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J’ai rencontré un soir Darius Milhaud dans une rue
où il y avait un bal. Nous sommes partis ensemble et
quand je l’ai quitté sous les palmes de son jardin ruis
selantes de lune, il m’a dit : « J’adore le Brésil. Et que
cette musique est pleine de vie et de fantaisie. Il y a
beaucoup à apprendre de ces rythmes mouvementés
de ces mélodies que l’on recommence toute la nuit et
dont la grandeur vient de la monotonie. J’écrirai peut-
être un ballet sur le carnaval à Rio qui s’appellera « Le
bœuf sur le toit », du nom de cette samba que la musique
jouait ce soir pendant que dansaient les négresses vêtues
de bleu. »
JACAREMSRIM.
UNE ŒUVRE NOUVELLE x. E
Chinois, petite fille américaine, jongleurs, présentés, devant
la baraque, par de grands managers féroces, font la parade
du spectacle. Un orgue de Baibarie accompagne —-que Satie
transforme en machine à rêves. La riche kermesse slave tire
ailleurs son feu d’artifice fleuri de plumes de perroquets
Ici, seulement, trois « numéros » comme les aime la foule, le
dimanche, à Paris. L’avenue du Maine est proche qui a le
sourire du douanier Rousseau.
Après tant de surcharges et de beautés millionnaires, la
simplicité d’une musique où la tristesse même de la foire
s’exprimait sans fausses notes, déplut aux habiles. Leurs
rolls-royces clignaient de l’œil devant la voiture de M. Junet.
« Le scandale de Parade... »
— Paisiblement, s’arrêtant parfois des semaines pour
reprendre un beau jour son travail, Satie entreprit une
œuvre dont je veux dire, le premier, qu’elle égale en pure
émotion les plus nobles pages de Boris.
Trois fragments des « Dialogues » de Platon, choisis dans
la traduction scolaire de Gousin, composent les trois récits de