| RAGNAR HOPPE J'ai rencontré Fernand Léger avant la guerre, Toutes les fois que je reviens en France de mon en 1914, aux soirées de Montjoie, chez l’excellent pays, lointain, ma première visite a toujours été Canudo, où tout un monde avait coutume de se pour votre atelier. Et vous avez été chez nous, voir une fois par semaine. Il y avait la Rodin, Loïe chez vos amis de Suède et de Norvège. Vous avez Fuller, toutes les célébrités de cette époque, mais rendu la visite. Est-ce par politesse? J’en doute. aussi des hommes d'aujourd'hui et parmi eux, Maintes fois vous m’avez dit : « Vous savez, Fernand Léger. Silencieux et presque menaçant, Hoppe, moi aussi, je suis un homme du Nord. J’aime cet homme à l’air d’un boxeur anglais, restait dans la couleur comme les nordiques, je sens des affinités son coin en ruminant des idées. Au fond, Léger a entre nous. Ne suis-je pas Normand? » toujours méprisé toute mondanité et chez Canudo Peut-être qu’il coule quelques gouttes de sang l'atmosphère était imprégnée d'un certain parfum scandinave dans vos veines. Peut-être. Je vois de snobisme, malgré tout. dans vos peintures, un certain côté nordique, mais En 1919, pendant l’armistice, j'ai vu souvent vous êtes surtout le grand constructeur moderne, Léger. J’ai passé deux mois de convalescence dans le seul artiste de nos jours qui ait réalisé l’œuvre une chambre d’hôtel à Paris. Mes amis suédois monumentale, l’œuvre qui pourrait, agrandie cent venaient me voir une fois par mois. Léger, l’homme fois, décorer nos gares, nos théâtres, nos maisons du au cœur d’or, presque tous les jours. Depuis ce peuple. N temps-là, je n’aime pas seulement l’art de Léger, son Français de pur sang vous êtes. La splendeur des œuvre si virile et si forte, j'aime aussi l’ami. vitraux de Chartres ne rayonne-t-elle pas dans vos Et les promenades dans Paris, ce printemps-là, grandes compositions murales? osique et mysti- quand j’avais recouvré la santé. Je me rappelle Emme rile et © or nee et rte t la veint surtout un dimanche à Belleville, tout un dimanche, €Z nous, on aime la trance et surtout 1a peinture dans les quartiers populaires avec le poéte Blaise francaise. La jeunesse suédoise vous connait, Fernand Cendrars et le sculpteur Brancusi. C’était la fête, Léger. Vous avez eu plusieurs élèves tres personnels, la vie, la vraie ! Là, Léger était à son aise. Quelle mais de m ne Alles. ba Ie Suppose J+ il existe dans joie de voir ces bars rutilants de lumiére, d’entendre une de nos villes, 1 almsiad, toute une ecole de cette musique brutale et enivrante peintres, qui a subi l'influence de votre art viril oo et fortifiant et qui se développe chaque jour davan- Fernand Léger est l’ami de ses amis. Je vous tage. remercie, mon cher Léger, de m'avoir montré le Ainsi le rayonnement de votre personnalité et Paris sans fard, le Paris éternel. Vous m'avez fait de votre art atteint même la lointaine Thulé. Et comprendre par vos peintures et par votre parole avec quelle force ! l'art de notre temps, ses aspirations vers quelque RAGNAR HorrE, chose de stable et de dynamique, en meme temps. Conservateur au Musée National de Stockholm. se PR ie NN SHE | RN em ; —— | rm : ra @-! Pt ; A 271 ae ) — - WE OT a x ME x ; = a ois * 2 + © ba, =; . - fais ¥ > ; ] ™ _ A a . a . I — ag? { a GRR ; ~~ oO * 8 i . _ TA / v pci” x . Y é . =" 4 ; x » a +5 a vo I EE 5 Lo ye ak 1 gi - Ew oe “ a Sts ed € oar . . As 4 J Fd : 4 LE er C5 Y CE Ea 2 . i ve AA 2 i, # ue . A ut zz ; . ~ _ + A 1928. LE TORSE NOIR. eg