2 porter surtout notre étude. Avez-vous laissé voir à Z qu’il vous déplaisait? — Non; je n’en ai rien laissé paraître. — C’est bien. Tachez de devenir son ami. Je protestai que cela ne me serait point facile, car mes goûts différaient trop des siens. — Ah! vous avez encore des goûts personnels, s’écria-t-il, sur un tel ton que je ne songeai plus qu’à les désavouer aussitôt. Vous avez peut-être aussi des scrupules, des répugnances?... — Je tâcherai de m’en débarrasser, pour vous ser vir, dis-je en riant. Si j’étais d’avance parfait, je n’aurais que faire de vos conseils. — Lafcadio, faites attention, mon ami (son front s’était légèrement rembruni;, ce que j’attends de vous c’est le cynisme, ce n’est pas l’insensibilité. Certains vous diront que l’un ne peut aller sans l’autre ; ne les croyez point. Mais, tout de même, méfiez-vous. L’émo tion s’accompagne volontiers de maladresse et il y a certaine virtuosité du cœur, si je puis dire, qui d’ordinaire ne s’acquiert qu’au détriment des qualités les plus exquises, et qui, comme toutes les autres virtuosités, entraîne une certaine froideur d’exécu tion. L’émotion gêne; et néanmoins tout est perdu dès qu’on l’élude, ou que seulement elle diminue, car, somme toute, elle est la fin dernière et c’est à cause d’elle que l’on joue. Je vous ennuie ? — Pouvez-vous croire!... Ceci m’explique cette sorte de crainte que je ressens et que jusqu’alors je ne m’expliquais pas très bien. — Quelle crainte ? fit-il avec une charmante expres sion de sollicitude, qui me toucha. — Celle, repris-je, d’être un peu sec lorsque j'agis ; un peu inactif, ou si vous préférez : impropre à l’action, aussitôt que je m’attendris. — Je crains que vous ne confondiez l’émotion avec