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JEUNES PEINTRES
FRANÇAIS
ET LEURS MAITRES
sous les auspices de l’Association Française d’Action Artistique
Organisée par M. Jacques Guenne,
Directeur-fondateur de l’Art Vivant
Athénée de Genève
Kunsthaus de Zurich
Kunsthalle de Berne
Kunsthaus de Lucerne
Kunsthalle de Bâle
avec le concours des Musées d’Albi, de Grenoble, de Lyon,
de collectionneurs et d’artistes.
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JEUNES PEINTRES lupars ET LEURS MAITRES
Von den im gedruckten Katalog erwähnten Wer-
ken sind in der Ausstellung nicht vorhanden:
Kat.Nr.
d Charles Dufresne Composition
19 M. de Vleminek L'enbarcadère
86-—Georges-Bra7077——— asp SOIT
46 J. Lefranc Le château de Josselin
94 Henri Jannot Le phare
97 Jean Lasne Composition
101 Esthève Composition
112 Lucien Lautrec Les musiciens
115 Jean Berthollse Portraits d'enfant
117 Idoux et Lenormand Maquette de fresque
126 Marc Saint-Saens Le snmnambule
135 Couseud Retour au fauvisme
Dagegen enthält die Ausstellung die im Katalog
nicht genannten Werke :
Kat.Nr.
. +0 da Laprade Femmes dans un parc
9a Pierre Bonnard Paysage d'orage
9b Pierre Bonnard Intérieur
draperie rouge
20a M. de Vlaminok Port de pêche
20b M. de Vlaminek La Seine à Chatou
20c M. de Vlaminck Le village
42a Maurice Utrillo Places du Tertre
44a Louis Vivin - La Bourse
44b Louis Vivin Place de la Concorde
44c Louis Vivin La chasse en hiver
48a Camille Bombois Aliée d'arbres
48b Camille Bombois Cascade sur l'’Armançon
68a R. Legueult Jardin
68b R. Legueult Printemps
80a Darel Nature norte
Dauer der Ausstellung: 17. Okt.-15.Nov. 1942
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JEUNES
PEINTRES
FRANCAIS
ET LEURS
MAITRHES
EXPOSITION
GENÈVE - ZURICH - BERNE
LUCERNE - BALE
SEPTEMBRE 1942 - MARS 1943
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J’ai lu chez un vieux chroniqueur qu’aux approches de l’an mille, tandis
que les foules haletantes se pressaient dans l’ombre des basiliques pour y attendre
la fin du monde, de vrais chrétiens comprirent que la seule façon d’honorer le
Seigneur était d’accomplir avec amour son devoir quotidien. À défaut d’ouvrir
dans le fond des Livres d’Heures cet azur fleuri de papillons dont se régalera plus
tard la gentillesse des imagiers du duc de Berry, de sages enlumineurs continuèrent
de tendre leurs feuilles d’or, d’ourler minutieusement de nobles initiales et de
dessiner sans trembler le visage de Dieu.
Jeunes peintres, qui persistez à peindre en cet an que vous me permettrez de
ne pas appeler un an de grâce, vous ressemblez à ces sages de l’an mille qui, pour
faire leur salut, osarent vaquer aux soins du ménage et aux commissions de
l’esprit. Le retour à la terre, vous l’avez accompli à votre manière en reprenant
vos pinceaux. Vous êtes les fils d’un pays qui, depuis huit cents ans, s’il fut
souvent sauvé par les gens des campagnes, n’a pas cessé d’avoir des peintres.
Songez que nous n’avons à peu près rien gardé de cette école romane qui précéda
de deux siècles les éclairs de Cimabué, et tout perdu de ces immenses peintures qui,
au temps du Dante, faisaient envie aux maîtres de l’Italie. De Fouquet à Cézanne,
su la peinture française a négligé les sphères où s’accomplit la mission d’un
Dürer, les orages où le malheur enfante les splendeurs d’or de Rembrandt, les
symphonies païennes où se balancent les élégances d’Italte, les messes pâleso u
tremble l’ardeur de l’Espagne, les kermesses où s’étale la profusion flamande,
la veine épique où purse la Sursse courageuse de Nicolas Manuel à Hodler, elle a
représenté l’univers avec une étendue, une variété, une modération qui n’ont
d’exemple sous aucun autre elimat.
Jeunes perntres, vous n’avez pas désespéré. Certains de vous allaient encore
à l’école pendant la dernière guerre. Vous avez deviné que, si l’on doit parler de
nous dans cent ans, ce sera pour nous féliciter d’avoir vécu au temps de Degas.
de Renoir, de Claude Monet. Vous êtes venus après l’explosion paienne de l’im-
pressionnisme qui libéra la peinture des ragoûts et de la sauce notre des Bolonais ;
après la réaction de Cézanne qui «fit de l’impressionnisme quelque chose de
durable comme l’art des musées »; après le message de Gauguin qui rendu à la
peinture le privilège de l’imagination ; après l’orgie des Fauves qui donna à
la couleur pure une valeur spirituelle ; après l’indispensable rappel à l’ordre du
cubisme en vue d’une reconstruction formelle. Vos deux générations ont eu pour
mission : la première (celle qui comprend les peintres nés autour de 1900) d’orga-
niser les conquêtes de la couleur; la seconde (celle qui compte les peintres nés
dix ans plus tard, et qui parvinrent à l’âge d’homme entre les deux guerres) de
retrouver le sens de l’humain.
Une révolution, dont la prolence allait singulièrement passer la mesure des
expériences techniques, saluait votre éveil. Le surréalisme narssait du nouveau mal
du siècle. S’il s’acharnait à humilier une civilisation que ses adeptes jugeaient
morthonde, il sous-entendait une reconstruction du monde, de l’homme et, dans
sa négation même, de l’art. Pour rendre à la création son état de pureté, il com-
mandait à l’artiste de livrer sans artifices ses rêves ou les entraînements d’une
conscience débrayée. Su dangereux qu’il fût — car il faillit entraîner l’art vers
un nouvel académisme — le surréalisme administra au mal du siècle un efficace
contre-poison. Entraînant surtout des artistes étrangers : Chirico, Dali, Klee,
Max Ernst, Miro, mais aussu André Masson, Pierre Roy, Yves Tanguy, le
surréalisme ouvrait une dimension supplémentaire à laquelle la peinture, réduite
à la carte à jouer, ne semblait pas pouvoir prétendre.
Ce mouvement n’a pas même effleuré les peintres de la première génération,
ceux qui, au lendemain de la guerre, ayant vingt ans, ne songeaient qu’à peindre
leur plaisir de peindre et de vivre. C’est le cas de Legueult, de Brianchon, de
Cavaillès, ces tendres chercheurs d’harmonies qui, nés sous le signe de Matisse
et de Bonnard, chantent les jardins, les danseuses, les fenêtres ouvertes sur la mer,
les rideaux de dentelle, humanisant les beaux prétextes à peindre. C’est le cas de
Walch, ce Chagall français. Le surréalisme a laissé indifférents ceux qui, dans le
paysage ou la nature morte, maintiennent la tradition française, avant eux illustrée
par Suzanne Valadon et Segonzac, tel Planson capable de peindre les jeux des
canotters chers aux impressionnistes et le repos des nymphes, tels Desnoyer, Chastel,
Caillard, Sabouraud, Fages, Charlemagne, ces inventeurs de beaux accents. C’est
le cas de ceux qui recherchent avant tout la composition comme Chapelain-Midy
et Aujame; d’un peintre comme Limouse qui, s’étant régalé de beaux morceaux
de peinture, peut orchestrer, demain, de nouvelles noces dans le décor de Delacroix ;
de ceux-là même qui, comme Roland Oudot, confient à leurs héros la besogne des
paysans de Louis Le Nain ou, comme Poncelet, traduisent par la couleur la
naturelle noblesse des gitanes ou le bariolage des forains.
Les autres, ceux de la seconde génération, ont appris la peinture dans le
caravansérail de Montparnasse, où les académies grouillaient sur le cadavre de
l’Ecole, où les ferments de l’Ecole de Paris faisaient bouillonner l’inquiétude,
où l’aguotage confondait trop souvent les valeurs. Ils ont compris que le malheur
mordaut à nos greniers trop pleins. Ils se sont gavés de désastres. Pour un peu,
surenchérissant sur leurs aînés qui mettaient des moustaches à la Joconde, ils
auratent mis le feu au Louvre. Des hommes à moitié squelettes s’enlisatent auprès
de charrues frénétiques. Dans des espaces où Dieu lui-même se serait perdu, ils
proposaient un univers où il n’y avait pour les humains aucune maison à louer.
Mais les voici devant vous, remontant des profondeurs, blanchis comme des
apôtres. Ils n’ont pas à payer, eux, d’hypothèques esthétiques ni sentimentales.
Le sujet ne leur faut pas peur. L’homme revient. Rassurez-vous : il n’a pas perdu
l’habitude de souffrir. On a baptisé « Forces Nouvelles » la forte équipe où l’on
nomme Robert Humblot, Georges Rohner, Henri Jannot et qui s’incline devant
Jean Lasne «disparu ». Les critiques d’art metient aux peintres des étiquettes
comme aux roses les jardiniers. Passe encore pour Forces Nouvelles, mais qu’on
leur laisse la paix, demandent-ils avec Roger de La Fresnaye. Ces peintres
s’imposent la seule discipline qui puisse ramener la peinture française à son idéal
de logique et de construction: l’exemple des maîtres de la Réalité. Louis Le
Nain, Georges Dumesnil de la Tour, eux-mêmes continuateurs des peintres
du cœur sacré Nicolas Froment, Bourdichon, Perréal, Jean Fouquet.
Non loin d’eux groupés par Jacques Bazaine, d’autres peintres sauvent la
peinture française des dangers de la nuance, les uns par la violence, les autres
par la douceur: Pignon, Estève, Bazaine, Le Molt. Lautree, Claude Venard,
comme les pionniers des Forces Nouvelles, sont dominés par une volonté de
pureté qu’exprime leur nette peinture.
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Suzanne Valadon. Portrait de sa Nièce.
MARIA-CLÉMENTINE VALADON dite SUZANNE VALADON, qui est morte en 1938, était
née le 23 septembre 1867, à Bessines près de Limoges. Toute enfant elle est conduite à Paris,
à Montmartre, où se déroulera sa vie. Dès son plus jeune âge, elle observe les dessins que
font les mouvements de la rue. Sur le trottoir de la place Vintimille, elle trace à la craie
ses rêves de petite fille. Les historiens d’art ont conté que Suzanne Valadon fut acrobate
foraine et qu’elle se rompit le cou en tombant du trapèze. La vérité est autre, si l’accident
eut lieu. Suzanne Valadon, qui était modèle et avait posé pour Lautrec, Renoir et Puvis
de Chavannes, était, à l’âge de 15 ans, cette blonde dont Renoir, dans La Danse à la Ville
et dans bien des nus, exalte la splendeur. Suzanne Valadon eut plus d’un riche admirateur.
Le cirque étant à la mode, elle parut au cirque Molier, comme il arrive aux comédiens qui
font un numéro au gala des Artistes. C’est Toulouse-Lautrec qui. avant vu les beaux dessins
sans complaisance dont elle a déjà le secret, la présente à Degas. Le misogvne accueille
cette enfant, s’émerveille de ses dons naissants. lui achète une sanguine qu’il accroche à
son mur.
À seize ans à peine, Suzanne Valadon est mère de l’enfant qui deviendra Maurice Utrillo.
En 1896 elle se marie avec Paul Mousis et va s’installer à Montmagny. Plus tard, elle fait
la connaissance du peintre André Utter, qu’elle épouse en 1909. C’est André Utter qui
entraîne Suzanne Valadon à peindre.
On ne dira jamais assez avec quelle patience, que nul scandale jamais ne décourage,
Suzanne Valadon contraint au travail l’homme-enfant qu’est Maurice Utrillo, préparant
sa palette, ses pinceaux, arrachant des mains du peintre le tableau, au point de saturité
où le miracle est accompli.
Les modèles de Valadon ? De maigres adolescentes que de vieilles femmes lavent dans
l’eau des tubs, des femmes alourdies par l’âge et par les maternités, qu’elle oblige à s’étendre
sur des divans encombrés d’étoffes. Et puis les fleurs, toutes brûlantes d’être nées de sa
fureur, les étofles luisantes ou mates auxquelles s’accrochent les griffes de ses chats. Ses
familiers aussi, qu’elle représente sans complaisance, qu’elle a groupés dans le Portrait de
famille, dont la cruauté fait penser aux verdicts d’Holbein.
Art volontaire entre tous. Cernés par des traits gras, les volumes s’enchevêtrent. Chaque
objet a le poids qu’il a dans la vie. Ses couleurs font songer à des vitraux inondés de soleil,
à de l’émail. « Simples et durs », disait Degas de ses dessins. Souple et dur cet art d’une femme
qui est bien la seule femme peintre dont on supprime toujours le prénom, pour la désigner,
parmi les meilleurs peintres de ce temps: Valadon.
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L'heure est aux groupes. Voici le groupe « Témoignage » de Lyon. Ecœurés
de médiocrité réaliste, du « ronron douillet », les peintres qui forment cette équipe
ont franchi la brèche ouverte par le cubisme et le surréalisme. L’art, pour eux,
est un témoignage de leur conscience. L’un cherche l’expression picturale pure:
Thomas ; l’autre exprime le drame : Bertholle ; celui-ci la féerie : Pernin ; ceux-là
le mysticusme : les fresquistes Idoux et Lenormand.
L’inquiétude, le mal du siècle, a dévoré Roger Chastel, André Marchand qui
interroge désormars le visage humain avec une belle avidité ; Francis Grüber,
dont le désespoir fut tour à tour contenu ou pathétique. Les enquêtes se poursuivent.
Tantôt sous l’angle de la peinture pure: Gustave Singier, Charles Lapicque.
Manessier. Tantôt sous l’angle du sujet: Jacques Despierre, Raymond Moisset.
Marc Saint-Saens.
La peinture continue. Tal Coat, délivré de ses plaisirs de cendres, découvre
la couleur avec des joies d’amant. Le fauvisme renaît avec Tailleux par la couleur
et par l’esprit. Et nous avons choist un peintre de vingt ans, qui sort déjà des
chantiers de jeunesse : Dany. Devant ses dons, Bonnard s’émerveille. Dany nous
promet de beaux massacres, avant qu’il ne songe à remettre de l’ordre dans sa
maison.
Parmi ces noms qui fleurent le terroir, il s’en est glissé un dont la consonance
est étrangère: Kostia Terechkovutch. J’ai choist ce peintre, parce qu’il montre
comment nos poids et nos mesures peuvent équilibrer les dons d’un artiste,
étranger pourtant à notre climat, au point d’en faire un des meilleurs évocateurs
de nos vergers et de nos filles.
Ce nom rappelle que la France, de Charlemagne à nos jours, n’a pas cessé
d'être pour les artistes, les écrivains, les philosophes, une patrie de l’esprit.
D’Alcuin à Bacon, de saint Thomas à Pétrarque, que de gloires étrangères ont
enrichi notre climat! Faut-il montrer les étudiants de l’Europe entière se pressant
dans les écoles de Saint-Louis, et le duc de Berry « caressant » les artistes des
Flandres, la Bourgogne rivale œuvrant pour nous, l’Ecole d'Avignon, au confluent
de l’Italie et de la Flandre, faisant le point du génie français ? Faut-il montrer
vers 1760, et pendant la Révolution même, Paris devenu l’école normale de l’art
européen ? L'Ecole de Paris a ses signes de noblesse. Comment détacher de notre
sculpture Claus Sluter, de notre peinture Van Gogh, Sisley ou Pissarro ?
Jean Clouet venait de Bruxelles. Et Watteau n’a-t-il pas failli, le plus français
de nos peintres, ne pas naître chez nous ” Pourtant l’Ecole de Paris ne figure
pas ct. Il ne faut pas s’étonner de cette absence : la France se rassemble. Demain,
d’autres enquêtes seront permises.
La France faut l’inventaire de ses gloires. La Grèce était depuis trois siècles
éteinte, quand Rome vint embaumer ses dépouilles. Elle n’avait plus à envoyer à
ses envahisseurs que des rhéteurs et des glorres d’Institut. Et c’est parce qu’elle
n’avaut plus de vrais artistes, qu'incapable de vaincre, il ne lui restait plus qu’à
mourir. Or il nous semble que la France compte encore des architectes, s’il lui
manque une architecture. des philosophes, des savants, des musiciens. Notre
crève-cœur a trouvé son poète, et d’autres chantent français qui ne portent pas tous
des noms de France. Nous tenons avec Maillol un sculpteur qui fait songer aux
Grecs, avec Despiau un modeleur de visages qui rappelle les Gothiques, et tant
d’autres qui prouvent que la France est avant tout un pays de plasticiens. Nous
avons des ferronniers continuateurs de Jean Lamour, des potiers dignes de Palissy,
des ébénisies émules de Boulle, des orfèvres à l’école des Germain. Et des ingénieurs
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Edouard Vuillard. Les Roses.
Epouarp VUILLARD, qui est mort en 1940, était né à Cuiseaux (Saône-et-Loire), le
11 novembre 1868. Il était le fils d’un percepteur. C’est K.-X. Roussel, son condisciple
à Condorcet, qui le poussa à faire de la peinture. D’abord élève à l’Académie Julian, où il
reçoit des leçons de Bouguereau et de Robert Fleury, où il rencontre Bonnard, Ibels, René
Piot, Maurice Denis, Edouard Vuillard entre à l’Ecole des Beaux-Arts dans l’atelier de
Gérôme. Il fait partie du groupe des Nabis dont l’esthétique symboliste est pourtant sans
rapport avec ses préoccupations. Lors de ses débuts, il se rattache à Toulouse-Lautree et.
à travers ce dernier, aux Japonais. Il peint d’abord à la détrempe de grandes surfaces
telles que la Place Vintimille. dont l'agrément décoratif faisait prévoir le décorateur de
la Comédie des Champs Elysées.
Si Bonnard a peint la féerie de la vie. Vuillard en a décrit le confort. Comme les peintres
de la Hollande l’ont fait pour leur pays et pour leur époque, Vuillard montre ces intérieurs
bourgeois où les meubles sont inséparables des humains. Il a réussi cette gageure de faire
de beaux tableaux avec l’affreux décor de l’époque 1880-1890, avec son arsenal de copies de
stvle du faubourg, ses rocking-chairs en bois courbé, ses lampes enjuponnées, ses rideaux
de peluche, ses pare-élincelles et ses plantes vertes, comme il s’est accommodé, dans ses
paysages, des architectures insolentes du quartier Monceau et des Boulevards. Ce qui
prouve bien, comme le proclamaient les Nabis, que la noblesse du décor importe peu ni
l’attitude des personnages, mais seulement le don du peintre disposant. dans ce rectangle
qu’est le tableau, des formes et des couleurs. Quant aux modèles de Vuillard, on sait qu’il
s’agit de vieilles dames penchées sur des travaux d'aiguilles ou buvant une tasse de lait.
de vieux messieurs, de nounous parées de longs rubans, d’enfants frisés qu’on a trop bien
habillés. Il a peint les rares portraits de notre époque, oi la ressemblance est la récompense
d’une synthèse supérieure. Loin de chercher à rendre une impression, c’est à l’accumulation
de petits détails, de petites vérités qu’il doit son triomphe. Il v a chez lui de la patience
du tapissier.
Edouard Vuillard, qui était fort timide, des plus modestes, et qui portait une lavallière
et un chapeau d’artiste, avait fini par se faire élire à l’Institut.
11
HOMMAGE A ROGER DE LA FRESNAYE
ROGER DE LA FRESNAYE, qui est mort à Grasse en 1925, était né au Mans, le 11 juillet
1885. Il était issu d’une vieille famille de l’aristocratie normande qu’avait illustrée, au
XVI® siècle, Vauquelin de La Fresnaye, l’auteur de l’Art Poëtique. En 1903 il entre à
l’Académie Julian où il se lie avec Segonzac, L.-A. Moreau, Boussingault, Lotiron. En
1908 il est à l’Académie Ranson, où professent Sérusier et Maurice Denis. Dès 1910, il
s'intéresse aux recherches de Braque et de Picasso. Mais il ne s’enferme pas plus dans
l’uniforme du cubisme qu’il ne s’était laissé envoûter par Cézanne dont l’esprit influence
ses premiers paysages. La discipline cubiste l’invite à construire énergiquement ses formes.
Elle lui inspire une série de natures mortes où les objets, pour être mieux définis dans
l’espace, ne perdent pas dans les facettes de l’analyse leur vérité sentimentale. Elle ne
l’empêche pas de traduire les plaisirs de la vie ni d’aborder des fresques héroïques telles
que L’Artillerie, Le Cuirassier, La Conquête de l'air dont la pathétique éloquence n’a
pas d’exemple dans l’art de notre temps.
Auxiliaire à la mobilisation, La Fresnaye. qui s’était engagé comme simple soldat dans
l’infanterie, contracta, en 1918. la maladie dont il mit plus de sept ans à mourir. Aban-
donnant alors les vastes synthèses pour lesquelles la noblesse de sa pensée el la force de
son art le désignaient, il se contenta d'exécuter au crayon ou à la sanguine d’admirables
dessins où l’on voit à quelle qualité d’émotion le menait la belle discipline qu'il avait eu
le courage de se donner.
HOMMAGE A CHARLES DUFRESNE
CHARLES DUFRESNE, qui est mort en 1938, était né le 23 novembre 1876, à Millemont,
d’une famille de marins. Obligé de gagner sa vie, après une courte apparition à l'Ecole des
Beaux-Arts, il entre comme commissionnaire chez Alexandre Charpentier, le graveur en
médailles. Il ne se consacre à la peinture que vers la trentaine, tout en vaquant à d’autres
besognes. En 1910 il obtient une bourse et séjourne, pendant deux ans, à la villa Abd-el-Tif
en Alg*rie. Le pays qui émerveilla Delacroix fait remonter en lui les souvenirs de ses ancêtres
navigateurs. Dès lors il ne peint plus que des sujets fabuleux. La jungle est son domaine. Il
ne quitte pas son atelier, mais l’univers est en lui avec toutes ses richesses, ses surprises.
Tl suffit de citer quelques-unes de ses œuvres: Découverte de l'Amérique, Actéon surprenant
Diane, Jonas précipité dans les Flots, Le Marché d’Esclaves, L'Enlèvement des Sabines, pour
donner la mesure de son inspiration. L'histoire sacrée l’attire et il peint La Tentation de
saint Antoine, Le Christ devant le Proconsul, Le Christ aux Outrages. Sollicité par de grands
sujets, Dufresne n’empruntait pas au vestiaire de l’Ecole. Il transportait le drame plastique
dans le drame humain. dans la culture. C’est sa palette qui créait la magie de ses paysages
de rêve.
À côté des paysages exotiques, il y a aussi de Charles Dufresne des paysages d’Ile-de-
France. Il y a des scènes de foire, des jongleurs, des acrobates, des clowns, des pierrots,
des danseuses de corde. Charles Dufresne, qui fut grièvement blessé pendant la guerre de
1914-1918 et intoxiqué par les gaz, avait rapporté de la guerre des gouaches où le tragique
s’exprimait avec une gentillesse populaire. Charles Dufresne était un excellent graveur.
Il était tout désigné pour être un tapissier, un décorateur d’église. Peu d'années avant la
guerre, l’art vivant se réconciliant avec l’art officiel, Charles Dufresne reçut commande de
panneaux pour l'Ecole de pharmacie et d’une grande décoration pour le palais de Chaillot.
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capables, en somme, de construire le plus vaste paquebot, une des plus rapides
locomotives, des barrages puissants, des ponts audacieux ; des artisans qui, au
fond des campagnes, maintiennent un idéal de perfection.
La Suisse est le seul pays qui, avecla Belgique, oppose aujourd’hui des peintres
à ceux dont nous nous honorons.
Jeunes peintres, vous n’avez pas désespéré. Vous saviez que le monde nous
enviait la grandeur de La Fresnaye, le sentument de Vuillard, la franchise de
Valadon, l’imagination de Dufresne, la féerie de Bonnard, le luxe de Matisse,
l’espièglerie de Dufy, la noblesse de Segonzac, les nuances de Marquet, les accents
de Rouault, le désespoir d’Utrillo, les arabesques de Friesz, les vrolences fauves
de Vlaminck, le goût de Braque, la pureté de nos maîtres populaires. Vous saviez
que dans les musées français, largement ouverts désormais à l’art indépendant par la
volonté d’une Direction des Beaux-arts éclairée, vous savrez que dans les musées du
monde entier, en particulier les musées suisses depuis su longtemps favorables
à la peinture vivante, le public était convié à prendre connaissance de vos recherches.
Le bel exemple du musée de Grenoble, auquel nous avons la chance d’emprunter
les pièces capitales de cette exposition, aura porté ses fruus, le bel exemple de ce
musée qui, grâce à une municipalité éclairée, grâce à l’enthousiaste énergie de
son animateur Andry-Farcy, s’honore d’avoir été le premier en date des musées
d’art vivant. Vous saviez qu’allait cesser le divorce qui, depuis plus d’un siècle,
depuis le romantisme, sépare l’artiste de la Société, le divorce qui, si longtemps.
opposa l’art véritable à l’Etat.
Il n’est pas impossible que l’art individuel, issu du romantisme, dont les
expressions les plus diverses ont occupé la peinture soit aujourd’hui dépassé, si
la société qui fut si favorable aux indépendances de l’esprit est relevée par une
autre qui permettra à l’artiste de ne plus produire des œuvres sans destination.
L’art n’a jamais été aussi grand que lorsqu’il répondit aux suggestions d’une
volonté, à la demande d’une élite, à l’appel d’une for. Les révolutions, les malheurs
d’une nation ne trouvent pas obligatoirement un Delacroix pour peindre La
Liberté sur les Barricades ou La Grèce expirante sur les Murs de Missolonghi.
Mais la France est le pays où, cinq ans avant 1789, David rassemble le volonté
du peuple dans l’image implacable du Serment des Horaces. La peinture aspure
désormais à la discipline. « L’art est toujours le résultat d’une contrainte, du
André Gide. Croire qu’il s’élève d’autant plus haut qu’il est plus libre, c’est croire
que ce qui retient le cerf-volant de monter, c’est la corde. » Comment ne pas
appliquer à la peinture ces lignes où Aragon, dans ses vers, si nouveaux d’être
anciens, retrouvant la cadence et l’esprit de la France, livre les beaux secrets de
son métier de poète ? « Il n’y a poésie qu’autant qu’il y a méditation sur le
langage, et à chaque pas réinvention de ce langage. Ce qui implique de briser
les cadres fixes du langage, les règles de la grammaire, les lois du discours.
C’est bien ce qui a mené les poètes si loin dans le chemin de la liberté, et c’est
cette liberté qui me fait m’avancer dans la voie de la rigueur, cette liberté
véritable. »
La France demeure par excellence la terre où l’on pourra toujours, comme le
souhaitait Cézanne, « refaire le Poussin sur nature ». Et ce n’est pas par l’effet
d’un hasard que le destin nous venge de nos catastrophes militaires, en faisant
naître Fouquet l’année même de la défaite d’Azincourt, et en guidant la main de
Renoir, trois ans après Sedan, vers le miracle de la Loge.
Jacques GUENNE.
12
-
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PIERRE BONNARD
PIERRE BONNARD est né le 30 octobre 1867. à Fontenay-aux-Roses. d’une famille
bourgeoise. Son père était directeur au ministère de la guerre. Après avoir été étudiant en
droit, Pierre Bonnard est. en 1888, élève à l’Académie Julian où le massier s'appelle Sérusier
et où il a pour condisciples Vuillard, Roussel, Ibels, René Piot, Maurice Denis. À ces jeunes
d’alors, qui fondent le célèbre diner des Nabis, Sérusier révèle la lecon de Gauguin. Les
Nabis, qu’on appelle aussi les symbolistes et les synthétistes, constataient la pauvreté de
pensée de l’impressionnisme, déploraient son ignorance de la géométrie, s’ils renoncaient
à l’idéal de ressemblance pittoresque dont se satisfait l’art officiel. Ce n’est qu’en 1899,
après avoir échoué au concours de l’enregistrement et avoir fait de timides essais de fonc-
tionnaire au Parquet, que Pierre Bonnard se consacre définitivement à la peinture.
Il est d'abord influencé par Lautrec, puis par les Japonais dont les mises en page. sans
rapport avec les habitudes de l’art occidental, commencent déjà de le tenter. Il est alors
dominé par des préoccupations décoratives, comme en témoignent les quatre panneaux
peints à la colle, qu’en 1891 il expose aux Indépendants. Il brosse des décors de théâtre,
exécute de nombreuses lithographies et affiches, notamment pour la « Revue Blanche » et des
illustrations pour Parallèlement et Daphnis et Chloé, prélude aux admirables illustrations
qu’il donnera dans sa maturité à Ambroise Vollard.
Après les œuvres fraiches de ses débuts. sa palette s’est assombrie. Mais, vers 1905,
il revient aux couleurs claires de l’impressionnisme. Et dès lors c'est la marche triomphale
vers la couleur absolue dont sa vieillesse ne cesse d’attiser le lyrisme toujours plus jeune.
Après avoir fait de nombreux voyages et avoir reçu de la Provence la révélation de son
génie, Bonnard, depuis plus de trente ans, passe l’hiver au Cannet et l’été à Paris et à
Vernon.
Bonnard a peint de nombreux portraits, ceux de Georges Besson, de Vollard, de J. Hessel,
de Vuillard, de Thadée Natanson et de nombreuses jeunes femmes. Il a peint des paysages
d'Ile-de-France et de Provence. Mais il est, avant tout, le peintre-de la Parisienne, de
l’élégante qu’il situe dans l’atmosphère de fête du Jardin de Paris, comme de la midinette
qui s’affaire, un carton à chapeaux au bras, dans le tumulte de la Place Clichy dont son
œuvre, à diverses reprises, a fait vivre le décor.
Il n’a cessé de peindre ces femmes blondes qu’aucune pensée n’occupe et dont la seule
raison de vivre est de cueillir des fleurs, des fruits, de ranger leurs armoires, de se pencher
sur des corbeilles où dorment des laines multicolores, de caresser des chiens aux longues
oreilles, ou encore de laisser resplendir leur chair dans l’eau verte des baignoires.
Dans sa maison modeste du Cannet, Bonnard mène l'existence la plus simple. Ses vête-
ments sont ceux d’un jardinier, d’un artisan. Il fait la queue avec les ménagères. Il n’a
jamais eu d’autre luxe, d'autre ambition que son art. L’interroge-t-on, il parle de miracle,
reconnait qu’il a eu quelques réussites heureuses. Le félicite-t-on d’avoir exalté une après-
midi de soleil, il rappelle, sans se fâcher, qu’il pleuvait ce jour-là, et déclare qu'il n’est pas
mécontent de la tache noire du parapluie. Par le plaisir qu’il nous donne il prouve que
sa vérité est meilleure que la nôtre.
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Henri Matisse. La Lecture
HENRI MaTIssE est né dans le Nord, au Cateau, le 31 décembre 1869. Il est d’abord
clerc d’avoué à Saint-Quentin. Mais, en 1893, venu à Paris pour achever ses études de
droit, il ne peut résister à sa vocation de peintre et entre à l’Ecole des Beaux-Arts. Il passe
successivement dans l'atelier de Bouguereau qui lui enseigne le modelé en vingt leçons
et l’art de blairoter les fonds, dans celui de Gabriel Ferrier, puis dans celui de Gustave
Moreau où il rencontre Marquet, Rouault, Manguin, Camoin et Ch. Guérin. Gustave Moreau
avait le grand mérite de songer moins à enseigner ses élèves qu’à éveiller leur esprit. Matisse
eut moins à se louer de l’enseignement de Cormon et des leçons de Carrière.
Matisse a d’abord peint dans un registre assourdi. Il copiait alors avec frénésie les
œuvres des musées et ignorait les impressionnistes qui ne lui furent révélés qu’à l’ouverture
de la collection Caillebotte. C’est au cours d’un voyage qu’il fit en Bretagne en 1896, en
compagnie du peintre Véry, qu’il décide de travailler sur nature et s’enthousiasme pour
les couleurs pures. C’est alors qu’il peint cette Desserte, pourtant bien sage, qui fit tant
de scandale à la Nationale où il avait précédemment connu des succès. La grande exposition
mahométane, au cours de laquelle il admire les estampes japonaises, achève de le libérer
de l’académisme. Obligé de gagner sa vie, il travaille avec Marquet à la décoration du
plafond du Grand Palais. Jusqu’en 1904 il est hésitant. II fait de la sculpture. Il adopte,
en peinture, la technique divisionniste de Seurat et de Signac. Enfin les toiles qu’il exécute
à Collioure prouvent qu’il a découvert la couleur pure. C’est au salon d’automne de 1905
que, devant sa toile Ordre, Luxe et Volupté, dont le titre pourrait servir de programme
à son œuvre, et devant les peintures rugissantes de Derain, Vlaminck, Rouault, réunies
autour d’une statue d’A. Marque, Louis Vauxcelles peut lancer son fameux: « Tiens, Dona-
tello au milieu des Fauves!». Le mot Fauve était adopté au même titre que l’étiquette
impressionniste. C’est de 1906 à 1911 que datent les grandes toiles de Matisse témoignant
de son mépris des valeurs aériennes autant que de la modulation des tons: La Joie de vivre,
La Danse, La Musique, L'Atelier, Les Aubergines, où les joies de la couleur, orchestrées
dans un espace purement mental, suppléent aux satisfactions de la crédibilité.
Pendant quelques années, Matisse dirige une académie où affluent des élèves venus
du monde entier. Déçu sans doute de voir ses élèves s’acharner à faire du Matisse, il déclare
qu’il faut choisir entre le métier de peintre et celui de professeur.
Deux voyages qu’il fit au Maroc pendant les hivers de 1911-1912 et 1912-1913 eurent
dans son art l'importance, pour Delacroix, du voyage en Algérie, mais déclenchèrent moins
une féerie qu’ils ne lui donnèrent une leçon d'architecture. De 1917 (date à partir de laquelle
il se fixe à Nice) à 1930, Matisse atteint à la maturité heureuse. Il peint surtout des toiles
de petite dimension, dont tour à tour les poissons rouges dans un bocal, les tapis bariolés,
les rideaux de mousseline, les persiennes fermées sur un soleil de feu ou des odalisques
vidées de toute pensée sont les vedettes. À la suite d’un voyage qu’il fait en 1931 en Océanie,
Matisse épure encore son art et se laisse à nouveau tenter par de grandes compositions,
où le jeu qu’il mène avec l’espace offre de nouvelles surprises.
L’œuvre du dessinateur est aussi importante que celle du peintre et d’une variété infinie,
qu’il recourre au modelé pour faire vivre les plans, ou qu’il contraigne les formes à s'exprimer
en surface. Celle de l’illustrateur ne l’est pas moins.
Matisse, qui semble porter sur son grave visage de professeur en Sorbonne aux lunettes
d’or, l’image même de la prudence, reconnaît que son art « consiste à arranger de façon
décorative les divers éléments dont le peintre dispose pour exprimer ses sentiments ». Il compare
sa peinture à un bon fauteuil qui délasse des fatigues physiques. C’est le seul angle sous
lequel son art puisse prétendre à l’humain. Car ce peintre, qui aime le luxe, qui adore la
vie, n’a jamais songé à émouvoir que notre intelligence.
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RAOUL DUFY
RaouL Durry est né au Havre, le 3 juin 1877. Il commence par gagner sa vie dans
les bureaux d’une compagnie suisse d'importation de café, entre à l’Ecole des Beaux-Arts
du Havre où il se lie avec Othon Friesz, puis vient à Paris où il retrouve son ami dans l’atelier
de Bonnat. Il est d’abord influencé par les impressionnistes et expose au Salon des Artistes
Français. De 1908 à la guerre, Dufy se recueille, s’astreint à une discipline austère sous le
signe de Cézanne, en même temps qu’il complète les découvertes des Fauves dont il fut, au
Salon d’Automne, un des plus ardents pionniers. Boudé alors par le public, Dufy exécute
de nombreux travaux d’art décoratif, des tissus pour Bianchini et pour Paul Poiret, des
services de table pour Limoges et des papiers peints.
C’est après la guerre qu'il réalise l’œuvre féerique qui a fait sa célébrité. Les régions
colorées que Dufy organise dans un tableau lui servent plus à créer un climat, une tempé-
rature qu'à décrire. Dans cette couleur palpitante le trait court à fleur de vie. Il y a désormais
un langage Dufy: le mot Mer, ses vagues, sortes d’accents de l’océan. Il v a son mot Blé,
son mot Ciel. Il y a ses bleus de porcelaine, ses rouges claquants, ses verts surpris aux
forêts normandes et ses violets d’église. On a cru longtemps que Dufy, dessinateur espiègle,
ne saurait peindre que de petits tableaux où s’exaltait, dans la frénésie de la couleur, le
souvenir d’une après-midi aux courses, d’une chasse à courre, d’u:i raout au bord de la mer.
L’immense peinture murale, la plus vaste qui ait jamais été peinte, qu’il a consacrée à
L’Flectricité pour l’exposition de 1937, donne la mesure de son souffle. Grâce à la somptuosité
de la matière due à des recherches auxquelles il s’est voué avec passion, cette peinture
avait la richesse grasse des primitifs. Dufy avait peint un univers: la campagne et ses
élans, ses champs, son ciel. Il y avait l’assemblée des hommes qui ont domestiqué les éclairs,
en cotte bleue ou en habit de cour. Dufy, qu’on a cru improvisateur, avait pris comme David
soin de peindre nus ses héros. D’innombrables dessins précèdent toujours, d’ailleurs. le
moindre de ses tableaux.
Raoul Dufy a réalisé aussi de grandes décorations pour le Muséum et pour le palais de
Chaillot (La Seine). Il est un de nos meilleurs illustrateurs (La Bestiaire d’Apollinaire»
La Forêt normande d’Ed. Herriot).
Il est le peintre de la joie de vivre, un peintre de vacances, a-t-il dit un jour. Jusqu’à
la guerre, il vivait, l’hiver, dans le midi et, l’été, à Paris, quand la ville avait perdu ses
importuns. Il est pourtant le contraire d’un misanthrope.
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ANDRE DERAIN
ANDRÉ DERAIN est né le 10 juin 1880 à Chatou, où son père, d’origine picarde, tenait
une boutique de pâtissier. Dès son plus jeune âge, il fait de la peinture. Mais son père qui
veut faire de lui un ingénieur l’oblige à préparer Polytechnique. Après avoir fait un court
séjour à l'académie Carrière où il rencontre Henri Matisse, Derain se lie avec Maurice de
Vlaminek son voisin. Le père d'André Derain était conseiller municipal, celui de Vlaminck
dirigeait la fanfare. Tandis que Vlaminck courait des épreuves cyclistes, Derain, lui, visitait
les musées. En 1992 Derain et Vlaminck ont un atelier commun près du pont de Chatou.
Sans code ni lois, par ces deux géants, l’école de Chatou est fondée.
C’est d'un voyage qu’il fait à Collioure, en 1905, que Derain rapporte ces paysages
fauves qui vont délivrer la peinture des brouillards de Londres. Mais, tandis que Vlaminek
s’enfonçait vers les forêts barbares du romantisme. Derain, lui. gagnait la voie royale du
classicisme.
Il y a la période austère, celle des paysages de Céret, celle des cézanniennes baigneuses
(1908), celle des paysages du Midi, celle de Cadaguez (1910) voisine des recherches de
Picasso. Il y a la période gothique et les œuvres ambitieuses La Cène, Le Samedi (1914).
Après la guerre. vient la série des paysages du Midi, du Lot ou d'Italie avec les arbres
nerveusement dessinés; puis les natures mortes, dont La Table de Cuisine, d’une composition
si noble dans son austérité, marque le sommet: les nus tantôt cruellement sertis, sculpturaux,
tantôts sensibles, frémissants; les portraits de femmes dominés par celui de M”m° Paul
Guillaume, de M"e Jean Renoir, de M”e Osuska; en 1930 les grands paysages de Saint-
Maximin d’une admirable cadence; enfin les natures mortes onctueuses, les fleurs sur fond
noir, les scènes mythologiques. Et toute cette œuvre considérable dominée par Pierrot
et Arlequin qui, réconciliés, mènent leur danse sur les ruines de notre monde en folie.
Derain est peut-être le seul peintre de ce temps qui ait dédaigné d’être actuel. Chacune
de ses toiles est une démonstration. Derain a abandonné les couleurs pures pour les couleurs
d’école. Qu'importe ! il a retrouvé les balancements dont Cézanne fut le dernier à risquer
l’équilibre. Il est le plus cartésien de nos peintres. Mais la seule réalité qu’il tient pour vraie
est celle qu’a établie son esprit. Il a courtisé successivement tous les styles, celui des nègres,
celui des romans, celui de Corot, celui de Cézanne et même celui d’un H. Rousseau. Curio-
sité universelle d’un constructeur qui contrôle ses calculs de résistance, et se soucie plus
du style que de l’humain.
Le peintre ne doit pas faire oublier le décorateur qui. pour les ballets de Diaghilew et du
comte de Beaumont. a réalisé des décors et des costumes féeriques.
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MAURICE DE VLAMINCK
MAURICE DE VLAMINCK est né à Paris, le 4 avril 1876. La famille de son père était
d’origine hollandaise, ce qui expliquerait certains aspects de son destin si sa mère n’avait
été lorraine. Son grand-père était cafetier. Son père musicien, professeur de violon et de
piano se fixe au Vésinet.
A 18 ans, Vlaminek est coureur cycliste. Il fait aussi de la peinture et se marie. Il est
alors un révolutionnaire à tous crins. Vers 1900, il gagne sa vie en jouant du violon dans les
brasseries et donne des leçons de musique. Il publie aussi des romans gais: D'un Lit dans
l’autre, Tout pour ça, Ame de Mannequin. Il y a chez lui de l’homme-orchestre. C’est à cette
époque que Vlaminck, qui s'est lié avec André Derain, partage avec ce peintre un atelier
au pont de Chatou. On sait comment, dans Tournants dangereux qui est l’histoire de sa vie,
Vlaminck a traité celui qui fut son camarade de combat au temps du fauvisme, quand il
«transposait dans une orchestration de couleurs pures tous les sentiments qui lui étaient per-
ceptibles ». C’est en tout cas la plus belle époque de Vlaminck, celle où il aimait. comme il
le dit, la peinture pour elle-même, au point de faire « pour elle des kilomètres à pied ». Vlaminek
ne disposait pas encore des puissantes voitures dont il a tiré depuis tant d’impressions.
Ses biographes précisent qu'il lança la mode du chandail et le genre costaud parmi les
artistes du groupe du Bateau-Lavoir en proie, eux, à une inquiétude intellectuelle et plas-
tique qui ne i’a jamais effleuré. N’était-il pas, lui, l’homme de tous les records ? virtnose,
romancier, tzigane, peintre ?
Vlaminck a été longtemps pour nous celui qui poussait les chansons sentimentales,
qui aimait les lampions et les farandoles, qui haïssait les cheveux frisés au petit fer, le
petit doigt levé pour boire. Il nous paraissait être le peintre le plus populaire de ce pays,
parce qu’il avait les fureurs soudaines du peuple et ses brusques attendrissements. À
l’époque où il méprisait les « beaux mariages », i! nous a conté l’histoire du pain de ménage,
celle du poulet dans son rôle de martyr ridicule, la tête ficelée entre les jambes, celle du
litre de rouge qui fait chanter, l’histoire d’une moisson courbée sous l'orage, d’un champ
épanoui au soleil, d’un arbre qui lutte dans le vent.
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ALBERT MARQUET
ALBERT MARQUET est né à Bordeaux, le 27 mars 1875. Il est élève au lycée de sa ville
natale, puis à l’Ecole des Arts décoratifs, enfin à l’Ecole des Beaux-Arts où, dans l’atelier
de Gustave Moreau, il rencontre Matisse. Au Louvre, il copie Chardin, Lorrain, Poussins
puis a la révélation de Cézanne. Il a des débuts très difficiles et doit travailler en compagnie de
Matisse à la décoration du plafond du Grand Palais. Il peint à Arcueil ses premiers paysages.
De 1908 à 1910, il travaille à l’Académie Ranson où il retrouve Francis Jourdain et Manguin.
Il peint des vues de Paris, puis, dès que l’aisance est venue, il se met à voyager en automobile:
découvre le monde, s’arrétant surtout dans les ports dont il sera l'évocateur serupuleux.
Marquet eut l'intelligence de comprendre qu’il avait une chanson charmante à chanter
et sut ne pas forcer sa voix. L'aspect d’un paysage est pour lui réduit à l’essentiel, à une sorte
de sténographie qui résume parfaitement l'esprit d’un site. Tout est dit, grâce à la sûreté de
ses traits, à la justesse de ses valeurs. On lui doit quelques-uns des paysages de Paris les
plus justes d’atrnosphère, de couleurs qui aient jamais été peints, et des ports du Havre,
de Boulogne, d’Honfleur, de La Rochelle, de Bordeaux, de Rouen, de Marseille, de
Rotterdam, de Naples. Depuis quelques années, Marquet a quitté son atelier du quai
Saint-Michel pour habiter cette Algérie qui lui a inspiré des tableaux d’une vérité plus
acide. Marquet a peint aussi, dans sa jeunesse, quelques nus d’un réalisme assez brutal et
des portraits.
Marquet est tout menu et timide. Il parle peu de son art. C’est le dernier paysagiste.
OTHON FRIESZ
Couverture : Portrait de Karin.
OTHON FriEsz est né au Havre. le 6 février 1879, d’une vieille famille d’armateurs et
de marins normands. Il fut d'abord, à l’Ecole des Beaux-Arts de sa ville natale, en com-
pagnie de Raoul Dufy, l'élève du peintre havrais Charles Lhuillier. En 1898, il entre à
Paris à l’Ecole des Beaux-Arts dans l’atelier de Bonnat. Il copie les maîtres au Louvre,
puis, découvrant l’impressionnisme, y trouve la justification de l’élan qui le poussait à
peindre en plein air. Friesz est un des premiers adeptes du fauvisme, puis est sollicité par la
discipline cézannienne. Après la guerre, sûr de son métier, il s'abandonne à son goût pour le
baroque. Depuis 1922, il passe l’été à Toulon.
Friesz partage entre le classique et le baroque son bel amour de la peinture. Il a aban-
donné les orgies de sa jeunesse pour des harmonies très simples. C’est surtout la cadence
qui le préoccupe. Dans le paysage comme dans les études de nu, il cherche les beaux balan-
cements et ces belles ruptures qui donnent à chacun de ses tableaux l’allure d’une symphonie
bien construite. Il aime les gestes éternels des porteuses d’amphores. C’est l’héritage d’une
hérédité méditerranéenne chez ce Normand qui méprise les brumes de l’océan. Le coquillage
a dû hanter son enfance. Il en goûte les formes tourmentées. Les corps de ses baigneuses,
il aime à les tordre, à les disposer selon des rythmes si divers que l’ensemble de ces vivantes
propose la plus sinueuse des arabesques. Friesz est aussi un peintre de marines. On ne peut
prononcer le nom de Toulon sans penser à lui. Il est peintre aussi des fruits d’automne
opulents, mais sains encore, dont la chair n’est pas vidée encore sous l’excès des soleils.
Il les groupe avec noblesse, sans rechercher un effet décoratif indigne de sa main vigoureuse.
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LE CUBISME FRANÇAIS
GEORGES BRAQUE est né à Argenteuil, le 13 mai 1882. C’est dans l'atelier de son père,
entrepreneur de peinture, qu’il apprend, avec les recettes pour l’imitation du faux marbre
et du faux bois, ces principes techniques que tant de peintres d’aujourd’hui n’ont pas eu
le loisir d’éprouver. Il est, pendant un mois, élève à l’Ecole des Beaux-Arts sous la férule de
Bonnat et de L.-O. Merson. Mais c’est, rue Laffitte, qu’il découvre la peinture avec les im-
pressionnistes, avec Cézanne. En 1906 et en 1907, Braque manie la couleur pure avec les
Fauves. Mais il reproche bientôt aux champions de cette école l’état d’ébauche dont ils se
contentent, et surtout leur obéissance à la réalité. Braque a rencontré Picasso en 1908 et,
bientôt, sous son influence, peint des paysages dont l’analyse géométrique, la décomposition
en cubes provoque une boutade de Matisse qui attache le nom de cubisme à la nouvelle
école. Au sujet prétexte à peindre, Braque substitue la peinture, prétexte à sujet. Pour se
délivrer de l’obsession de l’objet, il en arrive, par un détour inattendu, à introduire dans
son tableau des fragments d’objets, titres de journaux, cartes à jouer: papiers collés.
Pendant la guerre, Braque. qui est l’objet de deux citations, est grièvement blessé et
trépané. De 1917 à 1930, sans renoncer à la discipline cubiste, son art s’humanise. L’aventure
se joue entre des objets très simples: un drap vert, un jeu de cartes. une pipe, du tabac, des
fruits, un compotier, une serviette roulée, un couteau, un verre. On a vu naître aussi, sous
son pinceau, de 1924 à 1929, des nudités monumentales, plus inspiratrices de grandeur
que de sensualité. En un autre siècle que le nôtre. Braque eût été désigné pour peindre des
dessus de portes, des trumeaux. Et quel tapissier il eût été! Avec quelle naturelle majesté.
dans ses décors pour les Fâcheux de Georges Auric, sut-il évoquer Versailles. Depuis 1930,
son art est devenu plus abstrait, plus hautain. Bien que sa pensée ne soit accessible qu’à
ceux qui aiment la peinture pour elle-même, Braque représente par excellence cette qualité
due à une longue patience et ce goût qui sont les vertus de la France.
ANDRÉ LHOTE
ANDRÉ LHOTE est né à Bordeaux. le 15 juillet 1885. Au sortir de l’école primaire. il
entre à l’Ecole des Beaux-Arts pour suivre des cours de sculpture décorative. Il est ensuite
apprenti dans une entreprise de sculpture sur bois. En 1908, riche d’une vingtaine de francs,
il vient à Paris. Il copie, au Louvre, Tintoret et Véronèse. Il découvre l’impressionnisme.
puis subit l'influence de Gauguin. Plus tard, il comprend qu’il reste à transcrire sur le plan
plastique ce que l’impressionnisme a édifié sur le plan de la couleur pure. L’hote a souvent
montré qu'il existe deux cubismes: un cubisme français (bien qu’il emprunte à Picasso des
moyens issus eux-mêmes de l’architecture cézannienne), dont les représentants furent
La Fresnave, Delaunay, Gleizes et lui-même, cubisme d’avant guerre, et un cubisme né
entre 1914 et 1917, inventé par Picasso, cubisme espagnol réduit en formules par Juan Gris
et par Diego Rivera. Ce qui distingue le cubisme français du cubisme espagnol, c’est qu’il a,
lui, le souci de l’atmosphère et de l’humain. Lhote assigne deux rôles au peintre: celui de
regarder la nature, de noter dans des études directes les grandes règles de la vérité contrô-
lable et celui d’utiliser ces études comme prétextes à développements linéaires et plastiques.
À une peinture romantique, c’est-à-dire à base de sensations, d’émotion, de perte de la
conscience, il recommande comme antidote une technique fondée sur le contrôle des sens.
Inspiration romantique, technique classique.
Lhote a souvent été tenté par la description du mouvement. Escale règle le jeu d’un
retour au port, La Partie de Rugby, les gestes de joueurs bariolés. Lhote a peint des portraits.
des nus d’une belle ampleur plastique, et surtout des paysages.
André Lhote, qui est un des meilleurs écrivains d’art français (Traité du Paysage,
Parlons Peinture, La Peinture, le Cœur et l’Esprit, sa collaboration à la N.R.F.) et qui est
un brillant conférencier, est le plus enthousiaste des professeurs. Son académie de Mont-
parnasse était, avant la guerre, fréquentée par des élèves venus du monde entier, attirées
par sa paradoxale intelligence est par l’excellence de ses méthodes d’enseignement. Partout
où Lhote s’installe, il ouvre une académie. Il en a une à Mirmande, et il vient d’en fonder
une dans ce village à moitié en ruines, Gordes en Provence, où, dans un nid d’aigle qui fait
songer à Tolède, il règne sur des paysages qui évoquent Patinir, Breughel ou le Greco.
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LE NATURALISME
ANDRÉ DUNOYER DE SEGONZAC
ANDRÉ DUNOYER DE SEGONZAC est né le 6 juillet 1884 à Boussy-Saint-Antoine (Seine-
et-Oise) d’un père originaire du Quercy et d’une mère franc-comtoise. Il passe son enfance
dans une propriété de famille adossée aux contreforts de la Brie. Il fait ses études au lycée
Henri IV. Sa famille le destinait à Saint-Cyr, il choisit, lui, d’entrer à l’Ecole des Beaux-Arts
et s’inscrit chez L.-O. Merson, puis chez Jean-Paul Laurens où il connait L. Moreau et
Boussingault. Après son service militaire, dont il a réduit la durée de deux ans grâce à une
icence de dialectes soudanais, il s’inscrit à l’Académie Julian, puis à «La Palette» où il est
tour à tour l’élève de Desvallières, de Cottet, de Ch. Guérin et de J.-E. Blanche. En 1906, il
loue un atelier rue Saint-André-des-Arts avec Boussingault et travaille à des natures
mortes excessivement empâtées. En 1908, il part avec L.-A. Moreau et Boussingault en
Provence et peint ses premiers paysages, non pas les aspects des impressionnistes, mais les
gestes puissants des arbres de l'Ile-de-France, la matière grasse et fumeuse de l’humus
de nos campagnes, la vie prudente et calme de nos paysans. Dès 1910, il achève une de ses
toiles maîtresses: Les Buveurs.
La guerre. D’abord fantassin au Bois-le-Prêtre, Segonzac est chargé d’organiser une
section de camouflage. Après la guerre, il travaille tantôt à Paris tantôt à Chaville où, dans
une serre transformée en atelier, il peint ses études de figures et de nus. Au registre assourdi
des Buveurs s'ajoutent, vers 1923, d’autres tonalités. Sa palette, qui connaît toute la gamme
des noirs et des bruns, s'enrichit de gris plus clairs, de mauves plus tendres. Il peint alors de
grandes compositions, des études de figures nues en plein air (1924). Le séjour qu’il fait en
Provence, en particulier au printemps, l’oblige à de nouvelles conquêtes. Ses natures mortes,
en particulier celles où il groupe des corbeilles de fleurs, des chapeaux enrubannés, des
ombrelles mettent, en valeur des couleurs toujours plus vives. Ses nus, par contre, sont
maçonnés avec un extraordinaire mépris de la grâce.
Depuis 1926, Segonzac multiplie les dessins et aquarelles. Autant sa peinture semble
coller à la terre, autant ses dessins, rehaussés d’aquarelle se développent en plein ciel.
Toujours ardent à définir les spectacles les plus émouvants, il a donné dans une série de
dessins les synthèses les plus vivantes de la vie sportive. Segonzac est un de nos meilleurs
aquafortistes. Il a illustré les Chansons aigres-douces de Carco, Les Croix de Bois, Le Cabaret
de la Belle Femme, La Boule de Gui, le Tableau de la Boxe de Tristan Bernard, L’Fducation
sentimentale. Il achève actuellement son chef-d'œuvre: Les Géorgiques.
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ANDRE UTTER
ANDRÉ UTTER est né à Paris, le 20 mars 1886, de parents alsaciens. Depuis son enfance
il fait de la peinture. Il n’a jamais été situé à sa vraie place. André Utter a eu le curieux
destin de devenir le mari de Suzanne Valadon. Il à donc passé une grande partie de sa vie
entre ces deux génies: Suzanne, la terrible Maria dont parlait Degas, cet admirable peintre,
cette tigresse qui n’a jamais vécu que de colère, et Maurice Utrillo, cet inspiré, ce dypsomane
qui organisait l’enfer. André Utter, Suzanne Valadon et Maurice Utrillo (quand ce dernier
n’était pas au poste ou à l’asile) ont successivement vécu à Montmartre, rue Cortot, puis
avenue Junot, dans une villa dont les fenêtres ouvraient sur les ailes du moulin de la
Galette. enfin au château de Saint-Bernard. C’est au dévouement d’Utter que Maurice
Utrillo doit d’avoir vécu, à Saint-Bernard, les rares années relativement heureuses de sa vie
lamentable. Toujours occupé à montrer la peinture de Valadon et celle d’Utrillo, Utter
négligeait de produire la sienne. Utter est un peintre non pas méconnu — les artistes
l’apprécient — mais insuffisamment connu du public; un beau peintre dans la tradition
de nos naturalistes, et dont l’originalité est si forte qu'il à pu vivre auprès de deux grands
artistes. sans jamais subir leur influence
EDMOND CÉRIA
EDMOND CÉRIA est né le 26 janvier 1884, à Evian. A vingt ans, il a le courage de quitter
ce beau pays de Savoie pour venir à Paris suivre, à l’Académie Julian, les cours de Toulouse
et de Baschet. Il a eu, comme plus d’un peintre, une période cézannienne: en 1919, celle de
ses paysages de Toscane. Mais il est vite revenu à des travaux plus modestes. Toute la bonne
humeur de Céria est dans sa peinture. Devant ses paysages de Paris si vrais de lumière,
devant ses nus si pleins, devant ses natures mortes savoureuses, on pense irrésistiblement
à un beau travail d’artisan français. Céria a reçu le prix Carnégie de peinture en 1938
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André Utter. Portrait de Mlle Suzanne Néraud.
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Edmond Céria. La Terrasse des Tuileries.
L’'EXPRESSION
GEORGES ROUAULT
GEORGES ROUAULT est né à Paris, le jour de la prise de Belleville par les Versaillais, le
27 mai 1872. Un obus ayant bouleversé la chambre de sa mère, celle-ci dut accoucher dans
la cave. À quatorze ans, Georges Rouault est apprenti chez un peintre-verrier et restaure
des vitraux gothiques. Il entre à l’École des Beaux-Arts et devient l’élève préféré de
Gustave Moreau. Il concourt deux fois pour le prix de Rome et exécute un Christ pleuré
par les saintes femmes et un Samson tournant la meule qui scandalise fort M. Dagnan Bouveret.
Rouault quitte l’école et, peu de temps après la mort de Gustave Moreau, devient le conser-
vateur du musée qui rassemble les œuvres de son maître.
Les modèles de Rouault: des filles, des clowns, des juges, des bourgeois, Pierrot,
le Christ. Tous ses héros semblent issus d’un laboratoire d’alchimiste. Les noirs déses-
pérants, les blancs lunaires, les bleus d’acier, les rouges volés à quel carnage sans joie semblent
réagir comme des acides. Ce qui donne à l’œuvre de Rouault son caractère frénétique c’est
le combat entre son âme de croyant et sa conscience de plasticien, entre son esprit vengeur
et son cœur indulgent. Les toiles de Rouault sont éclairées de vie intérieure, comme de
lumière les vitraux des cathédrales auxquels elles font irrésistiblement songer. Rouault,
qui est un croyant, aurait pu devenir le grand maître verrier de l’Eglise française, qui ne
peut compter sur des artistes comparables à Alexandre Cingria.
Rouault, dont la peinture a soulevé tant d’indignation, a l’apparence d’un bourgeois
du temps de Louis-Philippe. « Je n’ai jamais travaillé avec les Fauves, dit-il. Ma seule
influence: Rembrandt. »
Rouault, qui est un des meilleurs aquafortistes français, a illustré de nombreux livres
pour Ambroise Vollard. Il a fait également des céramiques.
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Marcel Gromaire. Les Deux Frères.
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Henri de Waroquier. Eglise de Chaumont-en-V exin.
MARCEL GROMAIRE
MARCEL GROMAIRE est né, le 24 juillet 1892, à Noyelles-sur-Sambre, d’une mère flamande
et d’un père parisien. II vit, à Douai, son enfance et termine ses études à Paris. Puis il fait
des études de droit, tout en apprenant à peindre dans des académies libres de Montparnasse,
où des amis lui transmettent l’enseignement de Matisse. Il voyage dans les pays du Nord,
et il n’est pas douteux qu'il est d’abord influencé par l’expressionnisme flamand. L’admi-
ration ‘qui domine sa vie de peintre, et qu’il porte à Rembrandt, autant que son amour
pour les sculpteurs romans l’obligent à tenter, dans un art qui se refuse à tout éparpille-
ment, de vigoureuses synthèses de la vie de notre temps.
Dans les estaminets du Nord, il a montré des Buveurs de Bière à peine équarris mais
d’une grandeur pathétique. Il est le-seul peintre qui ait su évoquer La Guerre dans la résigna-
tion des soldats pesants comme l’acier des canons énormes dans lequel leurs capotes, comme
leurs casques, semblent taillés. Lui-même, chasseur à pied pendant la guerre de 1914-1918,
fut grièvement blessé. Dans une série de synthèses: La Loterie foraine, La Rue, La Batelière,
il a montré à quelle grandeur peut atteindre le symbole, quand il est traduit par un homme
tel que lui. Il a peint des paysages au soleil gris, où le jour s’élève de pesantes mottes de
terre, mais où les champs sont franchements verts, les toits d’un rouge absolu. Il à peint
des nus sans complaisance, mais d’une noblesse élémentaire. Il y a dans ses tableaux une
magie de vitrail. Il était désigné pour être un grand tapissier. Et Aubusson, rénové sous
l’impulsion d’André Lurçat et de Gromaire, tisse aujourd’hui les belles tentures de Gromaire.
HENRI DE WAROQUIER
HENRI DE WAROQUIER est né à Paris, le 8 janvier 1881, d’une famille parisienne. C’est
en se rendant au lycée qu’il put admirer, rue Le Pelletier et rue Laffitte, chez Durand-Ruel
et chez Vollard, les impressionnistes et Cézanne. H. de Waroquier — c’est une originalité —
n’est passé ni par l’Ecole des Beaux-Arts ni par aucune académie libre. On le voit tour à
tour influencé par les Japonais et peignant des paysages de Bretagne, puis, à la suite d’un
voyage en Italie en 1912, sollicité par l’architecture des primitifs. Vers 1917, il peint dans
de sévères harmonies brunes des paysages imaginaires, puis revient aux études sur nature,
que jalonnent ses toiles d’Italie et d’Espagne (1920-1921). Enfin cet homme de grande
culture, ce chercheur passionné, étonné de l’indifférence de ses contemporains devant le
visage de l’homme, s’attache, depuis quelques années, à fixer plastiquement les aspects
de la souffrance. Chargé de décorer, pour le théâtre du palais de Chaillot, un vaste panneau
voué à la Tragédie, il a peint un visage confus, sanglant, irresponsable qui a tous les traits
d’une époque dont la stupidité balance l’héroïsme.
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LES MAITRES POPULAIRES DE LA RÉALITÉ
MAURICE UTRILLO
MAURICE UTRILLO est né à Montmartre, le 26 mars 1883. II était le fils nature! de
Suzanne Valadon, alors âgée de 16 ans, et d'un certain Boissy. S’il ne devait être reconnu
ni par son père, ni par l’honorable Paul Mousis, qu’après les orages de sa vie de modèle
avait épousé Suzanne Valadon, il tient son nom d’un espagnol, Miguel Utrillo, qui, par
galanterie, le reconnut, le 8 avril 1891. Dès l’âge de 10 ans Maurice Utrillo, qu’on à mis
demi-pensionnaire au collège Rollin (ses parents habitent Montmagny), s’adonne à la
boisson. Quand il a seize ans, on tente de faire de lui un employé de banque. Deux ans
plus tard, on doit l’interner à Sainte-Anne. C’est alors que les médecins recommandent la
peinture comme dérivatif à son vice. Maurice Utrillo est bientôt pris au piège de ces devoirs
de vacances qui sont devenus sa seule récréation. Dès 1905, apparaissent les toiles de
Montmagny très empâtées, dans un registre sombre et d’un désespoir absolu. Vers 1907
Utrillo est sollicité par l’impressionnisme, et certaine toile, comme Notre-Dame pavoisée,
fait songer à Monet. Bientôt il imagine de recourir à un mélange de plâtre et de colle qui va
lui permettre de maçonner les merveilleuses constructions de l’époque blanche (1909-
1914). Il peint alors ces murs interminables qui semblent se carier comme des dents mau-
vaises, ces perspectives infinies, qu’ouvrent dans les villages des rues où l’on donne à boire
à chaque porte. Ses chefs-d’œuvre sont ses cathédrales qu’il bâtit pour se faire pardonner
par Dieu ses péchés, ses églises romanes que bordent des arbres grelottants.
Dès 1909, Utrillo ne peint plus que d’après des cartes postales, et souvent à la tombée
du jour dans l’arrière-boutique d’un marchand de vins, où il troque une toile contre un
litre de vin noir. En 1913, il rapporte d’un voyage en Corse des toiles plus vives de couleurs.
Après un nouvel internement en 1916 (car Utrillo partage sa vie entre le poste de police,
l’asile et la maison de sa mère) ses toiles se font de plus en plus claires. Ni ses malheurs,
ni les exigences des marchands, qui prétendent le ramener à la manière blanche n’arrêtent
dans son essor cette exaltation. Il semble que son âme soit bariolée de joie. Sa matière
devient luisante comme de l’émail. Mais, dès 1928-1930, le miracle cesse d’opérer. Maurice
Utrillo, depuis, s’est marié. Il habite Le Vésinet. Sa femme fait dire dans les gazettes que
Maurice est devenu très sage.
L’étape est longue pour cet éternel prisonnier qui le conduit, de la période où il brosse
sur n’importe quel couvercle de boîte à cigarres, sur un méchant bout de papier, une vue
de Montmartre, à celle où, jalousement gardé par sa mère, il peint avec de beaux pinceaux
sur des toiles toutes neuves, comme les vieux font des patiences et les enfants des construc-
tions. Utrillo a toujours paru irresponsable du miracle qui, sous sa main, s’accomplit. Son
génie est sans doute ce Dieu qu’il prie avec ferveur chaque soir. un long chapelet entre les
doigts, et qui l'a si souvent exaucé
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CAMILLE Bomeors est né à Vénaray-les-Laumes en Côte-d’Or, le 3 février 1883. Fils
d’un batelier fluvial, ce peintre de l’eau a vécu ses premières années à bord d’un chaland.
Son père, ayant pris du service aux chemins de fer, Camille Bombois est à douze ans valet
de ferme, gardien de troupeaux, travailleur des champs. À seize ans, sa force herculéenne
le désigne comme champion régional de lutte, et il suit un temps les cirques ambulants.
Pour réaliser son dessein qui est de peindre, il abandonne le cirque, devient terrassier et se
fait embaucher à Paris dans les chantiers du métro. Son seul rêve est de pouvoir peindre
pendant le jour. Il lui faut donc travailler la nuit. Il s’embauche dans une imprimerie
de journaux pour manipuler les bobines de papier. Blessé trois fois pendant la guerre de
1914-1918, il est titulaire de trois citations et de la médaille militaire. En 1922, Bombois
expose ses toiles à la foire aux croûtes à Montmartre. Et bientôt, Florent Fels, Jacques
Guenne et W. Uhde découvrent sa peinture. Il peut bientôt se consacrer entièrement à son
art.
Camille Bombois demande à un de ses premiers amateurs soixante-quinze francs au
lieu de cent francs pour une toile qui est son chef-d’œuvre, parce qu’elle n’est pas neuve :
elle a été peinte un an plus tôt. C’est cette fraicheur de cœur admirable que Bombois
apporte dans sa peinture, dans ses paysages où il s’efforce de traduire avec une vérité
hallucinante les vérités que lui transmet son émotion, dans les scènes de cirque où la
hiérarchie des personnages est œuvre de ses sentiments. Le miracle de ce peintre au cœur
sacré veut que ses personnages prennent parfois dans l’espace l'importance que leur confè-
rent, par de minutieux calculs, les géomètres du quattrocento. Bombois ne doit rien à Henri
Rousseau dont il a vu des tableaux pour la première fois à l’exposition des Maîtres Popu-
laires de la Réalité, en 1937, et à qui il reproche son manque de réalisme…
ANDRÉ BAUCHANT est né à Châteaurenault, le 24 avril 1873. Il va à l’école jusqu’à
l’âge de 14 ans, puis travaille aux champs. Depuis des années, il partage son temps entre la
peinture et l’horticulture. Bauchant est tour à tour sollicité par de grandes compositions
sur des sujets de mythologie et d’histoire, par des paysages et par des études de fleurs. On a
justement remarqué que ses Grecs et ses Romains ne sont pas plus ni moins vraisemblables
que ceux de Poussin, de David ou de Couture. Ce n’est pas pour leur exactitude historique
que nous séduisent son Combat des Thermopyles, sa Proclamation de l’Indépendance amé-
ricaine, mais par la gentillesse d’un esprit et d’un cœur qui fait songer aux imagiers. Ses
fleurs, ses paysages enchantés semblent nés de la main de saint François d’Assise.
JEAN EVE
JEAN Eve est né, en 1900, à Somain dans le Nord. Il fait son service militaire en Syrie.
A son retour, il est dessinateur industriel, puis comptable dans une fonderie, enfin mécani-
cien dans une maison d’automobiles. En 1919, Jacques Guenne, Florent Fels et Kisling
le découvrent. Il quitte l’usine pour aller peindre dans la région de Mantes. Mais il retourne
dans le Nord et redevient un ouvrier. En 1935, à la suite d’un concours, il est nommé employé
d'octroi, comme Henri Rousseau (qui n’a jamais été douanier) le fut aux portes de Paris.
Jean Eve est lui aussi un poète de l'exactitude. Sur sa toile il bâtit ses maisons comme
un maçon, pierre par pierre. Mais il maçonne avec amour comme le maçon des basiliques
romanes. Au dos d’un portrait de son grand-père devant un paysage à la manière des
primitifs, il a écrit: « Grand-père Delforge, 80 ans, homme de la terre qui, sa vie durant,
resta courbé vers elle »
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Camille Bombois. Portrait du Peintre.
«LE PLAISIR DE VIVRE»
MAURICE BRIANCHON
MAURICE BRIANCHON est né le 11 janvier 1899, à Fresnay-sur-Sarthe. En 1915, élève
aux Arts décoratifs, il se lie avec Oudot et Legueult avec qui, pendant de nombreuses
années, il partage son atelier. Brianchon, qui a un culte pour Manet, doit beaucoup à
Matisse et à Bonnard. Il est un de ces peintres nés autour de 1900 dont la mission aura
consisté surtout à exploiter les conquêtes de ces deux maîtres et à réconcilier l’humain
avec la couleur. Brianchon retrouve l’espace vivant. Il y inscrit des personnages qui ont
une personnalité. Certes il a conservé le goût du décor de Matisse, mais son art ne se limite
plus à une organisation de la surface. Il aime à grouper des femmes dans un intérieur. De
1928 à 1931, renouvelant les sujets chers à la peinture claire, il a peint de nombreuses
scènes de cirque et de music-hall. La nature, pour lui, n’est plus seulement un décor de
théâtre. Il s’émeut devant l’horizon marin autant que devant l’élégance des plages ou des
champs de courses. Brianchon est un des plus doués de cette équipe de peintres qui, soucieux
seulement de représenter le bonheur de vivre, n’ont pas été touchés par l’inquiétude qui
contraint à des inventaires dramatiques les artistes nés dix ans après eux. Maurice Brianchon
a obtenu le prix Blumenthal en 1924.
RAYMOND LEGUEULT
RAYMOND LEGUEULT est né à Paris, le 10 mai 1898. Elève à l’Ecole des Arts décoratifs
en 1914, il quitte l’école de 1917 à 1919 et, à son retour de la guerre, y retrouve Brianchon.
Legueult a un goût des plus sûrs. Il est la distinction même. Matisse l’a évidemment long-
temps dominé, mais Legueult recherche des modulations dans la couleur qui n’ont rien de
comparable aux franches définitions du maître de La Joie de vivre. Ses tableaux, toujours
très décoratifs, font songer à de beaux tapis. Il est peut-être vain de s’étonner que les formes
ne soient pas mieux serrées, puisque Legueult recherche avant tout des harmonies de
couleurs. Legueult était tout désigné pour brosser des décors de théâtre. Lauréat du prix
de peinture en 1933, Leguelt est, depuis 1925, professeur à l’Ecole des Arts décoratifs
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André Planson. Nymphe endormie.
JULES CAVAILLES
JuLEs CavaiLLÈs est né à Carmaux, le 20 juin 1901. Il prépare les Arts et Métiers
et devient dessinateur industriel aux mines de Carmaux. En 1922 il arrive à Paris, plus
riche de dons que d’argent. Il entre à l’Académie Julian chez Paul-Albert et Pierre Laurens,
les fils de Jean-Paul, qui lui interdisent de peindre, l’obligent à dessiner sans fonds, ce qui
risquait de compromettre chez lui le sens des valeurs et lui enseignent, entre autres vérités
d’Ecole, qu’il n’y a pas de creux dans le corps humain. De 1923 à 1926, il expose au Salon
des Artistes Français. Il visite le Louvre, s’exalte devant Degas, Renoir, puis découvre
Matisse et Bonnard qui sont ses véritables maîtres.
Cavaillès a un faible pour les guéridons Louis-Philippe, les bouquets de mariée, les
guipures et les dentelles, les robes fanées, les opalines, les automates. Comme Matisse
et comme Bonnard, il aime les nappes bleues, les tapis d’Orient. Comme le maître de Nice,
il se plait à peindre la fenêtre ouverte sur la mer. Mais si Cavaillès cherche l’arabesque chère
au peintre des odalisques, s’il tente, comme Bonnard, d’unir !es objets par des raisons à la
fois plastiques et sentimentales, il a plus qu’eux le sens du réel, le souci de la crédibilité.
Il a des couleurs bien à lui, ses verts amande, ses lilas. Jules Cavaillès a obtenu le prix
Blumenthal en 1936.
ANDRE PLANSON
ANDRÉ PLANSON est né, le 10 août 1898, à La Ferté-sous-Jouarre. Il a fait une courte
apparition à l’Académie Ranson. Il est, lui aussi, de cette génération qui n’a pas été touchée
par le mal du siècle. Planson a longtemps traité avec bonheur les sujets des impressionnistes,
les belles vacances au bord de l’eau. Il a atteint dans le paysage à la maîtrise, ne se conten-
tant pas de définir l’allure d’un site, mais exprimant son émotion avec une matière toujours
très riche. Maintenant, il est sollicité par des vastes compositions où il chante avec des
couleurs plus vives Le Repos des Nymphes ou Le Songe d’une Nuit d’Eté. Planson a exécuté
de grandes décorations pour l’Institut agronomique. Il a reçu, en 1932, le prix Blumenthal.
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KOSTIA TERECHKOVITCH
KosTia TERECHKOVITCH est né le 1e" mai 1902, à Mécherskaïa près de Moscou. Dès
son enfance, il s’émerveille devant la peinture française, en visitant les collections de
M. Stchoukine, plus tard réunies au Musée d’art moderne de Moscou. Cézanne, Gauguin,
Matisse, Derain lui sont familiers. Il entre à 15 ans à l'Ecole des Beaux-Arts pour préparer,
à la demande de ses parents, une carrière d’architecte plus convenable, pensent-ils, que celle
de peintre. Mais Terechkovitch n’a qu’une idée: venir en France, pour voir de près cette
peinture qui l’a bouleversé. Après une extraordinaire odyssée il parvient à débarquer à
Marseille. Après avoir vécu de besognes sur le port, il peut venir à Paris. Il arrive un matin
d’août 1920. Il est d’abord livreur, puis entre chez un sculpteur, et accepte de poser nu Le
Travail aux côtés de La Démocratie.
Dès 1922, Kostia Terechkovitch apporte au directeur des Nouvelles Liltéraires, Jacques
Guenne, des toiles où l’on voyait des maisons toutes de guingois avec de jolis roses, de jolis
verts et de petits personnages de couleur. Après la peinture française, après Renoir et
Bonnard, qui sont ses peintres préférés, il découvre notre pays. Et ce qu’il a d’un peu
barbare fond au soleil de l’Ile-de-France, non sans laisser quelques beaux souvenirs. Il a,
d’abord, peint le portrait du garde champêtre d’Avallon, dont le nez s’agrémente de la raie
de Chardin. Puis, il a peint nos vergers, nos filles, nos ballerines. Le French Cancan lui
a permis d’offrir à sa peinture de beaux éclaboussements. Il a peint nos saint-cyriens.
Il a épousé la plus douce jeune fille de Normandie. Ses enfants sont de beaux enfants de
France. Il a fait le portrait de Bonnard, de Matisse, de Derain, d’Utrillo qui sont de précieux
témoignages. Terechkovitch, malgré son nom, est un des meilleurs peintres français d’aujour-
d’hui. Je comprends mieux désormais pourquoi si tristement, il y a vingt ans. il me deman-
dait: « Qu'est-ce que c’est: la Tradition ? -
CHARLES WALSCH
CHARLES WALscH est né à Thann en Alsace. Son art, à mi-chemin entre la peinture
et l'imagerie, est sous le signe des fleurs dont l’exubérance s’installe au milieu de ses paysages,
de ses compositions. Ses curieux personnages semblent les figurants d’une fête perpétuelle.
La joie est universelle. Elle naît de ses couleurs pimpantes. On a parlé de Chagall à propos
de Walsch, mais il n’y a pas de rapport entre les héros du peintre de Vitebsk qui marchent
sur les toits, frappent le ciel de leur canne, et les acteurs de Walsch qui, pour jouer l’opérette.
adhèrent bien au sol.
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Roger Limouse.
Le vase romantique.
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Le Toréador.
LE PAYSAGE - L'OBJET
ROGER LIMOUSE
RocEr LIMOUSE est né à Callo en Algérie, le 19 octobre 1894. Elève à l’Académie
Julian, il est un de ceux qui ont eu le souci de se munir d’un solide métier. Si Limouse
a bénéficié des découvertes de ceux qui l’ont précédé, il ne subit aucune influence. Il a
une abondance, une générosité bien rare à une époque où les adaptateurs sont légion. Il
a le goût du risque. Il n’hésite pas à grouper dans une vaste toile un grand nombre de
personnages et sait leur imposer leur place dans l’espace. Il a naturellement sur sa palette
les magies de l'Orient et n’a pas peur et n’a pas honte d’aborder les sujets de Delacroix.
Il peint aussi avec gourmandise les tables chargées de gâteaux et de fruits et. avec quelle
féerie, les accessoires du bal et de la fête.
Lauréat du prix des Vikings, Limouse est professeur de dessin à la Ville de Paris.
CHRISTIAN CAILLARD
CHRISTIAN CAILLARD, Qui est né à Clichy près de Paris en 1899, est un de ces peintres
complets qui est sollicité par le paysage autant que par la figure, par le nu autant que par
la nature morte. Il a su évoquer, avec un beau luxe d’éclats, la magie de la terre marocaine,
mais il trouve pour peindre la-Bretagne les discrétions les plus précieuses.
ARTHUR FAGES
ARTHUR Faces est né à Toulouse. Fages est un peintre de paysages et de natures mortes,
dominé par l’art des beaux groupements.
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EMILE SABOURAUD
EMILE SABOURAUD, Qui est le fils du grand dermatologiste disparu. est né à Paris
le 17 novembre 1900. Il y a de lui des paysages où la vie de nos villages est restituée avec
une belle émotion. Il est aussi un peintre qui excelle à grouper les étoffes échappées d’un
coffret ouvert. les vieux livres et les instruments de musique.
FRANÇOIS DESNOYER
FRANÇOIS DESNOYER est né à Montauban, le 30 septembre 1894. Les sujets les plus
divers l’ont tenté. Il a peint non seulement des paysages d’Albi et le Capitole de Toulouse,
mais des vues de Prague, des marchés de Slovaquie, les sports d’hiver, le portrait de Marianne
Oswald, des visages d’I£spagnoles, un enfant qui dort, des intérieurs. Une robe à carreaux
noirs, une robe rouge suffisent aussi à l’occuper
ROGER CHASTEL
RoGER CHASTEL est né le 25 mars 1897. Il est, à l’Académie Julian, élève de Jean-
Paul Laurens. Il fait d’abord de la caricature. Dès 1922, il se consacre à la peinture. Il
est tour à tour influencé par les cubistes et par Modigliani. L’émotion qu’il éprouve devant
le visage humain le libère peu à peu de ce que son art intellectuel avait d’un peu tendu.
Chastel a réalisé une grande décoration pour le Palais de la Société des Nations. Il 1 été
lauréat du prix Paul Guillaume.
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Maternité.
LE RETOUR À L’'HUMAIN
ROLAND OUDOT
ROLAND OUDOT est né à Paris, ie 23 juillet 1897. Il est élève à l’Ecole des Arts décoratifs
de 1912 à 1914. T] à collaboré avec Léon Bakst pour des décors de ballets russes et. ensuite.
avec Sue et Mare pour qui il a dessiné des tissus et des meubles.
Oudot a des ambitions de poète. Il est un des rares peintres de sa génération qui aient
songé à restituer sa dignité au visage humain. Aussi a-t-il peint quelques portraits d’une
vérité vivante. Ses personnages ne sont jamais des mannequins. Très sensible à la majesté
des champs, Oudot a peint de nombreuses et nobles évocations du travail des paysans,
dans des décors qui, dans ses meilleures toiles, se libèrent de certaines allures de théâtre
MAURICE PONCELET
MAURICE PONCELET est né, le 4 jinin 1897, à Mulhouse. Sa conduite pendant la guerre
de 1914-1918 lui a valu la Légion d’honneur et la médaille militaire. Maurice Poncelet
se montre aussi dédaigneux d’une peinture recevant des songes ses messages que d’un art
adoptant l'optimisme de ses aînés. Poncelet n’abandonne rien des conquêtes des Fauves,
et il y a dans sa palette des franchises qui ne manquent pas d’acidité. Mais il est trop humain
pour ne songer qu’à des effets de couleurs. Il est sollicité par les spectacles les plus variés
de la vie. Il a peint des acteurs du cirque et des gitanes dont la naturelle noblesse le séduit.
Mais ce n’est pas le pittoresque des costumes et des attitudes qui le retient. Le monde est
assez vaste pour renouveler ses sujets. Poncelet est assez vaillant, assez sûr de son beau
métier, pour les traduire.
En 1930 Poncelet s’est, vu décerner le prix Blumenthal.
51
LA COMPOSITION
JEAN AUJAME
JEAN AUJANE est né à Aubusson, le 12 mai 1905. Après des études de droit et un court
passage à l’Ecole des Beaux-Arts de Rouen, il s’est consacré à la peinture. Aujame est un
de ceux qui ont exprimé avec le plus de désespoir l’inquiétude des jeunes hommes de sa
génération. Il a montré dans certaines de ses toiles les hommes luttant contre les éléments,
contre la boue, contre le vent. Avant la guerre, son œuvre tendait à une plus grande sérénité
et se plaisait à nouer de belles cadences, notamment dans ses évocations des îles Canaries.
Aujame a reçu en 1935 le prix Paul Guillaume. Il est actuellement prisonnier de guerre en
Allemagne.
ROGER CHAPELAIN-MIDY
RocERr CHAPELAIN-MipY est né à Paris, le 24 août 1904. Reçu au concours de l’Ecole
des Beaux-Arts en 1928, il ne peut tenir longtemps dans l’atclier Cormon. Il travaille avec
Ch. Guérin et avec André Favory. Il entreprend, ensuite, une série de voyages, visite les
musées d’Espagne, de Hollande, de Belgique, d’Allemagne. d'Angleterre avec une curiosité
passionnée. Car l’ambition de Chapelain-Midy est de réconcilier la peinture vivante avec
l’art des musées et de rétablir l’homme dans sa dignité. Il est obsédé par la pensée des
maîtres. Il a une virtuosité qui n’est pas sans dangers, mais il fait preuve dans ses composi-
tions d’une ambition qui force l’estime. Il a obtenu, en 1930, le prix des Muses; en 1938 un
prix Carnegie. Il a réalisé une vaste décoration: Le Vin pour l’Institut agronomique.
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LE SURREALISME
YVES TANGUY
Yves Tanaur est né à Paris, le 5 janvier 1900. Il ne peint que depuis 1926. Tanguy est.
avec Pierre Roy et André Masson, un des adeptes du surréalisme qui a surtout inspiré
des artistes étrangers: Chirico, Max Ernst, Miro, Dali. Il est un de ceux qui ont tenté de
délivrer l’objet de l’obsession de son utilité, de créer, entre des choses sans rapport entre
elles, ces rapprochements dont use, avec les mots, l’image poétique.
Au marché aux puces, les hasards du manque d’art groupent parfois, avec une fantaisie
pathétique, des objets qui ne sont pas destinés à entrer en relations. La peinture est chose
mentale, dit Léonard, pour ajouter sans délai qu’elle est fille légitime de la nature. Quel que
soit le truchement par lequel l'esprit dicte son message, c’est la main du peintre qui fait
avec ce message de la bonne ou de la mauvaise peinture. Les plus diaboliques arrangements
prennent un petit air Saint-Sulpice, quand ils sont traduits à la façon de Meissonier. Les
photographes font mieux dans le genre avec les photo-montages, les solarisations, les clichés
doublés. Le moindre trompe-l’œil est souvent plus chargé en mystères que le plus sincère
tableau onirique. Par contre, il suffit de citer Jérôme Bosch. Breughel, W. Blake. Redon.
Ensor, pour suggérer les éternelles richesses du surréalisme. Tanguy, dans ses évocations des
profondeurs sous-marines. a souvent atteint à une authentique poésie des couleurs.
L’ONIRISME
JEAN LURÇAT
JEAN LuURÇAT est né à Bruyères dans les Vosges, le 1° juillet 1892. Avant la guerre
de 1914-1918 il travaille chez Victor Prouvé, l’animateur de l’Ecole de Nancy. Après
la guerre. Lurçat parcourt le monde. C’est un voyage qu’il fait au Sahara. en 1924, qui
semble avoir éveillé en lui ce goût des paysages lunaires. désertiques dont il exprimera la
magie avec une verve décorative qui le désignait pour d’autres travaux. C’est à l’action de
Jean Lurçat, favorisée par Guillaume Janneau, l’administrateur des Gobelins et de Beauvais,
qu’on doit la renaissance de la tapisserie française d’Aubusson. Aux tentures au point fin
de Beauvais aux milliers de nuances, dont la technique contraste avec les besoins de notre
époque. Lurçat substitue le gros point aux 40 nuances qui permettra à des artistes tels
que Gromaire. Dufv, Derain et à lui-même de s’exprimer intensement.
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PROBLEME DE LA FORME
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PROBLEME DE LA COULEUR
LE GROUPE « FORCES NOUVELLES »
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T d’abord Jean Lasne « disparu » (1941) I était
JEAN LASNE né à Bolbec, le 7 octobre 1911. Il avait été
employé des Postes. Il avait obtenu. en 1836,
le prix de Rome en liberté. Il a peint, dans
un registre des plus humbles, tour à tour des
scènes dramatiques avec des personnages qui
Ï ne sont pas sans évoquer l’allure des héros
ROBERT HUMBLOT de La Fresnaye, et des villes imaginaires et
toujours désertées, dont la noble architecture
GEORGES ROHNER donnait à l’homme des leçons.
l Autour de Jean Lasne, Robert Humblot,
Georges Rohner, Henri Jannot, Claude Ve-
nard forment une équipe homogène sous le
HENRI JANNOT signe de la pureté, du dessin implacable, des
couleurs franches.
Nous l’avons dit: ils ont d’abord fait le
vide dans leur esprit. dans leur cœur. Comme
au tir forain ils ont cassé la pipe aux senti-
ments. Mais ils sont prêts à répondre aux vœux d’une époque qui, lasse des expériences
techniques et esthétiques, exige que l’œuvre d’art ait une destination. Devant un enfant
mort qui se disloque comine un pantin, voici les femmes qui ordonnent !e clair-obscur de
leurs gestes désespérés. Les laboureurs dans les champs n’ont plus peur du ridicule.
L’équipe, au début. ne comprenait que Jannot, Humblot et Rohner. Ils travaillèrent
ensemble pendant dix ans, firent les mêmes voyages, connurent les mêmes impressions.
Jean Lasne était venu se joindre à eux. mais n’était pas encore délivré de certaines influences
surréalistes et cubistes dont l’équipe Forces Nouvelles s'est avant tout. affranchie. Lasne
devait. d'ailleurs, avant la guerre se séparer du groupe. Chacun de ces peintres a sa manière
sans doute, mais tous sont liés par le même idéal de construction et d’équilibre, par la même
obéissance à quelques lois simples qui ont servi de tous temps à organiser une surface
picturale
CLAUDE VENARD
Certains peintres ont parfois exposé avec le groupe « Forces Nouvelles », sans faire
partie de l’équipe, dont ilenrit Héraut. peintre et critique d’art qui a donné au groupe son
étiquette. C’est le cas de Claude Venard qui est venu directement du cubisme à sa forme
actuelle d'expression. dont l’esprit de pureté a des affinités avec l'idéal de « Forces
Nouvelles »
JEAN BAZAÏÎNE Non loin des pionniers de « Forces Nou-
velles », Jacques Bazaine a groupé d’autres
peintres qui se sont imposé la même disci-
pline: Bazaine par l’abstraction, Pignon,
PIGNON Estève par des moyens dramatiques. Il n’est
pas de doute que c'est parmi ces peintres et
ceux de « Forces Nouvelles » que la France
ESTÈVE trouvera les peintres capables d’exprimer
l'idéal où elle trouvera sa rédemption.
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ANDRE MARCHAND
ANDRÉ MARCHAND est né à Aix-en-Provence, le 10 février 1907. TI est clair qu’il est un
peintre méditerranéen, avant tout intéressé par les attitudes, les gestes des personnages
les plus divers qu'il se plaît à camper avec un extraordinaire relief. Il est un des rares pein-
tres d’aujourd’hui qui ne néglige pas la représentation du visage humain et songe à donner
une image véritable où la personnalité de l’artiste apparaît d’autant plus que celle du
modèle a été mieux respectée. Il a reçu, en 1937, le prix Paul Guillaume
PIERRE TAL COAT
PIERRE TAL CoaT est né en 1905 à Clohars-Carnoët (Finistère). Tous ces noms indiquent
suffisamment qu'il est breton. Tal Coat a, d’abord, exploré les ténèbres avec une austérité
que ses dons de peintre savaient rendre religieuse. L'esprit des calvaires de son pays est
naturellement dans son art capable d’émouvantes synthèses. Voici maintenant qu'il
découvre la couleur avec une frénésie qui nous promet de beaux élans
LE MOLT
LE Morr est né à Senlis en 1895. Il y a une grande mélancolie dans l'art de Le Molt
Ses personnages semblent à peine toucher la terre. Ils sont les figurants d’une fête sans joie
Ils évoluent dans des décors couleur des profondeurs marines. Ce sont eux aussi des rêveurs
mais ‘ui renouvellent les accessoires des Fêtes galantes
LUCIEN LAUTREC
Artiste issu du peuple, LUCIEN LAUTREC n’est pas à proprement parler un artiste
populaire. Ses clairs paysages, fortement charpentés, transmettent des sensations de lumière
et d’espace. Traités dans les couleurs locales, ses tableaux s'imposent autant par leur large
mise en page que par leur équilibre et par un sentiment très frais de la nature, dont le
peintre nous fournit une version décantée. Certaines toiles de Lautrec peuvent être qua-
lifiées d'architectures sensibles.
FRANCIS GRUBER
FRANCIS GRÜBER est né à Nancy. en 1912. C’est l'enfant terrible de la peinture. Il dit
son fait à la société avec une verve satirique qui l’apparente à des maîtres dont, par décence.
et pour ne pas l’accabler, nous ne donnerons pas les noms. Le fait-divers s'installe dans sa
peinture et prend chez lui ses quartiers de noblesse. Il est capable d’occuper un mur avec
sa farce. Il n’est pas près de manquer de sujets d’indignation.
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LE GROUPE « TEMOIGNAGE » DE LYON
R PERNIN LE GROUPE « TÉMOIGNAGE ». Ce groupe
° s’est formé à Lyon et a été présenté, pour
la première fois, au Salon d’automne de
cette ville, en 1936. Ces peintres sont,
avant tout, ennemis de la représentation
photographique. Ils se réclament des
poètes: du Gréco, Goya, Breughel. Jérôme
LOUIS THOMAS Bosch, Blake et Redon. Ils installent à
leur foyer de peintres la folle du logis.
Ils sont dans l'émerveillement de ce
qu’ils découvrent par delà l’horizon…
Parmi eux: Pernin qui, dépassant le
stade des villes abandonnées. crée des
villes fécriques: Bertholle sollicité par
JEAN BERTHOLLE les sujets religieux et curieux d'interro-
ger le visage humain; Luis Thomas,
poète de la peinture pure; les fresquistes
Idoux et Lenormand capables de renou-
veler l’art sacré qui se débat entre l'aca-
démisme de la rue Saint-Sulpice. le sym-
bolisme japonisant de Maurice Denis et
IDOUX ET LENORMAND le romantisme épineux de Desvallières.
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Jean Bertholle. Portrait d’Enfant.
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NOUVELLES ENQUÊTES
GUSTAVE SINGIER est demeuré fidèle aux disciplines qui ont fait leurs preuves. La logique
de ses constructions ne lui interdit pas d'être humain.
CHARLES LAPICQUE, Qui est le gendre du professeur Perrin, ancien directeur de l’Institut
de biologie, est un savant venu bien tard à la peinture. Ses premières œuvres, exposées
en 1930 chez Jeanne Bucher. étaient des paysages et surtout des marines traités par larges
à-plats de couleurs pures, mais sobres. On y distinguait l’influence de Manet. Par la suite
des recherches scientifiques personnelles ont orienté Lapicque vers une polychromie plus
compl”xe et plus riche. Ses peintures murales du Palais de la Découverte, dans le cadre de
l’exposition de 1937, révèlent un sens de la couleur d’une acuité et d’une intensité excep-
tionnelles. Désormais la couleur, telle que la conçoit Lapicque résorbe le dessin, la forme
et le motif. Elle devient, peu à peu, le seul facteur agissant du tableau et son unique élément
constructif
ALFRED MANESSIER est aussi un peintre abstrait issu du surréalisme et du cubisme,
un peintre généreux qui emprunte à une nature abondante des effets toujours très décoratifs
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Raymond Moisset. Pietad.
LE SUJET
JACQUES DESPIERRE
JACQUES DESPIERRE, Qui est né à Paris, est le fils du bon peintre Céria. Il est un de ces
jeunes peintres ambitieux qui considèrent que le sujet n’est pas le privilège de l’Ecole,
et qu’un peintre digne de ce nom n’a pas le droit de se dérober à la culture.
RAYMOND MOISSET
RAYMOND MoIssET est un peintre attiré par la composition. Ses moindres figures sont
soumises aux lois d’une cadence préconçue. Il semble bien qu’au temps de ses débuts
l’artiste ait subi, dans une certaine mesure l’ascendant du Greco. Ses formes stylisées,
étirées en hauteur, adhèrent à peine au sol. Son humanité a quelque chose de tragique.
Le peintre nous communique, par le truchement de formes et de couleurs, son pessimisme
latent, son sens de la vie et son amour des choses. Moisset est un artiste chrétien dont la
pensée religieuse se fait jour même dans ses œuvres profanes.
MARC SAINT-SAENS
MARC SAINT-SAËNs est né à Toulouse, le 1e" mai 1903. I a le plus haut sens de la décora-
tion. Il a déjà réalisé pour des architectures d’André Arbus, qui est le meilleur ébéniste
et le meilleur décorateur de notre temps, des peintures d’une grande noblesse. Dans une
société où les peintres tiendraient leur rôle, nul doute que Marc Saint-Saëns n'ait sa place
pour rendre vivants les murs des maisons communes, des écoles, des palais et des temples.
ANDRE GIRARD
ANDRÉ GIRARD, Qui s’est fait un nom dans l’affiche, est un peintre sur qui Georges
Rouault n’a cessé de veiller. Peintre, il est tour à tour tenté par des élans mystiques, dont
ses chemins de croix témoignent, et par des effusions sentimentales, dont ses bouquets
sont la preuve
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MARTIN ROCH
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Martin Roch. La Guerre.
MARTIN RocH est né le 12 septembre 1905 à Aix-en-Provence. Peintre et dessinateur,
Martin Roch se réclame de la tradition de Fouquet et de Clouet. Son effort tend à restituer
son prestige initial à la ligne. Artiste d’inspiration chrétienne, soucieux de perfection,
Martin Roch réagit avec force contre les licences de l’art contemporain. Sans cesser d’être
lui-même, sans jamais s’évader de son plan et sans fuir son époque, il rejoint les maîtres
avignonnais. Martin Roch vient d’achever une grande décoration murale pour la chapelle
du couvent des Dominicains à Saint-Maximin (Var).
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JEAN-CLAUDE GUIGNEBERT
TEAN-CLAUDE GUIGNEBERT est né à Paris, le 13 mai 1921. II a été élève de l’Ecole
des Beaux-Arts, de l’Ecole des Arts décoratifs et de l'Ecole normale de dessin de la ville
de Paris. Jean-Claude Guignebert met l’accent sur la forme. Mais cette forme à laquelle il
tente de conférer le maximum de perfection plastique, et qui évoque le style des Primilifs
français, n'est pas une fin en soi. Elle est l’agent d’une pensée poétique et le véhicule d’un
songe visionnaire.
Guignebert appartient à une génération dont le rôle est d’abattre les cloisons étanches
qui se dressent entre l’art et la vie. Il traduit la vie en termes d’art. Mais son mode d’expres-
sion n’est pas un phénomène de néo-réalisme, c’est une nouvelle conscience de la réalité,
dont le peintre perçoit, désormais, la magie et le principe divin. C’est aussi une revanche de
l'imagination, que Baudelaire qualifiait de reine des facultés. Jean-Claude Guignebert
a exécuté des peintures murales à l’église de Randan et à la Bibliothèque des chantiers de
jeunesse à Boulorins, à fait des décors, des costumes, des masques pour Joffroy de Jean
Giono et collabore à la mise en scène du Mystère de Jeanne d’Arc de Pierre Schaeffer.
560
RETOUR AU FAUVISME
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FRANCIS TAILLEUX
FRANCIS TAILLEUX est né à Paris, le 18 mars 1913, et a passé son enfance à Dieppe.
A treize ans, il a une toile reçue au Salon de la Nationale. Il est vrai que, pour être agréé
par le jury, il s’est vieilli de dix ans. Il reçoit en suite des leçons de Friesz, de Dufresne, de
Waroquier. Actuellement, Tailleux habite le Château noir à Aix-en-Provence, non pas qu’il
ait tenu à mettre ses pas dans ceux de Cézanne ni à voir la Sainte-Victoire, en ouvrant ses
volets, chaque matin. Tailleux a eu le courage, lui aussi, de repartir du point mort. Il
reprend la peinture où les Fauves l’ont laissée, mais en appliquant le fauvisme à une enquête
universelle, dont la curiosité des vieillards devant le bain de Suzane, le coq de sa basse-
cour, ou la fameuse Sainte-Victoire font successivement les frais. Tailleux est un des maîtres
de demain.
UN PEINTRE DE VINGT ANS
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Et voici le plus jeune des peintres français: DANY. Il est né à Paris, en 1922 Ilwa
sept ans qu’il est peintre. Il y a des toiles de Dany peintes à l’âge de quinze ans qui font
songer à des Vuillard. Dany n’a heureusement rien d’un prodige. Il apprend passionnément
son métier et accumule les dessins, les études d’une rare intelligence plastique. Il à peint
une série de quatre grands panneaux symbolisant le Printemps, l'Eté, l’Automne et l’Hiver
où les seuls rythmes de couleurs suggèrent les saisons. Il est évidemment doué pour la
décoration. Mais la curiosité qu’il a de la vic servie par ses dons de coloriste, dont s’émer-
veille justement Bonnard, lui permettra d’être un des peintres qu’attend la France de
demain.
67
CAT AL O G U E
CATALOGUE DES OEUVRES EXPOSEES
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LES MAITRES DISPARUS
Roger de La Fresnaye Suzanne Valadon
237 0m 1. Eve. 105x70. Coll. Paul Cha- %. Portrait de la Nièce de l’Artiste
dourne. 162 x 130. Musée de Lyon.
2 b17 00m 2. Nu couché. 170 x 105. Coll. Paul
Chadourne. Charles Dufresne
Edouard Vuillard 5. Composition. Coll. part
7rr> mn 3. Les Roses. 55 x 46. Coll. part.
LES MAITRES VIVANTS
Pierre Bonnard 8. Fillette au Ruban rouge. ."
6. Intérieur. Musée de Grenoble. 9. La Cuetllette. 40 x 39. Coll. part
“ 7. La Collation. 57 x 53
LES FAUVES
Henri Matisse Raoul Dufy
10. Je Focuere ee C: en 21. Saint-Cloud. Musée de Grenoble.
11. Las Tapis. Muséa de Lirenonle 22. Baigneuse. 116 x 89. Coll. Cuno
André Deraîn “28. C vus 32. Coll. part
12. Paris (époque fauve). 100 x81 Ores Ou Par
2:*" - 18. L’Enfant blond. Othon Friesz
14. Paysage aux Rochers. 46 x 33.
15. Petit Port de Pêche. 92 x 73. Coll. 24. Fleurs. 73 x 54.
part. 25. Sous-bois. 81 x 65.
F0 16. Nature morte. 46 x 38. 26. Portrait de Karin. 55 x 46
Maurice de Vlaminek Albert M ;
£rttm 17. Les Blés (époque fauve). 81 x 65. axe PTlkelale
< 18. La Seine à Chatou (époque fau- 27. Les Affiches à Trouville (époque I60 007
; ve). 92x65. fauve). 81 x 65. \
LSrev 49. L’Embarcadère. 92x73. 28. L’Eté à La Frette. 81x65. 1°FA
20. Nature morte. 65 x 54. 29. Paris. 73 x 60.
70
"4x
4,
LE CUBISME FRANÇAIS
Georges Braque André Lhote
; 7 +
30. Le Poisson. 31. Pénélope. ,
32. Paysage composé. Mirmande. ** 1
L’EXPRESSION
Georges Rouault Marcel Gromaire
33. La Péniche. Musée de Grenoble. 35. Les Deux Frères. Musée de Gre-
34. La Loge noble.
LE NATURALISME
André Dunoyer de Segonzac André Utter
JLe rmt 36, Le Village. 73 x 60. 38. Portrait de Me Suzanne Ne- 2° mm
raud. 61 x 50.
Henri de Waroquier Edmond Céria
4% 37. L’Eglise de Chaumont-en-Vexin è 39. La Terrasse des Tuileries
27 x 25.
LES MAITRES POPULAIRES DE LA RÉALITÉ
Maurice Utrillo Jean Eve
40. Les Usines. Musée de Grenoble. 45. Côte de l’Ermitage à Saim- JF 0m
ff. 15m 11. Paysage (époque blanche). Sauveur. 92 X73.
12
12. Montmartre. 46 x 38. Ÿ. Leirane
André Bauchant 46. Le Château de Josselin.
pren 43. La Lecture. 100 x 81. Camille Bombois
ès AFÉi 47. La Jeune Fille au Papillon. $ L' oran
| Louis Vivin 55 x 46.
004 45 Le Village de Pécheurs 48. Portrait de l’Artiste. Musée de
Grenoble.
74
LES JEUNES PEINTRES FRANÇAIS
Le plaisir de vivre.
Maurice Brianchon André Planson
49. Le Divan. 60. Paysage d’Hiver à La Ferté.
50. Longchamp. 61. Paysage de Bretagne. 12 60
Yules Gavaillés 62. La Nymphe endormie.
2orwv 51. Intérieur à la Commode jaune. Charles Walch
100 x 75 63. Bouquet au Paysage —æ
Le 69 52. Allée du Parc d’Albi. 92 x 65. 6% Intérieur où Bouuet 2 5
Le ca 53. Etretai. 65 X54. = CTMÉTIEUT QU DOUQUEE-
: +0 54 Femme à la Fenêtre à Langrune. Roger Limouse
61x28
65. Le Vase romantique. 100x 531 - 7°
Kostia Terechkoviteh 66. Espagnole. 55 x 46. 7 0
55. Mimi de Tabarin. Coll. part LL
56. Jeunesse. 36 x 26. André Girard ,
57. Fillette au Chien. 75 x 36. 67. Le Bouquet jaune. ; ’
58. La Plage. 46x28. ;
59. Portrait de Maurice Utrillo. ; Monil Malvaux
767 4f * 68. Femme assise.
LE PAYSAGE... L'OBJET
Christian Caillard Emile Sabouraud
69. Paysage de Seine-et-Marne. Coll. 74. Les Toits. 78x63 FA
Louis Becquart. 75. Nature morte au Tissu rose et à 7m
70. Le Jeune Toréador. 130 x 60. la Bouteille. 110 x 80.
7-00 71. Meules en Bretagne. 76. Paysage aux Clochards. 78x63. 79 67»
77. Le Village. 92x73. 2 60
Arthur Fage ;
7# #7 72. Quaus de Toulouse. François Desnoyer
78. Jardin en Provence. 50 x 33. Form
Roger Chastel 79. Les Anémones. 46 x 33. $ om
32 73. La Cage aux Perruches 80. Fête en Tchécoslovaquie. 65 x 46. 785 +
LE RETOUR À L’HUMAIN
Roland Oudot Maurice Poncelet
1£ rw 81. La Bergère basque. 83. Maternité. 92 x 73. a
ji + 82. Nature morte 84. La Loge. 92x73. Sa Û
85. Acrobates. 92x65. 21
86. Le Manège. 61x38. 77 6
79
LA COMPOSITION
Jean Aujame Roger Chapelain-Midy
776 87. Le Soir aux Canaries. 100 x 73. 89. Paysage de Gironde. 81x65. 7%
apooo 88. Paysage. 100 x 65. 90. Nature morte aux Cerises. JS 6m
LA RÉVOLUTION SURRÉALISTE. L’ONIRISME
Yves Tanguy Jean Lurçat
91. Coll. Paul Chadourne 92. Composition.
RECONSTRUIRE
PROBLÈME DE LA FORME LE SENS DE L’HUMAIN
PROBLÈME DE LA COULEUR
Le Groupe «Forces NOUVELLES »
Robert Humblot Le Molt
712rP 93. Le Laboureur. 106 x76 102. Composition. 1
Henri Jannot Claude Venard
26 + 04. Le Phare. 103. Nature morte à la Mandoline. 73 >
a&owm 95. Composition. 104. Nature morte au Poisson. 25 A
Georges Rohner André Marchand
25 0er 96. Paysage de la Côte-d’Or 105. Paysage aux Chardons -P
106. Rochers à La Ciotat. j 177
Jean Lasne
om 97. Composition. Francis Grüber .
. 107. Composition. .…
Jean Basaine 108. Composition.
Lo rm» 98. Paysage de Neige aux Chanteurs ;
130 x 97. Pierre Tal Coat
# rex 99. Bols renversés. 55 x 33 109. Environs d’Aix. 55x46 7
; 110. Sous-bois. 73 X 54. go”
Pignon
1# rm 100. Composition. Lucien Lautrec
; 111. Le Soir. 100 x 73. Le y
Estève . »
112. Les Musiciens. Gouache. $j +
101. Composition. 61x50.
y 3 +
An
"jE
Le Groupe « TÉMOIGNAGE » de Lyon
7
R. Pernin Idoux et Lenorman
113. La Ville. 81x60. 117. Maquette de Fresque.
Louis Thomas Albert Lenormand
114. La Ferme. 73x60. “ 118. Les Trois Règnes.
Jean Bertholle
115. Portrait d’Enfant. Claude Idoux
116. Triptyque. 45x55. 119. Métamorphoses. 92 x 73
NOUVELLES ENQUÊTES
Peinture pure
Gustave Singier Charles Lapieque
10 120. Musique du Soir. 92 x 60. 122. La Vallée de Chevreuse. 81 x 5% ,
"ep 4 121. L’Esprit familier. 81 x 60 123. Le Port de Longuivy. 92 x 73. “
Alfred Manessier
124. Adieu du Soir. 65x46. Fr?”
125. Les Lunatiques. 78x78. 78 A
Le sujet
Mare Saint-Saëns Jean-Claude Guignebert
126. Le Somnambule. 132. Saint-Martin.
“ 127. Paysage de Céret. ;
Martin Roch
Jacques Despierre 133. La Guerre. # <h
f; #> L 128. Le Bon Samarttain. 81x54.
5 as 129. Le Château d’Ambotse. 55 x 46. Coutsaud
; 134. Composulion.
14 Ho Jean Martin 135. Retour au Fauvisme.
130. Blessure au Côté. 92x73
; Francis Tailleux
Jaeques Moisset 136. Le Chemin du Barrage à Aix- 12
131. Pieta. en-Provence. 116 x 89.
Un de vingt ans
Dery
137. La Lampe à Pétrole. 138. Portrait de Mlle X.
dau
1
JEUNES PEINTRES FRANÇAIS
ET LEURS MAITRES
ÉDITÉ PAR LA SOCIÉTÉ DE L’EXPOSITION
PERMANENTE ATHÉNÉE-GENÈVE, A ÉTÉ
ACHEVÉ D’IMPRIMER LE QUINZE
SEPTEMBRE MCMXLII SUR LES PRESSES
D’ALBERT KUNDIG, A GENÈVE
ANÉECETAOENT