14$ est le secrétaire de rédaction, ont ouvert leurs colonnes aux proses et vers des jeunes écrivains. Parmi les jeunes revues, il convient de mettre en évidence “Tableros,,, continuation de la revue “Grecia,,, dirigée par le poète Isaac del Vando-Vilîar, et “ Ultra,,, dirigée par les frères Rivas. Un nombre assez considérable de poètes, critiques, peintres et graveurs y collaborent, et sont parvenus à créer un mou- vement vraiment intéressant. Je ne puis citer à part que deux ou trois de ces poètes ; j’en oublie certainement parmi les meilleurs, mais la brièveté de cet aperçu me servira d’excuse. Jorge-Luis Borges est l’un de ces poètes qui a su mettre dans ses vers des accents d’une puissance rare, tout en leur donnant une forme toute nouvelle. Il est le chantre, en Espagne, de la Révolution russe et du rouge idéal qu’elle poursuit. Je donnerai ici la traduction de son poème “Russie,, en m’excusant de ne pouvoir rendre, dans une autre langue, toute la belle vigueur de l’original : La tranchée avancée est, dans la steppe, une barque à l’abordage avec des pavillons de hourrah ! Midi éclate dans tous les yeux. Les foules passent sous des étendards de silence Et le sol crucifié d’Occident se pluralise dans les rumeurs des tours du Kremlin Et ces armées érigeront leurs statues Dans toutes les prairies du continent Jusqu’au bord de l’Atlantique Dans la courbe sauvage d’un arc-ert-ciel nous clamerons sa geste baïonnettes qui portent l’aurore Sur leur pointe. Les frères Humberto Rivas et J. Rivas-Panedas n’ont guère, dans leur poésie, cette force robuste. Leurs vers, plus délicats, sont empreints d'une douce mélancolie qui, chez le second, semble être parfois un peu morbide, comme dans l’extrait suivant : L’après-midi pluvieuse là-bas au loin Pourquoi donc l’enterrement de fillette m’a-t-il semblé une langue blanche léchant le ruisseau flbir. Et le tramway jaune de soleil ? était la vie cette vie, effrontée et indifférente de ceux qui vivent sans inquiétude.