ÇA IRA ! 175 cause des indigènes africains. Et ceux qui l'atta quent ainsi, plutôt par étroitesse d'esprit que par lâcheté, ne pourraient-ils réfléchir un brin, et se dire que si Morel condamne l'occupation de la rive gauche du Rhin par les nègres, il plaide tout autant la cause des malheureux Afri cains déracinés que celle des populations mar- tyriséss des provinces rhénanes? J. L. A propos du tri-centenaire de PUGET N’auras-tu d’yeux et d’ardeur que pour le défilé des hôtes des casernes, ô Marseille ver satile et belle. Ne communieras-tu pas avec le souvenir de celui qui vaut plus à lui seul, que des fou’es et même des foules armées. Le grand rêve qui palpite entre tes quais, sur tes carènes et qui s’ordonnant, prolonge la splendeur de la route marine jusqu’à ton cœur désordonné, Puget le cisela. Tu fêtes qui lutta contre la peste. Mais contre cettepeste, l’indifférence à la beauté, l’esclavage de l’argent, Puget tendit tous les muscles de ses lions et de ses faunes. Son Saint-Sébastien dressé dans la volupté de souffrir prolonge pour toi et mêle jusque parmi tes mesquins soucis la volupté antique et la douceur chrétienne. • Sois reconnaissant, peuple de Marseille, en vers celui qui te déifia. Je voudrais tant, en dehors d’un cortège d’enfants, mené par un officiel vers la colon nade Longchamp, voir, aux yeux de tes femmes et de tes jeunes gens, l’ardeur de vivre et d’ai mer que suicite le génie. Va dans la salle où comme dans une de nos collines blanches, Puget façonna le Miîon. Tes yeux salis par le spectacle de la fontaine Castellane et par l’appât du gain, purifie-les en regardant la Vierge et l’enfant, Celui-là est grand vraiement. Tes marchands aux épaisses chaînes d’or ne sont rien, presque rien, auprès de sa grande ombre, C’est lui qui t'éléva plus que tel administra teur. Sais-tu ce que c’est la Grèce : un charnier de statues. La victoire de Samothrace est plus belle que celle des Thermopyles- et Lycurgues n’est rien auprès de Phidias. Voici le héros. Tu as assez proclamé celui qui tue pour réserver un cri à celui qui créa. Déjà je trouve symbolique encore qu’incon scient d’avoir érigé la statue de Puget devant la Bourse. îî semble dire à ceux qui descen dent, lourds les dégrés du palais : “ Messieurs, ce qui fait pardonner à l’argent c’est de se pla cer au service de l’art, ne vous souviendrez- vous point de vos grands ancêtres, les Médi- térranéens qui trafiquaient avec l’orient et s’inclinaient devant l’art. Il n’y point que la satisfaction des plaisirs grossiers. Au fait, si Puget ne parle pas plus violemment c’est que l’on l’habilla trop richement. J’aime mieux le Puget du Parc Borely, il est plus beau parce que plus simple, baigné par l’ombre des pins et grandi par son solitaire orgueil. Puget fit trembler le marbre. Seras-tu, ô Marseille, plus que le marbre, dur et plus insensible. Juilllet 1920 Léon FRANC Revue des Revues Ruimte (Anvers) dont nous avons souvent dit le bien que nous pensions, publie dans ses numéros 6 et 7 des vers de V. J. Brunclair, Antoon Jacob, K. Van den Oever et deux poèmes de Theodor hâubler, traduits par Wies Moens. Au surplus, des notules documentées et des dessins de Jozef Verdegem et Jos. Léonard. Lumière (Anvers). — Dans le numéro d'août,