——— 19 * i * * Il revient à Paris. On connaît les boutiques : un homme passe que l’on n’abandonne pas et le lendemain c’est un autre. On les entend : qu’ils sont tristes et joyeux. Un autre jour la ville change. Le ciel est toujours la même. D’une fenêtre on voit plus loin : les voilures sont gaies ; les amis parlent de tant de choses. Il faut sortir et la terrasse des cafés les accueille. Puis sur le conseil de son ami Yeats, il fit' un long séjour dans bile d’Aran. A son retour il écrivit successi vement l’Ombre de la Ravine, la Chevauchée à la mer et termina les Noces du Rétameur (1901-1902). En 1903 il écrit la Fontaine aux Saints, pièce en trois actes. Il s’était retiré dans la vieille maison de Wiclow : « Je trouvais plus de secours que n’eût pu m’en donner tout le savoir du monde dans une fente du plancher qui me permettait d’entendre ce qui se disait parmi les servantes dans la cuisine (1) ». Sur toutes les routes, derrière chaque arbre, des sou venirs le guettent ; les itinéraires éternels et les grandes imaginations enfantines : « En Irlande, pour quelques années encore, nous avons une imagination populaire ma gnifique et tendre ; de sorte que ceux d’entre nous qui désirent écrire ont dès leurs débuts une bonne fortune qui n'est point offerte aux écrivains d'enclroits où le printemps cle la vie locale a été oublié, où la moisson n’est plus qu’un souvenir et où la paille a servi à faire des briques (2) ». * * * Au petit jour, sur les chemins qu’a creusés le vent dans les tourbières, il allait au hasard. Un paysan le suit : ce sont toujours des histoires de brigands. Autrefois. Les sentiers mènent à des clairières d’où l’on entend des rires. Le cœur bat. A la tombée de la nuit une vieille approche et l’on aperçoit les fenêtres éclairées. C’est la lampe qui (1) Le Baladin du Monde Occidental. (Préface). (2) d°.