PARIS. IMPRIMERIE LEVÉ, RUE DE RENNES, 71. — 24 — Socrate (Eloge de Socrate —promenade au bord de l’Ilissus — mort de Socrate). Un petit orchestre sobre et net soutient les voix. La tendresse, le pathétique d’une déclamation qui n’est que rythme et harmonie en dégagent vraiment cette musique qui coule d’un esprit dans l’autre. Elle nous situe sur un plan inconnu, sans bariolage, sans brouillard. Un rouage nouveau déclanche chaque partie, un mouvement spécial qui l’anime d’une vie particulière et la conduit dans un balancement sûr et continu. Socrate va mourir : alors seulement l’accent insiste, pèse, devient plus humain. Satie, à Arcueil, assiste, avec le chœur bouleversé des dis ciples, à une agonie sublime. Par-dessus le pittoresque et l’habileté, usant de moyens ingénus et certains, il rejoint un texte immortel. — Ce monsieur dit : « Une œuvre de Satie ! Je ne veux même pas la connaître. Vague amateur, ses farces pouvaient nous amuser, jadis, une minute. Mais je m’indigne de ce qu’aujourd’hui quelqu’un puisse prendre au sérieux un tel musicien. » Hélas, Monsieur, nous ne nous comprenons pas. Les calem bours ne nous font plus sourire et notre jeunesse méprise les farces. Mais nous ne pouvons qu’aimer Monsieur Satie déroulant lentement, comme un émouvant exercice de piano, la chaîne toute frémissante d’une fraîche clarté dont il accompagna l’évangile de Platon. GEORGES AURIC. Le Gérant : Philippe SOUPAULT.