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GEORGES PILLEMENT
LA CONFESSION DE LEMUEL, par 0. W. de L. Æilosz {La
Connaissance).
M. Milosz a renié depuis longtemps ses premières œuvres (Le Poème
des Décadences, Les Sept Solitudes) qui étaient d’un symbolisme exagéré.
Pourtant, derrière les chevaliers, les sorcières, les crapauds et les
coupes de vin dont il faisait un usage fréquent, il y avait des qualités
de poésie et d’originalité que l'on retrouve dans ses œuvres plus récentes.
Dans le recueil intitulé Poèmes, qui parut en 1915 chez Figuière, figurent
toutes les œuvres lyriques et dramatiques qu’il n’avait pas reniées.
La plus remarquable est Don Æiguel Æanara et parmi les poèmes je
préfère ceux où il est plus particulièrement poète sans de trop pressantes
préoccupations philosophiques.
En ce qui concerne son nouveau livre, j’ai à établir la même pré
férence. Un poème philosophique, pas plus qu’un poème scientifique
ne sera jamais un pur poème, ce sera toujours un genre hybride où ni
la poésie, ni la philosophie n’y seront satisfaites. L’utilitaire, qu’il soit
pédagogique ou moral, est à bannir de toute poésie. Je préfère les mots
inutiles et déliés de la phrase compréhensible, mais beaux par l'harmo
nie de leur accouplement et des images qu’il évoque.
C’est pour cette raison que le poème intitulé La Confession de
Lemuel, les poèmes en prose de YEpitre à Storge m’intéressent moins que
La Charrette; Le Pont, la Berline dans la Nuit.
Je sais pourtant que M.. Milosz reconnaît le signe de son génie à
cette vision cosmique qui le fait prêtre selon l'ordre de Melchisédec.
Mais je ne m’occupe ici que de poésie et je n’en trouve pas d’originale
dans son Pathmos apocalyptique.
Cependant, si j’ouvre le livre sur ce poème de l’âge mûr, (intitulé H),
qui est âpre et tourmenté, plein de forces disciplinées, de souvenirs
lourds et d'amertume, je retrouve le meilleur de lui-même, notamment
dans cette fin :
Les voix que tu entends ne viennent plus des choses.
Celle qui a longtemps vécu en toi obscure
T’appelle du jardin sur la montagne! Du royaume
De l’autre soleil! Et ici, c’est la sage quarantième