GUILLAUME APOLLINAIRE ; . grotesque, la frénésie de l'ignorance. Chez d’autres enfin DO 11 - il consiste à tirer parti de tout ce qui nous vient par les SE I” LF pa rinq sens. Pia ; c. "5 ; Quand je vois un tableau de Léger, je suis bien content. FF X 2 4 a 2 FE Ce n’est pas une transposition stupide où l’on a appliqué à Æ 2° 1 414 = quelques habiletés de faussaire. Il ne s’agit pas non plus | t ] A r., d’une œuvre dont l’auteur a fait comme tous ont voulu N. à sta d yr A I faire aujourd'hui. Il v en a tant qui veulent se refaire une * 2 ce . eu LU âme, un métier, comme au xve ou au x1v° siècle. il y en ay AY A. Ka "1 A ETS | a de plus habiles encore qui vous forgent une âme du siècle A. ac FF TE LH d’Auguste ou de celui de Périclès, en moins de temps ad EL some i dr LA qu'il faut à un enfant pour apprendre à lire. Non, il ne oué, — J 18 PEN s’agit point avec Léger d’un de ces hommes qui croient ; 7 - + € rem 4 4 ; que l’humanité d’un siècle est différente de celle d’un 4 4&8 WAS } js 8 autre siècle et qui confondent Dieu avec un costumier, LVR RY TR n° Ca en attendant de confondre leur costume avec leur äme. Cy wih al a al = > Il s'agit d'un artiste semblable à ceux du quatorzième et SSP eu tr = +4 . du quinzième siècle, à ceux du temps d'Auguste ou de A T LA vu ar Périclès : ni plus ni moins, et pour la gloire et les chefs- PA I ; cc 5 d’œuvre, que le peintre s’aide, le ciel l’aidera % = . ar a “ >! . J . 2 1É \ I 5d LL al Cl EE + LA : M a . Le sculpteur Manolo lorsqu’il traversait des temps ea LE difficiles se rendit une fois chez un marchand de tableaux 14 af: 15 qui avait alors la réputation de protéger volontiers les + Be Lr 5 y" , À talents inconnus. Le {ir . 5 Un © - Manolo avait I'intention de lui vendre quelques dessins aE bol! et il se fit annoncer. : - J Ms = 20 Ÿ Le marchand fit dire à Manolo qu’il ne le connaissait - wd ; a." rs oint. “ $F | ry wre ' « Allez dire à M. l’Expert que je suis Phidias » répliqua * 0751 re, i Manolo. on oof Fon Hl Mais le marchand fit encore répondre qu’il ne connaissait _ , Loy TE point ce nom la. #14 7 « Alors, dites-lui que c’est Praxitèle qu’il n’a pas voulu > recevoir. » Et le sculpteur s’en alla. 5 Te EE gm Fernand Léger est un des artistes bien doués de sa + ; : | 4 mE génération. Il ne s’est pas attardé longtemps à cette ; w a . =" peinture post-impressioniste qui date d’hier à peine et 15 À af © nous paraît déjà si lointaine. J’ai vu quelques essais de a Se Ey 1 x Léger à ses débuts dans l’art. 1” CTT rE Baignades du soir, la mer horizontale, les tétes déja Eo Z | = 3 parsemées comme dans les difficiles compositions que seul - 18 avait abordées Henri-Matisse = py i Tt Fr . - + _ % ; Ensuite, après les dessins entièrement nouveaux, Léger a ; voulut s’adonner à la peinture pure. 5 ff SE " Les hücherons portaient sur eux la trace des coups que Si = . leur cognée laissait aux arbres et la couleur générale participait de cette lumière verdâtre et profonde qui descend des frondaisons. L’œuvre de Léger fut ensuite une féerie où souriaienl des personnages noyés dans des parfums. Personnages indolents qui, voluptueusement, transforment la lumière de la ville en multiples et délicates colorations ombrées, A souvenirs des vergers normands. Toutes les couleurs ‘ bouillonnent. Puis il en monte une vapeur et lorsqu'elle s’est dissipée voila des couleurs choisies. Une sorte de chef-d’œuvre est né de cette fougue, il s’appelle le fumeur. | Il y a donc, chez Léger, un désir de tirer d'une compo- " sition toute l’émotion esthétique qu’elle peut donner. Le voilà qui amène un paysage au plus haut degré de 5 ns plasticité. Ta Il en écarte tout ce qui n’aide point à donner à sa con- Ce A ception l’aspect agréable d’une heureuse simplicité. me. FR Il est un des premiers qui, résistant à l’antique instinct : de l’espèce, à celui de la race, se soient livrés avec bonheur -— a instinct de la civilisation ou il vit. ” A C’est un instinct auquel résistent beaucoup plus de gens - qu’on ne croit. Chez d’autres, il devient une frénésie ; . * 15 1913