HOMMAGE A ROGER DE LA FRESNAYE ROGER DE LA FRESNAYE, qui est mort à Grasse en 1925, était né au Mans, le 11 juillet 1885. Il était issu d’une vieille famille de l’aristocratie normande qu’avait illustrée, au XVI® siècle, Vauquelin de La Fresnaye, l’auteur de l’Art Poëtique. En 1903 il entre à l’Académie Julian où il se lie avec Segonzac, L.-A. Moreau, Boussingault, Lotiron. En 1908 il est à l’Académie Ranson, où professent Sérusier et Maurice Denis. Dès 1910, il s'intéresse aux recherches de Braque et de Picasso. Mais il ne s’enferme pas plus dans l’uniforme du cubisme qu’il ne s’était laissé envoûter par Cézanne dont l’esprit influence ses premiers paysages. La discipline cubiste l’invite à construire énergiquement ses formes. Elle lui inspire une série de natures mortes où les objets, pour être mieux définis dans l’espace, ne perdent pas dans les facettes de l’analyse leur vérité sentimentale. Elle ne l’empêche pas de traduire les plaisirs de la vie ni d’aborder des fresques héroïques telles que L’Artillerie, Le Cuirassier, La Conquête de l'air dont la pathétique éloquence n’a pas d’exemple dans l’art de notre temps. Auxiliaire à la mobilisation, La Fresnaye. qui s’était engagé comme simple soldat dans l’infanterie, contracta, en 1918. la maladie dont il mit plus de sept ans à mourir. Aban- donnant alors les vastes synthèses pour lesquelles la noblesse de sa pensée el la force de son art le désignaient, il se contenta d'exécuter au crayon ou à la sanguine d’admirables dessins où l’on voit à quelle qualité d’émotion le menait la belle discipline qu'il avait eu le courage de se donner. HOMMAGE A CHARLES DUFRESNE CHARLES DUFRESNE, qui est mort en 1938, était né le 23 novembre 1876, à Millemont, d’une famille de marins. Obligé de gagner sa vie, après une courte apparition à l'Ecole des Beaux-Arts, il entre comme commissionnaire chez Alexandre Charpentier, le graveur en médailles. Il ne se consacre à la peinture que vers la trentaine, tout en vaquant à d’autres besognes. En 1910 il obtient une bourse et séjourne, pendant deux ans, à la villa Abd-el-Tif en Alg*rie. Le pays qui émerveilla Delacroix fait remonter en lui les souvenirs de ses ancêtres navigateurs. Dès lors il ne peint plus que des sujets fabuleux. La jungle est son domaine. Il ne quitte pas son atelier, mais l’univers est en lui avec toutes ses richesses, ses surprises. Tl suffit de citer quelques-unes de ses œuvres: Découverte de l'Amérique, Actéon surprenant Diane, Jonas précipité dans les Flots, Le Marché d’Esclaves, L'Enlèvement des Sabines, pour donner la mesure de son inspiration. L'histoire sacrée l’attire et il peint La Tentation de saint Antoine, Le Christ devant le Proconsul, Le Christ aux Outrages. Sollicité par de grands sujets, Dufresne n’empruntait pas au vestiaire de l’Ecole. Il transportait le drame plastique dans le drame humain. dans la culture. C’est sa palette qui créait la magie de ses paysages de rêve. À côté des paysages exotiques, il y a aussi de Charles Dufresne des paysages d’Ile-de- France. Il y a des scènes de foire, des jongleurs, des acrobates, des clowns, des pierrots, des danseuses de corde. Charles Dufresne, qui fut grièvement blessé pendant la guerre de 1914-1918 et intoxiqué par les gaz, avait rapporté de la guerre des gouaches où le tragique s’exprimait avec une gentillesse populaire. Charles Dufresne était un excellent graveur. Il était tout désigné pour être un tapissier, un décorateur d’église. Peu d'années avant la guerre, l’art vivant se réconciliant avec l’art officiel, Charles Dufresne reçut commande de panneaux pour l'Ecole de pharmacie et d’une grande décoration pour le palais de Chaillot. Î c 2