29 Pour bien comprendre comment s’est formée la Genève moderne, il faut se rappeler la situation dans laquelle se trouvait la ville lors de sa réunion à la Suisse. En 1815, la ville de Genève, re serrée dans ses fortifications, formait un bloc fermé, dont la sur face avait été utilisée jusque dans ses moindres recoins. A quelque distance en dehors des murs se trouvait la petite ville deCarouge; au pied des remparts s’étaient formés de chétifs faubourgs, ré partis sur trois communes différentes; presque jusqu’aux portes de la cité s’étendaient les domaines ruraux des patriciens. Au début de la période d’extension qui commence au milieu du XIX me siècle, l’Etat prit tout d’abord en mains la direction des travaux édilitaires. Après avoir fait raser les fortifications, il fit établir sur leur emplacement des quartiers neufs aménagés selon un plan d’ensemble, et mit en vente les terrains à bâtir en impo sant aux acheteurs des servitudes assurant l’observation de cer taines dispositions générales. Il fixa ainsi, dans chaque quartier, la hauteur des façades et les dimensions des espaces à réserver entre les bâtiments. De vastes territoires ont été affectés exclusi vement à l’habitation; le nombre des étages y est limité à 2 ou 3. Dans les autres quartiers le nombre des étages est plus considé rable. Des mesures furent également prises pour limiter la hau teur des bâtiments dans certaines régions, afin de ménager la vue dont on jouissait des terrasses et des promenades de la haute ville sur le pays environnant. Pendant que s’établissaient ces quartiers, sur le pourtour de l’an cienne ville, selon des règles fixées par l’Etat, l’agglomération urbaine prit également de l’extension dans une autre direction, et dans des conditions bien différentes. Les quartiers neufs établis sur l’emplacement des fortifications furent occupés presqu’ex- clusivement par la population aisée. En dehors de ce périmètre d’autres quartiers furent être créés pour répondre aux besoins de la population ouvrière. Les anciens domaines patriciens les plus rapprochés de la ville furent démembrés et, sur leur em placement, des sociétés immobilières, créées en grand nombre entre 1860 et 1870, édifièrent, sans grand souci d’hygiène et d’ordonnance, de hauts bâtiments à 5 ou 6 étages. Ces quartiers furent généralement établis sans plans d’ensemble, en utilisant