et nous prodigue les variations les plus seduisantes ou les Pins CMON-
yantes sur les themes eternels de la nature et de V’humanite. On remar-
quera que ce ne sont pas les adeptes de la couleur qui se montrent les
moins ferus de dessin. Que disje? A une exception preis, qui est,
il faut V’avouer, d’importance, celle d’Ingres, les plus riches tresors
de dessins nous ont &t€ laisses par les coloristes et les harmonistes, de
Prud’hon a Delacroix,-de Corot a4 Daumier et a Millet.
La division entre les deux grandes races de peintres s’accuse dis
le temps de David. Les charmants dessins de Prud’hon, tout imprögnes
d’une gräce hellenique et cependant animes d’une vie toute moderne,
maintiennent entre les traditions du XVII siecle finissant et les nou-
veautes du XIX“ a ses debuts le lien que voulait rompre V’auteur du
Sacre, doctrinaire intransigeant du retour d& V’antiquite, qui porta
dans V’art une äme de dictateur non dissemblable de celle qui inspirait
dans le domaine de la politique ses amis les Jacobins.
La generation suivante assiste & une lutte encore plus acharnte, celle
des romantiques et des classiques. Les classiques prennent pour devise
ce qwils appellent la probite du dessin, par opposition aux dirigle-
ments et aux extravagances de la couleur qwils stigmatisent chez leurs
adversaires. Les noms d’Ingres et de Delacroix servent d’etendards dä
P’un et a V’autre parti. Mais Ingres est romantique d sa fagon, tant
il est vrai que les artistes les plus originaux et les plus independants
ne sauratent Echapper complitement a V’atmosphere qwils respirent, d
Pair du temps. Ingres est romantique par la sensibilite passionnee qui
Eclate dans ses admirables dessins, Etudes de nus ou portraits. Quant d
Delacroix, on sait ce qwil repondit un jour dans une exposition d
un quidam qui croyait bien faire en s’ecriant sur le mode admiratif :
«Vous Etes le Victor Hugo de la peinture I!» —- «Vous vous trompex,
Monsieur,» articula Delacroix de son air le plus glacial et le plus
Princier, «je Suts un pur classique I»
TA