— 13 — LIVRES CHOISIS X*X*X* : Les Roseaux de Midas. L’anonyme, de peur d’être découvert, a mis trois mas ques qui ne l’empêchent pas de crier à tue-tête le peu d’estime dans lequel il tient MM. Maurice Maeterlinck, Emile Verhaeren et autres Belges, M. Paul Fort et autres poètes, Madame de Noailles et autres lieux. Je me précipite pour le féliciter, mais que vois-je ? Dans les efforts qu’il fait pour braire contre Baudelaire, Midas laisse passer le bout de son oreille. Si nous l’y pous sions un peu, il nous dirait ses goûts, et je gage qu’il chanterait : Moré — as, Moré — as. Hélas, l’anonyme n’était qu’un âne. Louis Chadourne : Le Maître du Navire. « Et c'est celui qui parle avec le maître du navire. » Mais ce héros hésite trop entre deux genres, l’artistique et le fquilletonesque. Il y a bien longtemps qu’iba lu Jules Verne dont il ne revoit les oeuvres qu’à travers Huysmans. Le rayon vert ne luit plus que dans ses lunettes, et quelque soin que prenne ce masque singu lier de me citer mes auteurs favoris, il ne me touchera pas, tant qu’il philosophera dans sa barbe sur l’impuis sance d’aimer, même quand il osera des images aussi belles que celles die Gustave Aimard, ou quand il attein dra tout justement le ton des romans de mon enfance : « Le Cormoran filait à bonne allure ». Tout à coup une île pousse : je te reconnais, fantaisie. Le lecteur crie à l'invraisemblance, précisément parce qu’ici l’on oublie tous les livres pour une histoire merveilleuse qui com mence à peine qu’elle finit. A ce moment le mystérieux personnage arrache ses postiches et me montre son vrai visage. Je l’avais deviné, et son nom qui est sur le bout de ma langue et que vous ne saurez jamais.