ANDRE LHOTE Mille petites lignes qu’il ne rassembla point au bon mo ment réservent à André Lhôte le souci de fuir dans mille directions. La toile qu’il découvre par un travail opiniâtre ne lui montre pas son image. Il n’a plus que son ombre, chère ombre variable. 11 est perdu. De grands espaces clairs. Des nudités percées, trouées, forcées, des châteaux de sable invisible et les rubans que nos ménagères achètent un prix fou. De grands espaces clairs et vides. En fermant les yeux, je vois le plus réel des crépuscules, agissant de partout. Il restera bien cette lune mince ou cette plus grosse part de la lune mais, dans la bouche, soudain, j’ai l’extrême mauvais goût d’une pensée qui me vient de tirelire. LE NOUVEAU SPECTATEUR (1) Le règne de l’intelligence, le règne de la bêtise, le règne du spectateur. J’aime l’intelligence, tu aimes la bêtise, il aime le spectacle. J’affirme que la terre est ronde, tu af firmes que je ne sais pas tracer une courbe, il affirme qu’il doit tout voir. Savoir. Amis du vulgaire, craignez ce nouvel arrivant. Restez couverts. Les gens de votre rang n’ont jamais eu besoin de maître. Gardez ce sourire intermédiaire. Ne faites pas de l’œil mort à ce beau-père impuissant que la vanité sé duit et qui est, suivant la forte expression du poète (9) : Le meilleur témoignage Que nous puissions donner de notre dignité.