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1912. LEs FUMÉES SUR LES TOITS BLAISE CENDRARS
Fernand Léger n'a jamais été un cubiste intégral, en ce sens qu’il n’est jamais tombé dans l’hérésie, chère au groupe, de
l’identité de l’objet et de sa représentation. Il n’a rien du théoricien abscons, clos, hermétique. Ouvert à toutes les nou-
veautés, quand il se mit à la discipline cubiste, par pure conscience de peintre soucieux des ressources et des moyens de son
métier, il eut le rare mérite de ne jamais perdre de vue le premier point de la doctrine : la recherche de la profondeur. Dès
avant la guerre, ses toiles avaient déjà un aspect tout autre que l'aspect général des autres toiles cubistes. Elles étaient
directes, souvent brutales, sans jamais aucune recherche de joli, d’arrangé, de fini, et restaient toujours dans le domaine de la
représentation visuelle. C’étaient plutôt des œuvres de laboratoire que des tableaux définitifs. Léger v étudiait le cube,
et avec cette lourdeur d'es-
> = prit si naturelle et souvent
si indispensable au peintre,
il construisait forcément avec or
ordre étudiant successivement =
les volumes. puis les mesures. >» 5
Alors que méme un Picasso *
et un Braque étaient influ-
encés sinon inquiétés par la
virtuosité des théoriciens de,"
la quatrième dimension, Lé- A
ger continuait patiemment *
son labeur, allant si loin dans
l’étude des volumes et des
mesures qu’il donna, d’une
part, naissance au rayon-
nisme russe de Larionow et,
d'autre part, influença direc-
tement les meilleurs d'entre
les peintres futuristes ita
. liens. Bien qu’encore con
De a fuses et souvent incompré-
R mes - « hensibles, ces toiles étaient
wary les premières œuvres d’une
nouvelle esthétique mondiale
qui annonçait la transfor ,
mation totale du cubisme,
voire sa disparition. Léger 1919. Le PAssAGE A NIVEAU.
1912. PAysaGE. CI. Léonce Rosenberg avançait dans la profondeur
es ! et, plus il progressait, plus
. il s’approchait du sujet.
Survint la guerre. C’est à la guerre que Léger a eu la révélation soudaine de la profondeur d'aujourd'hui. Un trou d'obus
sur lequel darde le lourd regard du monde. Autour, les pays étrangers, le pays de l’arrière et le pays d’en face. Les barbelés
nouent ces pays divisés, relient les continents aux îles et l’Afrique du Togoland est toute proche. Des nappes immenses d'hommes
uniformes. Le grouillement pittoresque des escouades. Le poilu ingénieux. Puis de nouvelles et de nouvelles armées d’ouvriers.