RAOUL DUFY RaouL Durry est né au Havre, le 3 juin 1877. Il commence par gagner sa vie dans les bureaux d’une compagnie suisse d'importation de café, entre à l’Ecole des Beaux-Arts du Havre où il se lie avec Othon Friesz, puis vient à Paris où il retrouve son ami dans l’atelier de Bonnat. Il est d’abord influencé par les impressionnistes et expose au Salon des Artistes Français. De 1908 à la guerre, Dufy se recueille, s’astreint à une discipline austère sous le signe de Cézanne, en même temps qu’il complète les découvertes des Fauves dont il fut, au Salon d’Automne, un des plus ardents pionniers. Boudé alors par le public, Dufy exécute de nombreux travaux d’art décoratif, des tissus pour Bianchini et pour Paul Poiret, des services de table pour Limoges et des papiers peints. C’est après la guerre qu'il réalise l’œuvre féerique qui a fait sa célébrité. Les régions colorées que Dufy organise dans un tableau lui servent plus à créer un climat, une tempé- rature qu'à décrire. Dans cette couleur palpitante le trait court à fleur de vie. Il y a désormais un langage Dufy: le mot Mer, ses vagues, sortes d’accents de l’océan. Il v a son mot Blé, son mot Ciel. Il y a ses bleus de porcelaine, ses rouges claquants, ses verts surpris aux forêts normandes et ses violets d’église. On a cru longtemps que Dufy, dessinateur espiègle, ne saurait peindre que de petits tableaux où s’exaltait, dans la frénésie de la couleur, le souvenir d’une après-midi aux courses, d’une chasse à courre, d’u:i raout au bord de la mer. L’immense peinture murale, la plus vaste qui ait jamais été peinte, qu’il a consacrée à L’Flectricité pour l’exposition de 1937, donne la mesure de son souffle. Grâce à la somptuosité de la matière due à des recherches auxquelles il s’est voué avec passion, cette peinture avait la richesse grasse des primitifs. Dufy avait peint un univers: la campagne et ses élans, ses champs, son ciel. Il y avait l’assemblée des hommes qui ont domestiqué les éclairs, en cotte bleue ou en habit de cour. Dufy, qu’on a cru improvisateur, avait pris comme David soin de peindre nus ses héros. D’innombrables dessins précèdent toujours, d’ailleurs. le moindre de ses tableaux. Raoul Dufy a réalisé aussi de grandes décorations pour le Muséum et pour le palais de Chaillot (La Seine). Il est un de nos meilleurs illustrateurs (La Bestiaire d’Apollinaire» La Forêt normande d’Ed. Herriot). Il est le peintre de la joie de vivre, un peintre de vacances, a-t-il dit un jour. Jusqu’à la guerre, il vivait, l’hiver, dans le midi et, l’été, à Paris, quand la ville avait perdu ses importuns. Il est pourtant le contraire d’un misanthrope. 8