— 3 — L’éclat de ces mains amoureuses Tourne le crâne des brebis ! Dans leurs phalanges savoureuses Le grand soleil met un rubis ! Une tache de populace Les brunit comme un sein d’hier. Le dos de ces mains est la place Qu’en baisa tout Révolté fier ! Elles ont pâli, merveilleuses, Au grand soleil d’amour chargé Sur le bronze des mitrailleuses A travers Paris insurgé ! Ah! quelquefois, ô Mains sacrées, A vos poings, mains où tremblent nos Lèvres jamais désenivrées, Crie une chaîne aux clairs anneaux ! Et c’est un soubresaut étrange Dans nos êtres, quand quelquefois On veut vous déhâler, mains d’ange, En vous faisant saigner les doigts. ARTHUR RIMBAUD.