— — — 22 LES SPECTACLES Papm contre Ferrey. — 20 rounds. C’est une forêt. Le froid coule des lampes : on a refusé du monde. On attend. Le pneu Michelin boil hobstacle. On suit la fumée des yeux : les lampes à arc. Un cri flotte comme un drapeau ; tout est fini main tenant, les heures sont les minutes. Il n’y a plus que les odeurs qui comptent : odeur de sueur et de tabac mouillé. Très loin, à l’horizon, des coups de poing jaillissent et des hommes dansent et dansent. Des cris passent. Byrrh, Byrrh. Des chiffres passent. Toujours et jamais. Il ne faut plus regarder au hasard. Un parfum bon marché nous guette à la sortie. 11 esl midi ou minuit. C’est un coup de revolver que l’on vient d’entendre. Les Mamelles de Tirésias (Acte I). — Guillaume Apollinaire. — Théâtre National de l’Odéon. Les portes claquent ; le rideau se lève : 1930 ou 1880, à Paris ou à Zanzibar, c’est-à-dire partout. On ne peut se souvenir des pièces que l’on voyait aux Champs-Elysées ou au théâtre du Châtelet, mais on ne peut oublier ces rires qui nous secouaient, il y a vingt ans et hier encore, à la représentation des Mamelles de Tiré sias. Nous nous moquons de tout : là-bas, dans la rue que nous venons de quitter, on pensait, on écoutait. Ici l’on n’entend plus rien : on rit de si bon cœur. Quelquefois on aperçoit le sourire inoubliable de Guillaume Apolli naire. P. S.