4 Quelques temps avant la période héroïque du cubisme, vers 1910, l’œuvre d’Archipenko attestait encore ce respect de la tradition qu’il est salutaire de manifester à vingt ans. Quant à considérer quo tidiennement les traductions ou les transpositions de la nature qu’avait imaginé son art, il songea que si la sculpture n’était que cela, il valait mieux qu’elle ne fut pas. Pourquoi avoir créé des Dieux, pensa-t-il, pour refaire éternellement leur ouvrage? L’homme est certainement un Dieu qui aurait pu beaucoup plus mal tomber. Archipenko sentit que son atelier avait trop de murailles ; le plafond certes en était plus vaste que le plancher, mais les murs s’apprêtaient immuable ment à jouer aux « quatre coins » sans qu’aucun d'eux ne se décidât à abandonner le sien. Et les statues laissaient faire. Un soir, Archipenko empoigna ces dernières, les brisa sur le sol, et les fenêtres de son atelier s’ou vrirent seules. Peut-être avait-il vu le Singe ? Peu d’artistes en effet ont remarqué au bas d’un « Esclave » de Michel- Ange figurant la peinture, ce petit singe à peine ébauché qui représente l’Imitation. Archipenko subit comme il convient l’emprise si poétique de l'esprit scientifique du XIX e siècle, et cette influence gouverna sa sensibilité. Les maisons ne seront pas éternellement de pierre, mais cons