couler la carte dans une boîte aux lettres. Les masses paysannes environnèrent la lucarne de sa cellule aux cris de : Amnistie! Amnistie! Le maire était sérieusement compro mis. Il avait tenté de restaurer l’ancien usage de la ceinture de chasteté. Mimi l’affirmait à qui voulut l’entendre et même avait permis à un de ses anciens flirts de regarder par le trou de la ser rure. Ce fut un scandale. L’opinion pu blique avait évolué depuis que Guimauve avait tenté delà troubler, par des manœu vres révolutionnaires. Tout le monde répétait : “ Ce Gui mauve est une bonne pâte, et le maire n'est qu’un veau. „ Un matin tous les paysans assemblés devant la prison, mirent un genou en terre et entonnèrent l'alleluia. Guimauve bénéficiait d’un mandat d’élargissement. Le maire en creva de dépit. -v Ce fut la dernière victime de la peste - bovine. PAUL neuhuys. • Un jardin ridicule comme une grosse commère attifée de soieries voyantës — des dattiers niçois, des cactus, végé tation mièvre perdue sous la masse des ! des grands arbres du nord. ' ' i Ce soir — des lumières factices, Ver roteries scintillantes, bien humaines. Là-haut, une lune romantique, Ici, caroussel vivant, papotages, rires,' idioties; on tourne, on tourne — “mon vieux...—“crois-tu,, — “ Bête...,, idioties, rires, papotages; on retourne, sous les •yeux clignotants des lampes; un kiosque, centre du tourbillon — des hommes habillés de couleurs salés soufflent, tapent, raclent; un autre, doré sur tranche, veut sou- * ffleter un non fictif et n’y parvient pas, ; — Cacophonie qu’on appelle musique. Des êtres accoutrés en brigands effa rouchent de vagues silhouettes trotti nantes. — Les castagnettes des feuilles frémissent au fil du vent. — Deux grands yeux francs qui regar dent quelqu’un; et puis, des mots — des mots sans suite peut-être — à quoi pense-t-on? les yeux disent-ils autre chose que ces vaines paroles ?