15 LES ANIMAUX ET LEURS HOMMES PREFACE Qu’une force honnête nous revienne. Quelques poètes, quelques constructeurs qui vécurent jeunes nous l’avaient déjà enseigné. Connaissons ce dont nous sommes capables. La beauté ou la laideur ne nous paraissent pas nécessai res. Nous nous sommes toujours autrement souciés de la puissance ou de la grâce, de la douceur ou de la bruta lité, de la simplicité ou du nombre. La vanité qui pousse l’homme à déclarer ceci beau ou laid, et à prendre parti, est à la base de l’erreur raffinée de plusieurs époques littéraires, de leur exaltation senti mentale et du désordre qui en résulta. Essayons, c’est difficile, de rester absolument purs. Nous nous apercevrons alors de tout ce qui nous lie. Et le langage déplaisant qui suffit aux bavards, langage aussi mort que les couronnes à nps fronts semblables, réduisons-le, transformons-le en un langage charmant, véritable, de commun échange entre nous. Pour moi, rien ne me semble meilleur signe de cette volonté que ce poème écrit depuis que je songe à cette page d’ouverture : SALON Amour des fantaisies permises, Du soleil, Des citrons, Du mimosa léger. Clarté des moyens employés : Vitre claire, Patience Et vase à transpercer. Du soleil, des citrons, du mimosa léger Au fort de la fragilité Du verre qui contient Cet or en boules, Cet or qui roule. PAUL ELUARD.