Oue l’homme est né pour le bonheur, certes toute la nature l’enseigne. C’est l’effort vers la volupté qui fait germer la plante, emplit de miel la ruche et le cœur de l’homme de bonté. Je ne sais trop qui peut m’avoir mis sur la terre. Oq. m’a dit que c’est Dieu ; et si ce n’est pas lui. Oui serait-ce ? Il est vrai que j’éprouve à exister joie si vive, que parfois je doute si déjà je n’avais pas envie d’être, alors même que je n’étais pas. Mais nous réserverons pour l’hiver la discussion théo logique, car il y a de quoi se faire beaucoup de mauvais sang là-dessus. Table rase. J’ai tout balayé. C’en est fait ! Je me dresse nu sur la terre vierge, devant le ciel à repeupler. Bah ! Je te reconnais, Phoibos ! Au-dessus du gazon givré tu répands ta chevelure opulente. Viens avec l’arc libérateur. A travers ma paupière fermée, ton trait d’or pénètre, atteint l’ombre ; il triomphe, et le monstre intérieur est vaincu. Apporte à ma chair la couleur et l’ardeur, à ma lèvre la soif, et l’éblouissement à mon cœur. Viens ! de toutes les échelles de soie que tu lances du zénith à la terre, je saisirai la plus charmante ! Je ne tiens plus au sol, je me balance à l’extrémité d’un rayon. O toi que j’aime, enfant! je te veux entraîner dans ma fuite. D’une main prompte saisis le rayon; voici l’astre. Accours ! Déleste-toi. Ne laisse plus le poids du plus léger passé t’asservir.