CAMILLE Bomeors est né à Vénaray-les-Laumes en Côte-d’Or, le 3 février 1883. Fils d’un batelier fluvial, ce peintre de l’eau a vécu ses premières années à bord d’un chaland. Son père, ayant pris du service aux chemins de fer, Camille Bombois est à douze ans valet de ferme, gardien de troupeaux, travailleur des champs. À seize ans, sa force herculéenne le désigne comme champion régional de lutte, et il suit un temps les cirques ambulants. Pour réaliser son dessein qui est de peindre, il abandonne le cirque, devient terrassier et se fait embaucher à Paris dans les chantiers du métro. Son seul rêve est de pouvoir peindre pendant le jour. Il lui faut donc travailler la nuit. Il s’embauche dans une imprimerie de journaux pour manipuler les bobines de papier. Blessé trois fois pendant la guerre de 1914-1918, il est titulaire de trois citations et de la médaille militaire. En 1922, Bombois expose ses toiles à la foire aux croûtes à Montmartre. Et bientôt, Florent Fels, Jacques Guenne et W. Uhde découvrent sa peinture. Il peut bientôt se consacrer entièrement à son art. Camille Bombois demande à un de ses premiers amateurs soixante-quinze francs au lieu de cent francs pour une toile qui est son chef-d’œuvre, parce qu’elle n’est pas neuve : elle a été peinte un an plus tôt. C’est cette fraicheur de cœur admirable que Bombois apporte dans sa peinture, dans ses paysages où il s’efforce de traduire avec une vérité hallucinante les vérités que lui transmet son émotion, dans les scènes de cirque où la hiérarchie des personnages est œuvre de ses sentiments. Le miracle de ce peintre au cœur sacré veut que ses personnages prennent parfois dans l’espace l'importance que leur confè- rent, par de minutieux calculs, les géomètres du quattrocento. Bombois ne doit rien à Henri Rousseau dont il a vu des tableaux pour la première fois à l’exposition des Maîtres Popu- laires de la Réalité, en 1937, et à qui il reproche son manque de réalisme… ANDRÉ BAUCHANT est né à Châteaurenault, le 24 avril 1873. Il va à l’école jusqu’à l’âge de 14 ans, puis travaille aux champs. Depuis des années, il partage son temps entre la peinture et l’horticulture. Bauchant est tour à tour sollicité par de grandes compositions sur des sujets de mythologie et d’histoire, par des paysages et par des études de fleurs. On a justement remarqué que ses Grecs et ses Romains ne sont pas plus ni moins vraisemblables que ceux de Poussin, de David ou de Couture. Ce n’est pas pour leur exactitude historique que nous séduisent son Combat des Thermopyles, sa Proclamation de l’Indépendance amé- ricaine, mais par la gentillesse d’un esprit et d’un cœur qui fait songer aux imagiers. Ses fleurs, ses paysages enchantés semblent nés de la main de saint François d’Assise. JEAN EVE JEAN Eve est né, en 1900, à Somain dans le Nord. Il fait son service militaire en Syrie. A son retour, il est dessinateur industriel, puis comptable dans une fonderie, enfin mécani- cien dans une maison d’automobiles. En 1919, Jacques Guenne, Florent Fels et Kisling le découvrent. Il quitte l’usine pour aller peindre dans la région de Mantes. Mais il retourne dans le Nord et redevient un ouvrier. En 1935, à la suite d’un concours, il est nommé employé d'octroi, comme Henri Rousseau (qui n’a jamais été douanier) le fut aux portes de Paris. Jean Eve est lui aussi un poète de l'exactitude. Sur sa toile il bâtit ses maisons comme un maçon, pierre par pierre. Mais il maçonne avec amour comme le maçon des basiliques romanes. Au dos d’un portrait de son grand-père devant un paysage à la manière des primitifs, il a écrit: « Grand-père Delforge, 80 ans, homme de la terre qui, sa vie durant, resta courbé vers elle » 38