— 12 — Déjà Quelqu’un s’en va Pour survivre à la nuit L’oiseau vibre comme un réveil Dans le rideau Rayon emprisonné La guêpe a quitté son corset La dame a mis ses bracelets La baignoire est pleine La Mer PIERRE REVERDY UNE NUIT DANS LA PLAINE Je descendis de la colline où le soleil joue dans les glaces du phare. La nuit, derrière la porte où l’on avait rassemblé les races les plus différentes quelqu’un parlait encore, en rougissant. L’exposition de 1900 était depuis longtemps finie. Maintenant on abattait les animaux autrefois exposés. Le succès n’en était pas moins grand. Ici on se recueillait, dans le calme, à l’abri du danger qui menaçait partout ailleurs les autres hommes qui pouvaient compter pour un moment, puis jamais plus. On riait même et l’on pensait tout le mai que l’on n’osait pas dire de son voisin. Quelques fleurs avaient roulé en s’effeuillant sur le bord de la table. * * * Après le premier service on apporta les viandes et l’Indien s’abstint chastement de peur de renouveler son crime et de dévoiler à tous son origine. Un anthropoïde honteux qui était là n’aurait pas voulu man ger son frère, présenté sous un autre nom. Au bout de la table un vieil abbé en habit démodé s’abstint aussi.