17 * * * A 23 ans il se croit musicien et part pour l’Allemagne. Il habite Darmstadt et Coblentz où il joue du violon et apprend l’harmonie. Peu à peu il s’aperçoit de son erreur et abandonne ce projet. Il visite Munich et Berlin, fait la connaissance de Ludwig Anzengrüber. Il s’en va. La rivière clc cassis roule, ignorée, - A des vaux étranges ; La voix de cent corbeaux l’accompagne, vraie Et bonne voix d’anges, Avec les grands mouvements des sapinaies Où plusieurs vents plongent. (1) On poursuit les fleuves. Au bord du Rhin il accompa gne les colporteurs et couche à la première ferme ren contrée. Les servantes ne l’oublient pas. ^ * Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme Ecoutez la chanson lente d’un batelier Oui raconte avoir vu sous la lune sept femmes Tordre leurs cheveux verts et longs fusquà leurs pieds (2) Il pensait à Paris. * * * A tous les carrefours les passants s’arrêtent ; ils n’atten dent rien : la lumière est plus forte. Le jour même de son arrivée il parcourait la ville : il y avait un fleuve plus grand que tous les autres ; le courant entraîne les épaves que l’on ne sait pas quitter des yeux. Il aimait les rues de Belleville et de Montrouge. Pour écouter les discussions devant le comptoir et re garder jouer à la manille il entrait dans les cafés. Les soirs de printemps il s’asseyait sur un banc des boulevards exté rieurs. Quelqu’un parfois remarquait cet « étudiant tchè- {1) Arthur Rimbaud : les Illuminations. (2) Guillaume Apollinaire : Alcools.