174 ÇA IRA ! peut lui rendre difficile de percer avec autant éclat chez les uns et les autres ; elle ne l’empê- chera jamais de s'exprimer. Mais condamnons là mode, sans appel. Frank van den Wijngeart, tu sacrifies à la mode. Tu t'efforces à l’expressionnisme, tu penses que ces procédés rendront exactement la plasticité de ton verbe, tu lances des mots, comme un peintre sans scrupule jette un peu plus de couleur sur sa toile, tu cries, même, et tu es persuadé d’avoir œuvré selon ton tempérament. Tu te trompes. Tu as in consciemment répété les maîtres, Je sais, cependant, que ta conscience s'éveillera. Je te connais. Ta conscience s’élèvera contre cet étouffement de ta vie. Ce jour là, tes poèmes sonneront purs et pleins. Ce jour là, nous t’acclamerons avec enthousiasme. Aujourd’hui, nous lisons ton premier livre avec plaisir. Nous notons ton talent. Nous te retrouvons vague ment à chaque page. Tu chantes haut. Tes rêves ont d’énormes proportions, Tu as soif de bonté, de justice et d’égalité. Tu es sincère, mais tu adoptes le goût de l’époque, et je crains que ta sincérité restera sans écho. Travaillons van den Wijngaert, L’avenir te sourit. Les terres merveilleuses appartiennent aux explo rateurs intrépides. Nous te remercions, toute fois. de ton livre, que Joris Minne a illustré avec compréhension. C'est un début honnête, qui annonce une riche moisson future. W. K. * ❖ * The horror on the Rhine par E. D. Morel {Londres — The Union for Démocratie Con- trol, août 1920). L’on sait qu’après avoir été l'infatigable défenseur des populations nègres de l'Afrique Centrale, après avoir flétri d’inoubliable façon le roi-marchand Léopold II et ses méthodes de colonisation, notre grand camarade E. D. Morel continue à mettre son esprit clair et lucide et sa haute probité morale au service de la cause d’humanité et de justice, montrant dévoilant la vérité abominablement triste que d'aucuns , s’efforcent de cacher aux hommes de bonne volonté, que d'autres s’obstinent à vouloir toujours ignorer. - 1 Il y a quelque temps déjà qu’à Londres il fonda la “ Union for Démocratie Control , r institution révnissant les hommes d’élite restés honnêtes et dont le but est de dévoiler les louches agissements de la diplomatie secrète, de publier chaque fois qu'il sera possible les “ traités secrets „, qui ont de tous temps été cause d'un nombre infini de guerres sanglantes, Quiconque veut être tenu au courant de la réelle situation en Allemagne occupée, doit lire le pamphlet que Morel vient de publier. -, Plagiant Multatuli, je voudrais qu’il fût traduit en toutes les langues, et que dans toutes les villes du monde ou chantât des couplets dont le refrain commincerait : “ Entre les Pyrénées et l’Escaut, un vaste repaire de bandits.... Ce qui surtout frappe dans cette brochure, c’est l’absence de toute recherche d’effet, de tout sentimentalisme. La prose de Morel est implacable et sèche, documentée comme un rapport ; et le martyre des populations d’Alle magne occupée y est tracé d’une façon brutale, mais qu’on sent frémissant de triste vérité ! Ces pauvres gens, exténués par cinq années de pri vations sans nombre, ont à supporter le pire des jougs : l’occupation de leur pays par des nègres d’Afrique, cause de viols et de crimes innombrables. Et que l'attitude de Morel, qui ne se laisse jamais aveugler par une neurasthénie guerrière ou patriotique, lui ait causé de graves ennuis, n’a rien qui doive étonner. Mais ce qui, à ce que j’imagine doit lui faire le plus de peine, c’est de se voir attaqué aujourd’hui par quelques jour nalistes nègres d’Amérique, lui qui a consacr? les plus belles années de sa vie à défendre la