Note. — Ce manifeste a été lu par Tristan Tzara le 23 Juillet à la Meise (Zurich). — Le Dadaïsme. Pour introduire l’idée de folie passagère en mal de scandale
et de publicité d’un „isme“ nouveau — si banal, avec le manque de sérieux inné à ces sortes de manifestations, les journalistes nommèrent Dadaïsme ce que l’intensité d’un art
nouveau leur rendit impossible compréhension et puissance de s’élever à l’abstraction, la magie d’une parole (DADA), les ayant mis, (par sa simplicité de ne rien signifier),
veaux devant la porte d’un monde présent; vraiment trop forte éruption pour leur habitude de se tirer facilement d’affaire.
Pour lancer un manifeste, il faut vouloir A.B.C.
foudroyer contre 1.2.3.
s’énerver et aiguiser les ailes pour conquérir et ré-
pendre de petits et de grands a. b. c.
signer, crier, jurer, arranger la prose sous une forme
d’évidence absolue, irréfutable, prouver son nonplus-
ultra et soutenir que la nouveauté ressemble à la vie
comme la dernière apparition d’une cocotte prouve
l’essentiel de Dieu. Son existance fut déjà prouvée
par l’acordéon, le paysage et la parole douce. f§ imposer
son A.B.C. est une chose naturelle, — donc regrettable.
Tout le monde le fait sous forme de cristalbluffmadone,
système monétaire, produit pharmaceutique, jambe nue
conviant au printemps ardent et stérile. L’amour de
la nouveauté est la croix sympathique, fait preuve d’un
jem’enfoutisme naïf, signe sans cause, passager, positif.
Mais ce besoin est aussi vieilli. En documentant
l’art avec la suprême simplicité : nouveauté, on est
humain et vrai pour l’amusement, impulsif vibrant
pour crucifier 1 ennui. Au carrefour des lumières,
alerte, attentif en guettant les années, dans la forêt, fg
J’écris un manifeste et je ne veux rien, je dis pourtant
certaines choses, et je suis par principe contre les
manifestes, comme je suis aussi contre les principes
(décilitres pour la valeur morale de toute phrase —
trop de commodité ; l’aproximation fut inventée par
les impressionnistes.) j§ J’écris ce manifeste pour montrer
qu’on peut faire les actions opposées ensemble, dans
une seule fraîche respiration ; je suis contre l’action ;
pour la continuelle contradiction pour l’affirmation
aussi, je ne suis ni pour ni contre et je n’explique car
je hais le bon-sens.
DADA — voilà un mot qui mène les idées à la chasse;
chaque bourgeois est un petit dramaturge, invente des
propos différents, au lieu de placer les personnages
convenables à la qualité de son intelligence, chrysalides
sur les chaises, cherche les causes ou les buts (suivant
la méthode psycho-analytique qu’il pratique) pour
cimenter son intrigue, histoire qui parle et se définit. ||
Chaque spectateur est un intriguant, s’il cherche à
expliquer un mot: (connaître!) Du réfuge ouaté
des complications serpentines il laisse manipuler ses
instincts. De là les malheurs de la vie conjugale.
Expliquer: Amusement des ventrerouges aux moulins
de crânes vides.
PT Dada ne signifie rien.
Si l’on trouve futile et l’on ne perd son temps pour
un mot qui ne signifie rien. . . .
La première pensée qui tourne dans ces têtes est
d’ordre bactéorologique : trouver son origine étimolo-
gique, historique ou psychologique, au moins. On
apprend dans les journaux que les nègres Krou
appellent la queue d’une vache sainte : DADA. Le
cube et la mère en une certaine contrée d’Italie:
DADA. Un cheval en bois, la nourrice, double
affirmation en russe et en roumain : DADA. Des
savants journalistes y voient un art pour les bébés,
d’autres saints jésusappellantlespetitsenfants du jour,
le retour à un primitivisme sec et bruyant, bruyant et
monotone, fj On ne construit sur un mot la sensibilité;
toute construction converge à la perfection qui ennuie,
idée stagnante d’un marécage doré, relatif produit
humain. L’œuvre d’art ne doit pas être la beauté en
elle-même, car elle est morte ; ni gaie ni triste, ni claire
ni obscure, réjouir ou maltraiter les individualités en
leur servant les gâteaux des auréoles saintes ou les
sueurs d’une course cambré à travers les atmosphères.
Une œuvre d’art n’est jamais belle, par decret, objec-
tivement, pour tous. La critique est donc inutile, elle
n'existe que subjectivement, pour chacun, et sans le
moindre caractère de généralité. Croit-on avoir trouvé
la base psychique commune à toute l’humanité ?
L’essai de Jesus et la b.bie couvrent sous
leurs ailes larges et bien-veillantes: la merde, les
bêtes, ies journées. Comment veut-on ordonner le
chaos qui constitue cette infinie informe variation :
l’homme? Le principe: „aime ton prochain“ est une
hypocrisie. „Connais-toi“ est une utopie, mais plus
acceptable, contient la méchanceté aussi. Pas de pitié.
Il nous reste après le carnage, l’espoir d’une humanité
purifiée.
Je parle toujours de moi puisque je ne veux convaincre,
je n’ai pas le droit d’entraîner d’autres dans mon
fleuve, je n’oblige personne à me suivre et tout le
monde fait son art à sa façon, s’il connaît ia joie
montant en flèches vers les couches astrales, ou celle
qui descend dans les mines aux fleurs de cadavres
et de spasmes fertiles. Stalactytes : les chercher
partout, dans les crèches agrandis par la douleur,
les yeux blancs comme les lièvres des anges. |j
Ainsi naquit DADA*) d’un besoin d’indépendance, de
méfiance envers la communauté. Ceux qui appartiennent
à nous gardent leur liberté. Nous ne reconnaissons
aucune théorie. Nous avons assez des académies
cubistes et futuristes : laboratoires d’idées formelles.
Fait-on l’art pour gagner l’argent et caresser les gentils
bourgeois? Les rimes sonnent l’assonance des monnaies
et l’inflexion glisse le long de la ligne du ventre en
profil. Tous les groupements d’artistes ont abouti à
cette banque en chevauchant sur de diverses comètes.
La porte ouverte aux possibilités de se vautrer dans
les coussins et la nourriture.
Ici nous jettons l’ancre, dans la terre grasse. Ici nous
avons le droit de proclamer, car nous avons connu
les frissons et l’éveil. Revenants ivres d’énergie nous
enfonçons le triton dans la chair insoucieuse. Nous
sommes ruissellements de malédictions en abondance
tropique de végétations vertigineuses, gomme et pluie
est notre sueur, nous saignons et brûlons la soif, notre
sang est vigueur.
Le cubisme naquit de la simple façon de regarder
l’objet : Cézanne peignait une tasse 20 centimètres
plus bas que ses yeux, les cubistes la regardent tout
d’en haut; d’autres compliquent l’apparence en faisant
une section perpendiculaire et en l’arrangeant sagement
à côté. (Je n’oublie pourtant les créateurs, ni
les grandes raisons et la matière qu’ils rendirent
définitive). || Le futuriste voit la même tasse en mou-
vement, succession d’objets un à côté de l’autre et
aj°ute^ malicieusement quelques lignes - forces. Cela
n’empêche que la toile soit une bonne ou mauvaise
peinture déstinée au placement des capitaux intellectuels.
Le peintre nouveau crée un monde, dont les éléments
sont aussi les moyens, une œuvre sobre et définie,
sans argument.- L’artiste nouveau proteste: il ne peint
plus /reproduction symbolique et illusionniste/ mais
crée directement en pierre, bois, fer, étain, des rocs
des organismeslocomotives pouvant être tournés de tous
les côtés par le vent limpide de la sensation momen-
tanée. f§Toute œuvre picturale ou plastique est inutile;
) en 1916 dans le CABARET VOLTAIRE à Zurich.
qu’elle soit un monstre qui fait peur aux esprits ser-
viles, et non douceâtre pour orner les réfectoires des
animaux mis en costumes humains, illustrations de
cette fable de l’humanité. —
Un tableau est l’art de faire se rencontrer deux lignes
géométriquement constatées parallèles, sur une toile,
devant nos yeux, dans une réalité qui transpose sur
un monde à d’autres conditions et possibilités. Ce
monde n’est pas spécifié ni défini dans l’œuvre,
appartient dans ses innombrables variations au spec-
tateur. Pour son créateur, elle est sans cause et
sans théorie.
Ordre = désordre, moi = non-moi, affirmation = né-
gation : rayonnements suprêmes d’un art absolu.
Absolu en pureté de chaos cosmique et ordonné,
éternel dans la globule seconde sans durée sans re-
spiration sans lumière sans contrôle. gj J’aime une
œuvre ancienne pour sa nouveauté. Il n’y a que le
contraste qui nous relie au passé, gj Les écrivains qui
enseignent la morale et discutent ou améliorent la
base psychologique, ont, à part un désir caché de
gagner, une ridicule connaissance de la vie, qu’ils ont
classifiée, partagée, canalisée; ils s’entêtent à voir
danser les catégories lorsqu’ils battent la mesure.
Leurs lecteurs ricanent et continuent: à quoi bon?
Il y a une littérature qui n’arrive jusqu’à la masse
vorace. Œuvre de créateurs, sortie d’une vraie né-
cessité de l’auteur, et pour lui-même. Connaissance
d’un suprême égoïsme, où les lois s’étiolent, gj Chaque
page doit exploder, soit par le sérieux profond et
lourd, le tourbillon, le vertige, le nouveau, l’éternel,
par la blague écrasante, par l’enthousiasme des
principes ou par la façon d’être imprimée. Voilà un
monde chancelant qui fuie, fiancé au grelots de la
gamme infernale, voilà de l’autre côté : des hommes
nouveaux. Rudes, bondissants, chevaucheurs de
hoquets. Voilà un monde mutilé et les médicastres
littéraires en mal d’amélioration.
Je vous dis : il n’y a pas de commencement et nous
ne tremblons, nous ne sommes pas sentimentaux. Nous
déchirons, vent furieux le linge des nuages et des
prières, et préparons le grand spectacle du désastre,
l’incendie, la décomposition. Préparons la supression
du deuil et replaçons les larmes par les sirènes tendues
d’un continent à l’autre. Pavillons de joie intense et
veufs de la tristesse du poison. g DADA est l’enseigne
de l’abstraction; la réclame et les affaires sont aussi
des éléments poétiques, y
Je détruis les tiroirs du cerveau, et ceux de l’organi-
sation sociale: démoraliser partout et jeter la main
du ciel en enfer, les yeux de l’enfer au ciel, rétablir
la roue féconde d’un cirque universel dans les puis-
sances réelles et la fantaisie de chaque individu.
La philosophie est la question : de quel côté commen-
cer à regarder la vie, d eu, l’idée, ou les autres ap-
paritions. Tout ce qu’on regarde est faux. Je ne
crois pas plus important le résultat relatif, que le
choix entre gâteau et cerises après dîner. La façon
de regarder vite l’autre côté d’une chose, pour im-
poser indirectement son opinion, s’appelle dialectique,
c’est-à-dire marchander l’esprit des pommes frites, en
dansant la méthode autour.
Si je crie:
Idéal, idéal, idéal,
Connaissance, connaissance, connaissance,
Boumboum, boumboum, boumboum,
j’ai enrégistré assez exactement le progrès, la loi, la
morale et toutes les autres belles qualités que de
différents gens très intelligents ont discuté dans tant
de livres, pour arriver à la fin, à dire que tout de
même chacun a dansé d’après son boumboum per-
sonnel, et qu’il a raison pour son boumboum, satis-
faction de la curiosité maladive ; sonnerie privée pour
besoins inexplicable ; bain ; difficultés pécuniaires ;
estomac avec répercussion sur la vie ; autorité de la
baguette mystique formulée en bouquet d’orchestre-
fantôme aux archets muets, graissés de philtres à
base d’amoniaque animal. Avec le lorgnon bleu d’un
ange ils ont fossoyé l’intérieur pour vingt sous d’una-
nime reconnaissance, y Si tous ont raison, et si
toutes les pilules ne sont que Pink, essayons une
fois de ne pas avoir raison. || On croit pouvoir ex-
pliquer rationnellement, par la pensée, ce qu’on écrit.
Mais c’est très relatif. La pensée est une belle chose
pour la philosophie mais elle est relative. La psycho-
analyse est une maladie dangereuse, endort les pen-
chants anti-réels de l’homme et systématise la bour-
geoisie. Il n’y a pas de dernière Vérité. La dialec-
tique est une machine amusante qui nous conduit
/d’une maniéré banale/ aux opinions que nous au-
rions eu en tout cas. Croit-on, par le raffinement
minutieux de la logique, avoir démontré la vérité et
établi l’exactitwde de ces opinions ? Logique serrée
par les sens est une maladie organique. Les philo-
sophes aiment ajouter à cet élément : Le pouvoir
d’observer. Mais justement cette magnifique qualité
de l’esprit est la preuve de son impuissance. On
observe, on regarde d’un ou de plusieurs points de
vue, on les choisit parmi les millions qui existent.
L’expérience est aussi un résultat de l’hazard et des
facultés individuelles. g] La science me répugne dès
qu’elle devient spéculative-système, perd son caractère
d’utilité — tellement inutile — mais au moins in-
dividuel. Je hais l’objectivité grasse et la harmonie,
cette science qui trouve tout en ordre. Continuez,
mes enfants, humanité ... La science dit que nous
sommes les serviteurs de la nature: tout est en ordre,
faites l’amour et cassez vos têtes. Continuez mes
enfants, humanité, gentils burgeois et journalistes
vierges ..... y Je suis contre les systèmes, le plus
acceptable des systèmes est celui de n’avoir par prin-
cipe aucun, g Se compléter, se perfectionner dans sa
propre petitesse jusqu’à remplir le vase de son moi,
courage de combattre pour et contre la pensée, mystère
du pain déclanchement subit d’un hélice infernale en
lys économiques :
La spontanéité dadaïste.
Je nomme jem’enfoutisme l’état d’une vie où chacun
garde ses propres conditions, en sachant toute-fois
respecter les autres individualités, sinon se défendre,
le two-step devenant hymne national, magazin de
bric-à-brac, T. S. F. téléphoné sans fil transmettant les
fugues de Bach réclames lumineuses et affichage pour
les bordels, l’orgue diffusant des œillets pour Dieu,
tout cela ensemble, et réellement, remplaçant la photo-
graphie et le catéchisme unilatéral.
La simplicité active.
L’impuissance de discérner entre les degrés de clarté:
lécher la pénombre et flotter dans la grande bouche
remplie de miel et d’excrément. Mésurée à l’échelle
Eternité, toute action est vaine — (si nous laissons la
pensée courir une aventure dont le résultat serait in-
finiment grotesque — donnée importante pour la
connaissance de impuissance humaine). Mais si la
vie est une mauvaise farce, sans but ni accouchement
initiel, et parceque nous croyons devoir nous tirer
proprement, en chrysantèmes lavées de l’affaire, nous
avons proclamé seule base d’entendement : l’art. Il n’a
pas l’importance que nous, reîtres de l’esprit, lui
chantons depuis des siècles. L’art n’afflige personne
et ceux qui sachent s'y intéresser, recevront des
caresses et belle occasion de peupler le pays de
leur conversation. L’art est une chose privée, l’artiste
le fait pour lui ; une œuvre compréhensible est produit
de journaliste, et parcequ’il me plait en ce moment de
mélanger ce monstre aux couleurs à l’huile: tube en
papier imitant le métal qu’on presse et verse auto-
matiquement haine lâcheté vilenie. L’artiste, le poète
se réjouit du vénin de la masse condensée en un
chef de rayon de cette industrie, il est heureux en
étant injurié: preuve de son immuabilité. L’auteur,
l’artiste loué par les journaux constate la compré-
hensibilité de son œuvre : misérable doublure d’un
manteau à utilité publique; haillons qui couvrent la
brutalité, pissat collaborant à la chaleur d’un animal
couvant les bas instincts. Flasque et insipide chair
se multipliant à l’aide des microbes typographiques. |f
Nous avons bousculé le penchant pleurnichard en nous.
Toute filtration de cette nature est diarhée confie. Encou-
rager cet art veut dire la digérer. Il nous faut des œuvres
fortes droites précises et à jamais incomprises. La
logique est une complication. La logique est toujours
fausse. Elle tire les fils des notions, paroles, dans
leur extérieur formel, vers des bouts des centres
illusoires. Ses chaînes tuent, myriapode énorme as-
phixiant l’indépendance. |
Marié à la logique l’art vivrait dans l’inceste, en-
gloutissant, avalant sa propre^ queue toujours son
corps, se forniquant en lui-même, et le tempérament
deviendrait un cauchemar goudroné de protestantisme,
un monument, un tas d’intestins grisâtres et lourds. ff
Mais la souplesse, l’enthousiasme et même la joie
de l’injustice, cette petite vérité que nous pratiquons
innocents et qui nous rend beaux : nous sommes fins
et nos doigts sont maléables et glissent comme des
branches de cette plante insinuante et presque liquide ;
elle précise notre âme, disent les cyniques, g C’est
aussi un point de vue ; mais pas toutes les fleurs sont
saintes, heureusement, et ce qu’il y a de divin en
nous est l’éveil de l’action anti-humaine. Il s’agit ici
d’une fleur en papier pour la boutonnière des messieurs
qui fréquentent le bal de la vie masquée, cuisine de
la grâce, blanches cousines souples ou grasses. ■ Ils
trafiquent avec ce que nous avons sélectioné. §J Con-
tradiction et unité des pollaires dans un seul jet,
peuvent être vérité. Si l’on tient en tout cas à pro-
noncer cette banalité, appendice d’une moralité libi-
dineuse, mal odorante. La morale atrophie comme
tout fléau fabricat de l’intelligence. Le contrôle de la
morale et de la logique nous ont infligé l’impassibilité
devant les agents de police — cause de l’esclavage,
rats putrides dont les bourgeois en ont plein le ventre,
et qui ont infecté les seuls corridors de verre clairs
et propres qui restèrent ouverts aux artistes.
Que chaque homme crie : il y a un grand travail
destructif, négatif à accomplir. Balayer, nettoyer. La
propreté de l’individu s’affirme après l’état de folie,
de folie agressive, complète, d’un monde laissé entre
les mains des bandits, qui se déchirent et détruisent
les siècles. Sans but ni dessein, sans organisation :
la folie indomptable, la décomposition. Les forts par la
parole ou par la force survivront, car ils sont vifs
dans la défense, l’agilité des membres et des sentiments
flambe sur leurs flancs facettés.
La morale a déterminé la charité et la pitié, deux
boules de suif qui ont poussé comme des éléphants,
des planètes et qu’on nomme bonnes. Elles n’ont
rien de la bonté. La bonté est lucide, claire et
décidée, impitoyable envers le compromis et la
politique, g La moralité est l’infusion du chocolat
dans les veines de tous les hommes. Cette tâche n’est
pas ordonnée par une force surnaturelle, mais par le
trust des marchands d’idées et accapareurs universi-
taires. g Sentimentalité: en voyant un groupe d’hommes
qui se quérelle et s’ennuie ils ont inventé le calan-
drier et le médicament sagesse. En collant les
étiquettes, la bataille des philosophes se déchaîna
(mercantilisme, balance, mesures méticuleuses et
mesquines) et l’on comprit pour la seconde fois que
la pitié est un sentiment, comme la diarhée aussi, en
rapport au dégoût qui gâte la santé, immonde tâche
de charognes de compromettre le soleil.
Je proclame l’opposition de toutes les facultés cos-
miques à cette blénoragie d’un soleil putride
sorti des usines de la pensée philosophique, la lutte
acharnée, avec tous les moyens du
Dégoût dadaïste.
Tout produit du dégoût susceptible de devenir une
négation de la famille, est dada; proteste aux poings
de tout son être en action déstructive : dada ; con-
naissance de tous les moyens rejétés jusqu’à présent
par le sexe pudique du compromis commode et de la
politesse : dada ; abolition de la logique, danse des
impuissants de la création : dada ; de toute hiérarchie
et équation sociale installée pour les valeurs par nos
vallets : DADA; chaque objet, tous les objets, les
sentiments et les obscurités, les apparitions et le choc
précis des lignes parallèles, sont des moyens pour le
combat: DADA; abolition de la mémoire: DADA; abolition
de l’archéologie : DADA ; aboliton des prophètes :
DADA, abolition du futur : DADA ; croyance absolue °
indiscutable dans chaque dieu produit immédiat de la n
spontanéité : D Jf D J1 ; saut élégant et sans préjudice, ~
d’une harmonie à l’autre sphère; trajectoire d’une
parole jettée comme un disque sonore cri ; respecter
toutes les individualités dans leur folie du moment: ”
sérieuse, craintive, timide, ardente, vigoureuse, décidée,
enthousiaste ; peler son église de tout accéssoire inutil
et lourd ; cracher comme une cascade lumineuse la
pensée désobligente ou amoureuse, ou la choyer —
avec la vive satisfaction que c’est tout-à-fait égal — ^
avec la même intensité dans le buisson, pur d’insectes ^
pour le sang bien né, et doré de corps d’archanges,
de son âme. Liberté: dada papa dada ^
hurlement des couleurs crispées, entrelacement des
contraires et de toutes les contradictions, des grotesques
des inconséquences : LA VIE. *
TRISTAN TZARA.
SOPRA UN QUADRO CUBÏSTA a Tristan Tzara
Altalena in grovigli d’azzurro nella finestra spalancata sut quadro del nulla
dove tre coni di lace baciano la fredda pazzia degli specchi
E la sonorità delle città metalliche précipita
Suono di partenza nel sacrificio di un monedo di latta e cristallo
dalVarco ehe ritorna a specchiarsi dopo il primo giro in basso
Gli incantesimi nello scoppio de\la notte
Fiorite di sorrisi meridiani
Se Vincanteslmo c'è neU’areo di vetro il crepuscolo suona partenza
GIUSEPPE RAIMONDI
H. ARP:
Bois.
1916
Assis sur l’horizon
Las autres vont chanter
Et nous nous avons regardé
La voiture en passant souleva
la poussière
Et tout ce qui traînait retomba
par derrière
Mon œii suivant ainsi la ligne des ornières
il s’étirait sans en souffrir
Ton regard le faisait rougir
Et cette voix qui pleure
Sans soulever un souvenir
Est devenue meilleure
ü n’y a plus rien que ton regard
Et devant toi tous ceux qui t’offensèrent
H. Arp.
Arthur SEGAL.
Avant l’heure
Elle est allumée
On ne voit plus qu’elle
Et le cœur triangulaire
qui brille au soleil
Une matinée
Une aube nouvelle
Mais la journée amère
qui reste pareille
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Salué en passant quelques yeux inconnus
Où passe le regard que chacun emporte
Et le nom que l’on a cloué
Sur chacune des deux portes
J’ai crié en frappant
On ne répondait pas
J’ai pleuré en partant
Sans qu’aucun ne me voie
Et toute la tristesse est restée enfermée
Attendant le soleil qui ouvre les fenêtres
Et les desseins obscurs qui roulent dans ma tête
Pierre Reverdy
revue littéraire paraît une fois par mois abonnements 10 Fr.
dirigée par P. Reverdy Paris (XVIII), 12 rue Cortot
Le goût est fatiguant
comme la bonne compagnie
SAUVE AMÉRICAINE
L'estomac domino mécanique
des bedaines brouillard
bavarde au pas de course poussière
et subit la sécheresse du sherry en ballon.
Un radis fantastique se cabre
en tesson de bouteille
auprès de la truite téléphone.
Sur un carnet de poche Zanzibar
le nu vient sans moyens de transport.
Cela me rappelle les nœuds de cravates
seuls en wagon.
L’escalier tousse avec le bec de gaz
mes frères !
FRANCIS P IC AB IA
Bois de E. PRAMPOLINI
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(Sons idées couleurs)
Revue d’art et de littérature
Directeur : P. A, Birot
Paris, 37 rue de la Tombe-Issoire
PIERRE ALBERT-BIROT
REGIE
Opernprobe. (Vor-Börse; Schwellung.)
Gold im Gebiss, Gold im Lächeln, der chef d’orchestre. Skandiert.
Rhythme der Strasse, der Piazza. Ballet fällt nach links.
Niedliche Disciplin.
Flöten rühren die Probe auf.
Um die Ecke zacken Blitze, lila;
lila Zig-zags;
happy zig-zags, vom Brandy-Mond;
lila Kuben um die Ecke.
Schwefelpfeile surren durchaus.
Strahl in Bündeln, Licht in Schnitten.
Gelbe Garben rasen.
Gell hetzen die Hellen.
Reflektoren zischen, in derTat. Lichtgüsse knattern
O Feststellungen klarer Augen !
Ein Scheinwurf von Mädchenröcken, mäandrisch.
Scheinwerfer im Galopp gebrochner Graden.
Netter Fall nach links, gebräunt.
Diese Oper concipiert Gott als Drogue.
Ir
Da: Telegramme, réponse payée -: spitzere Reisen 1 gehetztere Bahn! frechere Cascaden !
plärrenderes Rot! Geplärr und Knall in Rot!
Ein Zirpen der Elektro-Mücken, bei Seite, für die Rasta-Rastas.
Tk - wird eingeschaltet Quecksilber, phtisisches Lila, Motor-keuchen, fliehende Wellen aus Honig
und Duft.
Exakt rast diese Oper. Sie spurtet, wie sie will.
Auf dieser Scene, knisternd, schneiden sich die Einsamkeiten.
Neuro-Katarakte. Präcisions-Inferno. Sehr dosierter Wahnsinn. —
.......Blüte der Sessel: „Tausend Aufführungen garantiert!“ Kapellmeister’s Stirn beperlt
Noiie: ungen. Durch mehrere Hirne kribbelt eine Serie triumphierender Ziffern.
Ferdinand HARDEKOPF
H. RICHTER: Gesicht 1 u. 2.
CBAYON BLEU
Poème à trois voix simultanées
il fait beau dans mon cœur
pan - pan - pan pan - pan - pan - pan
cinémademapenséequejetourneenpleinair
krii krrii
merci bonsoir
des forêts des forêts des forêts
Atchou
je lui dirai
des monts des mers des villes
proti - pron - pron drrrrr
Jean viens ici
allons va va mais va donc
rouououoaoiiouou
des monstres va
vendredi
des mondes va
toc-toc toc-toc
tu dors
des soleils va
zzzzzzzzzzz
o diaphanes réalités
de l’autre côté
luminosités
si tu veux
des étés
clac clac
où avez-vous été
vrrrron — vrrrrrrfon — vrrrrrron
donnez-moi de la matière
veux-tu te taire
que je chante à pleine pâte
Edgar
que mon poème ait une âme
houi — houi — houi
et des tripes
offensive
je pars et je suis revenu
ah ma pauv’ dame
c’est un ballon captif
whou — whou ------------ whou — whou
que ne puis - je aboyer un poème
les 3 vois | whou — whou — whou
l’uni won whou — WhOU — Wh0U
(imitatif) I whou - whou - whou
Guillaume Apollinaire
est mort — descendit comme cette „pluh“ fiévreuse
qu'il avait composée avec tant de soins pour une
revue parisienne ;/; vont les trains, les dreagtnoughts,
les variétés et les usines hisser le vent du deuil pour
le plus vivace le plus alerte le plus enthousiaste
poète français ?-?- la brume ne suffit, ni la clameur
majeure ; - ; sa saison aurait du être la joie de la
victoire, de la nôtre, celle des nouveaux travailleurs
de l’obscur, du verbe, de l’essence : - : il con-
naissait le moteur de l’étoile, la dose exacte du
tumulte et du discret, et avait compris qu’elle doit
venir. — Son esprit était galop de clarté et la
grêle des paroles fraîches l’escortent de leurs noyaux
hyalins (les anges).
Il rencontrera Henri Rousseau - Apollinaire est mort ?
tzara
A paraître
prochainement
(Éditions ,SICa)
. P A. BIROT:
Larountala
(polydrame) j
Poémes^cotldiens"
Lajoie des sept couleurs
(poème)
Matoum à Tévibar
(drame pour marionettes)
Derniers livres parus
de
VINCENTE HÜIDOBRO:
Poemas articos
(en langue>spanole)
Tour Eiffel
(avec peintures par
R. Delaunay)
Hallali
Pierre Albert-BIRO T
BOIS de H. RICHTER
Bois gravé par A R T H U'R SEjGAL.
Bâton
Aile droite au chapeau
bâton fleuri
la Pentecôte
Et la lumière des averses
Sous un auvônt
siffle indolence
L’été a la trogne vineuse
Nos têtes dans l'ombre se cherchent
Maraudeur râlant sur l’éteule
ta saison féconde s’achève
Langue rose aux fleurs de sainfoin
Coq d'acier fais vibrer ta crête
Voici les œufs sur le chemin
La carriolle court à la fête
Mémoire . . * *
Toutes les mouches du matin
Se sont abattues sur mes mains
Ai-je vécu déjà d’autres instants pareils
Un coup de vent
Eh la mariée
La saison des roses
est passée
PAUL DERMÉE
DER IDEALIST.
Zerknautschte Jungfrau mit den Hängebrüsten,
Gedenkst du noch ? Ich traf dich in der Tram.
Und wie wir uns am Liitzowplatze küssten?
Ein Schutzmann schob sich drohend übern Damm.
„Natur! Natur! für fünf Mark siebzig!
„Das Männchen schenkt. . . das Weibchen winkt. . .
„Man träumt nicht erst und stellt verliebt sich . . .
„Tja! Wir sind ehrlich zum Instinkt1
Doch ach! Sie fand, es sei zu billig,
Das hat sie vor ihr selbst geniert.
Er - hat in ihres Hemdes Drillich
Von Seidenhöschen phantasiert.
Darauf obzwar auf der Treppe vor einem
Tripper noch düstere Angst ihn durchfuhr,
Schwor er ohne Reue Treue
Dennoch nochmals trotzig seinem
Losungswort Natur! Natur!
Jakob van Hoddis
DIE ARBEITEN VON HANS ARP.
Man setzt die Kenntnis des neuen
Standpunktes u. ausgedehntes Verständnis
für modernste Entwickelungen in der
bildenden Kunst voraus.
Mit Picasso und den Kubisten löst
sich die alte Perspektive auf, die Modelle
fliehen, die schönsten Staffeleien und
Cylinderhüte gehen aus dieser Welt. Das
Bild, welches seine illusionistischen
Moralwerte verloren hat, versucht eine
vielfache Bedeutung zu haben, es sucht
sich ein neues Publikum, eine Gesellschaft
von begeisterten und sehr frommen
Menschen. Dazu greift es mit allen
Farben und Formen aus seinem Keil-
rahmen heraus. Es bekommt Arme und
Hände, es wünscht sich eine offene Brust
um den buddhistischen Götterbildern zu
gleichen, unter denen man die grossen
wohlriechenden Feuer anzündete. Es will
Menschenseelen fressen, -wie jene die
Leiber der Kindlein frassen.
Von RICHARD HUELSENBECK sind 1916
in der Collection DADA erschienen :
„Phantastische Gebete“ (3 Frs) und
„SchaIaben,Schalabai,Schalamezomal 1 Fr.
Das Thema verliert jede philo-
sophische Realität, sodass mit diesen
Bildern nicht der Versuch gemacht wird,
die Welt zu erklären oder ein für oder
wider an Ansichten jeder Art durch Kunst
zu vertreten. Die Abstraktion ist so
feierlich und bäuerlich bedachtsam, dass
am Ende der Entschlüsse die Senkrechte
wichtig wird. Die Kunst Hans Arps ist
die erste, die nach der Wertänderung der
Kubisten ein Dogma gefunden hat, in
welchem alle Schwierigkeiten gelöst sind,
sowie Krämpfe und Spasmen gelöst sind.
DieWelt ist gross und voller Wunder.
Die Wunder sind die seltsamsten Ab-
straktionen und geistigen Willenswesen
weit hinter den Dingen. Gott sprach, da
ward aus Abend und Morgen der erste
Tag. Ein neuer Wille zur Geistigkeit
ist wiedergekommen auf uns Propheten,
er ist fanatisch, brennend, hallend in
seinem Eifer. Es könnte sich um die
Affichen von Inquisitoren handeln, die
zeitweilig mit dem Tode und harten
öffentlichen Exkommunikationen drohen.
Jemand könnte sich vor diese Bilder
hinstellen und folgende phantastische
Litanei herbeten: Die Götterbilder sind
rotglühende Bratpfannen auf den Quadern,
die den ach so streng rythmisierten Tanz
beginnen. Das Sphärische ist so kompakt
wie die Villas der gut gescheitelten
Grundbesitzer — Mirabile dictu — und
wer wollte daran zweifeln, dass die
Elephanten auf diesen Kurven mit inniger
Freude gleiten. Grosse Zuckerdüten haben
sie auf den Köpfen, Kaleidoskope und
Drehorgeln. Die Bauern schiessen Kobolz
von der Höhe ihrer Ziegeldächer (Zinnober,
tausend mal Zinnober und dann beim
Schlag der Pauke die Güte eines gut
preussisch blauen Himmels) — o die
Bauern, die ihreCelluloidgesässe zwischen
den Tulpenbeeten aufspannen. O furor
rusticus und o Cottillon der Krokodile.
Ueber den Flüssen aber siehst du, be-
rauschter Zuschauer, eine Felswand, aus
zylindrisch gestaffeltem Papiermaché,
zusammengesetzt aus der Schönheit des
Berliner Tageblatts, Postzetteln und
Cigarettenpapier. Die zweidimensionalen
Witwen sind schon auf die Wäscheleinen
gespannt - welche Kirche hat hier keinen
Schornstein - und welcher Schornstein
wäre nicht (gegebenenfalls) Sprachrohr für
den Brunstschrei herrlicher Neger!
Langsam und sehr schnell haben
die Philosophieen ein tiefes, seliges Ende
gefunden. Für den ganz Raffinierten,
der dem ganz Primitiven derVerwandteste
ist, bleiben die Fresken dicht vor den
Augen. Wer bezweifelt nun noch der
Geometrie irrwitzige Ueberlegenheit. Die
Music-hall starb und das Auto löschte
sich aus. Die grosse Senkrechte kam
mit dem Pomp des besiegten Jahrhunderts.
Sie ist das Gesetz der Schwere, sie ist
das Gesetz der Statik, und von ihr aus
rasen die geteilten Flächen, von ihr aus
schwirren die Parabeln und Ellipsen
(Bumerang! Bumerang!)
Wir halten die Schweinsblase in der
Hand und fangen das brennende Werg
mit den Ohren auf. Wir sind feierlich
und so melancholisch, wir alten Priester.
Im Tale schlägt man die grossen Kessel-
pauken, es steigt die Zinnoberflut, die
Porzellansterne fallen herab - eioéh eioéh -
wir sind so feierlich und ernsthaft um
diese Stunde. Wir haben die kleinen
Dinge verlernt, wir rissen die Hyazinthen
von unserm Kopf, wir klappten die Erde
aus unserm Bauch. Das bedeutet, dass
wir sehr feierlich sind. Haben wir jemals
mehr Grund gehabt, uns toller, schöner,
wahnwitziger, feierlicher zu gebärden ? -
jemals mehr Grund gehabt, den glühenden
Rauch aus unserer Nase zu blasen und
stolzer zu sein? Wir schlugen ein Viertel-
jahrhundert tot, wir schlugen einige Jahr-
hunderte tot zu Gunsten dessen, was
durch uns kommt. Ihr könnt es nennen
wie ihr wollt : Chirurgie, Kleptomanie,
Kallographie; denn es heisst immer nur:
Wir sind, wir haben etwas gearbeitet —
Revolution, Reaktion, Extrablatt: wir sind -
wir sind - am ehesten noch Dada - am
ehesten noch ein Wort, dessen Phantastik
unerfindlich ist.
(1916)
RICHARD HUELSENBECK
3 gravures sur bois par H. ARP
pour le „Cinéma synthétique du cœur abstrait“ de Tzara.
GUILLAUME APOLLINAIRE
Sa mort me semble encore impossible. Guillaume
Apollinaire est un des rares qui ont suivi toute l’évolution
de «'art moderne et l’ont complètement comprise, il l’a dé-
fendue vaiilament et honnêtement parce qu’ii l'amait, comme
il aimait la vie, et toutes les formes nouvelles d'activité.
Son esprit était riche, somptueux même, souple, sensible,
orgueilleux et enfantin. Son œuvre est pleine de variété,
d'esprit et d’invention.
Francis Picabia.
îa lune et par la couleur
l’œil de fer en or changera
les boussoles ont fleuri nos tympans
regardez monsieur janco pour la prière fabuleuse
tropical
sur le violon de ia tour eiffel et sonneries d’étoiles
les olives gonflent pac pac et se cristalliseront symétriquement
partout
citron
la pièce de dix sous
les dimanches ont caressé lumineusement dieu dada danse
partageant les céréales
la pluie
journal
vers le nord
lentement lentement
les papillons de 5 mètres de longuer se cassent comme les miroirs
comme le vol des fleuves nocturnes grimpent avec le feu vers la
voie lactée
les routes de lumière la chevelure les pluies irrégulières
et les kiosques artificiels (fui volent veillent dans ton cœur quand
tu penses je vois
matinal
qui crie
les cellules se dilatent
les ponts s’allongent et se lèvent en air pour crier
autour des pôles magnétiques les rayons se rangent comme les
plumes des paons
boréal
et les cascades voyez-vous? se rangent dans leur propre lumière
au pôle nord un paon énorme déploiera lentement le soleil
à l’autre pôle on aura la nuit des couleurs qui mangent les serpents
glisse jaune
les cloches
nerveux
pour l’éclaircir les rouges marcheront
quand je demande comment
les fosses hurlent
seigneur ma géométrie
tristan tzara
1
h
Gravure originale
de MARCEL JANCO.
à Kisling
Etoile qui brille
M. Janco
Regard humide
Fil de la vierge
Pitié
flotte au vent
Cette compresse sur mon cœur
Trop vite trop vite et quel délire
Quelque chose vient de se casser
dans la MÉCANIQUE DE MA VIE
Paul Dermée
TRISTAN TZARA:
à Francis Picabia qui saute avec
de grandes et de petites idées de New-York à Bex
A. B. = spectacle
POUR L’ANÉANTISSEMENT DE L’ANCIENNE BEAUTÉ & Co.
sur le sommet de cet irradiateur inévitable
La Nuit Est Amère — 32 HP de sentiments isomères
Sons aigus à Montevidéo âme dégonflée dans les annonces offerte
Le vent parmi les téléscopes a remplacé les arbres des boulevards
nuit étiquetée à travers les gradations du vitiiol
à l’odeur de cendre froide vanille sueur ménagerie
craquement des arcs
on tapisse les parcs avec des cartes géographiques
l’étendard cravatte
perce les vallées de gutta-pencha
54 83 14:4 formule la réflexion
renferme le pouls laboratoire du courage à toute heure
santé stilisée au sang Inanimé de cigarette éteinte
cavalcade de miracles à surpasser tout langage
de Bornéo on communique le bilan des étoiles
à ton profit
morne cortège o mécanique du calendrier
où tombent les photos synthétique des journées
„La poupée dans le le tombeau“ (Jon Vinea œil de chlorophylle)
5ème crime à l’horizon 2 accidents chanson pour violon
le viol sous l’eau
et les traits de la dernière création de l'être
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fouettent le cri
CALENDRIER
1
1.
flacon atix ailes de cire rouge en fleur
mon calendrier bondit médicament astral d’inutile amélioration
se dissout à la bougie allumée de mon nerf capital
j’aime les accéssoires de bureau par exemple
à la pêche des petits dieux
don delà couleur et de la farce
pour le chapitre odorant où c’est tout-à-fait égal
sur la piste réconfort de l’âme et du muscle
oiseau cralle
2.
avec tes doigts crispés s’allongeant et chancelantsjcomme les yeux
la flamme appelle pour serrer
est-tu là sous la couverture
les magazins crachent les employés midi
la rue les emporte
les sonnettes des tramways coupent la phrase forte
3.
vent désir cave sonore d’insomnie tempête temple
la chute des eaux
et le saut brusque des voyelles
dans les regards qui fixent les abîmes
à venir à surpasser vécus à concevoir
appellent les corps humains légers comme des allumettes
dans tous les incendies de l’automne des vibrations et des arbres
sueur de pétrole
4.
tes doigts chevauchant sur la claviature
peux-tu m’offrir la gamme des hoquets
je me suis courbé vers toi comme un pont tendu
dont les pilliers bosculés par la vague ne craquent pas
et c’est l’incertitude sous une forme de décision glacée
se déclanchant au mouvement subit des roues
voilà le muscle de mon cœur qui s’ouvre et crie
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1918
TRISTAN TZARA
à Jacques Lipschitz
Sur le Far West
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où il y a une seule lune
Le Cok Boy chante
x *■;>/“ à rompre la nuit
Et son cigare est une étoile
SON POULAIN FERRE D’AILES
N’A JAMAIS EU DE PANNE
Et lui
la tête contre les genoux
anse un Cake
aïK
à quelques kilomtères
Dans les gratte-ciels
Les ascenseurs montent comme des thermomètres
ÄRP
Et près du Niagara
qui a éteint ma pipe
Je regarde les étoiles éclaboussées
Le Cow Boy
Traverse l’Ohio
sur une corde à violon
Vincente HUÏDOBRO
M. JANCO
RÉDACTION:
Tr. Tzara
Zurich, Seehof, Schiff lande 23
DADA 1
Sommaire : H. Arp — Broderie, bois 1 et 2. Tzara — Note sur l’art,
Poèmes nègres, Vers. O. Luthy — Madonna. F. Meriano — Walk.
N. Moscardelli — Piume. M. Janco — Relief, Construction, Bois.
A. Savinio — Un vomissement musical. , Notes: Laban, La poésie
simultanée, H. Guilbeaux, etc. Éditon ordinaire . . épuisée
Édition de luxe, numérotée et contenant un bois de Janco . . 8 Frs.
DADA 2
Sommaire : O. van Rees — Intérieur. Tzara — Note sur l’art, 2 poèmes
nègres, Vers. M. d’Arezzo — Strade. R. Delaunay — La fenêtre sur la
ville. P. A Birot — Rasoir mécanique, Pour Dada. E. Prampolini — Bois.
G. Cantarelli — Costellazione. W. Kandinsky — Aquarelle. S. deVaulchier
— Sentiments dans les palaces. W. Helbig — Peinture. M. Janco — Relief.
B. San Miniatelli — Concime. G. de Chirico — Le mauvais génie d’un roi.
Notes: Apollinaire, Pierre Reverdy, P. A. Birot, Expositions, livres, revues etc.
Prix 2 Fr.
Edition de luxe, numérotée, et contenant un bois de Arp 8 Fr.
DADA 3
(Décembre 1918) Prix Fr. 1.50
Édition de luxe tirée à part, numérotée de 1 à 30, cartonnée, et contenant
2 gravures originales par M. Janco et un bois gravé par H. Arp Fr. 20.—
ADMINISTRATION:
Mouvement Dada
Zurich, Zeltweg 83,
m
Imprimerie Jul. Heuberger, Zurich