ALBERT MARQUET 1875— 1947 Albert Marquet, ne da Bordeaux en 1875, illustrait & douze ans les marges de son manyuel d’histoire. En 1890, il Etait admis a V’Ecole nationale des Arts Decoratifs de Paris on Pavait devance Henri Matisse, «le docteur» desormais compagnon des journees noires et joyeux complice des annees de turbulence, «le pere Matisse» apprenti sorcier. Trois ans apres, a4 ’Ecole des Beaux-Arts, Marquet etait V’eleve de Flameng, Cormon, Aime Morot, Beaudoin puis de Gustave Morean. Aime Morot confrontait sa main avec‘le melange color& de la palette et disait: «Voici quel doit'&tre le ton chair.» Gustave Moreau, infiniment plus cultive, dispensait a ses Eleves des aphorismes un peu hermetiques, toujours intelligents, et se faisait pardonner sa mauvaise peinture par un liberalisme dont on a peut-Etre exagere la portte a force d’en celebrer le caractere exceptionnel, S’il admettait generalement les recherches de ses apprentis, il leur conseillait de‘commettre de preference hors de PEcole, leurs delits picturaux. Et s’il exprimait son respect pour le genie de Manet, de Van Gogh, de Cezanne, il en arrivait 4 conclure, effraye par ses propres paroles, qw'un bon tableau, malgre‘tout, devait toujours ressembler a la peinture des musees. Marquet, «ennemi intime», comme Vl’appelait Moreau, sS’entetait, ne€ taquin, voire chahuteur, a discuter avec quelque irr&verence jusquwau jour ou il s’apercut que ce pedagogue symbolard metait pasısi mal que ca... Ce fut lorsque, appele a son domicile prive, il le surprit a lire, non pas Dante ou Ruysbroeck V’Admirable, mais un‘ vaudeville d’Eugene Labiche. Non, apres tout, Gustave Moreau m’etait pas si mal que ca... Mais le cartesien Marquet entendait contröler les preceptes de son professeur d’apres