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ART MODEREE
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TOURNÉE DE L’EXPOSITION
DE
Sculptures, SCULPTO-PEINTURES, Peintures
Dessins
. DE
Alexandre ARCHIPENKO
□ □ □
Préface de Maurice RAYNAL
□ □ □
Du 24 nov. au 10 déc.
SALLE D’EXPOSITION
DE LA
Librairie Kundig
a
Y,
à GENÈVE
V
Du 8 janvier au 8 février
KUNSTHAUS
A
ZURICH
En 1920 : Expositions à Paris, Londres
Amsterdam, Bruxelles, Athène, Berlin etc.
Impression VOLLET,
G3 □ Photographie
Clichés RlCHTER, rue
je du Stand, 17
.. Molly 0 0
des 2-Ponts, 2-4
eu/2. flot f‘22'o<=>)°f
Die Kunst ist für aile ge- A
schaffen, doch sind nicht
aile für die Kunst geschaf-
fen. Rrchipenko. y
L’flrt est pour tout le
monde, mais tout le monde
n’est pas pour l’flrt.
Archipenko.
£
0
Alexandre ARCHIPENKO
La part prise par Archipenko dans la renaissance
de la sculpture contemporaine est certes considé-
rable, mais encore qu’elle soit incontestée, il importe
de la préciser pour défiinir l’orientation du mouve-
ment artistique auquel elle a donné naissance.
Le réalisme naïf des Grecs triomphait encore et
l’influence des imitateurs dégénérés de Michel-Ange
subsistait sous les auspices de leurs contrefacteurs
non moins abâtardis du XIXe siècle. Pourtant, au
contraire de ce que l’enseignement de l’Académie
fait croire, l'art classique n’est tel que s'il se renou-
velle de périodes en périodes et parallèlement aux
grands événements scientifiques et historiques.
Or, si l'intelligence d’Archipenko est pénétrée des
plus sûrs enseignements de la tradition, son cœur
bat à l’unisson de son âge.
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Quelques temps avant la période héroïque du
cubisme, vers 1910, l’œuvre d’Archipenko attestait
encore ce respect de la tradition qu’il est salutaire
de manifester à vingt ans. Quant à considérer quo-
tidiennement les traductions ou les transpositions
de la nature qu’avait imaginé son art, il songea que
si la sculpture n’était que cela, il valait mieux qu’elle
ne fut pas. Pourquoi avoir créé des Dieux, pensa-t-il,
pour refaire éternellement leur ouvrage? L’homme
est certainement un Dieu qui aurait pu beaucoup
plus mal tomber.
Archipenko sentit que son atelier avait trop de
murailles ; le plafond certes en était plus vaste que
le plancher, mais les murs s’apprêtaient immuable-
ment à jouer aux « quatre coins » sans qu’aucun
d'eux ne se décidât à abandonner le sien. Et les
statues laissaient faire.
Un soir, Archipenko empoigna ces dernières, les
brisa sur le sol, et les fenêtres de son atelier s’ou-
vrirent seules.
Peut-être avait-il vu le Singe ? Peu d’artistes en
effet ont remarqué au bas d’un « Esclave » de Michel-
Ange figurant la peinture, ce petit singe à peine
ébauché qui représente l’Imitation.
Archipenko subit comme il convient l’emprise si
poétique de l'esprit scientifique du XIXe siècle, et
cette influence gouverna sa sensibilité. Les maisons
ne seront pas éternellement de pierre, mais cons-
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truites aussi à l’aide du fer créé par l’homme, le son
en électricité sera amplifié par la lumière, etc., et
l’art moderne se nourrira de ces prestigieuses illu-
sions.
L’imitation ne pouvant être à la base d’aucune
spéculation artistique valable, Archipenko décide
que l’oeuvre d'art constituera une sorte d’objet par-
ticulier, présenté sans souci d’une représentation
imitative quelconque. L’œuvre d’art sera un fait
artistique ; elle sera exactement ce que la science
ou la sociologie appellent une loi, c’est-à-dire un
ensemble de rapports nécessaires. Le but de l’art
n’est ni l’idéal ni la réalité, mais le vrai. Or, nous
savons du reste que la vérité ne nous est pas donnée
par les sens. L’imitation de la nature ne sera donc
que le primitivisme, comme on dit aujourd’hui
de la photographie : la méthode du Singe sera
caduque.
La répulsion d’Archipenko pour l’imitation servile
de la nature, venue un peu de sa trop jeune com-
plaisance pour les Fauves, devint définitive lorsque
naquit de son imagination cette esthétique de l'équi-
valence qui devait renouveler l'art par sa légitimité
rationnelle, comme par sa hardiesse poétique.
L’éternelle vérité de SVAugustin : « le nombre est
tout dans l’art » devait se rajeunir au contact de
l’esprit moderne, et j’ai montré maintes fois, com-
bien, en dépit de certaines oppositions, le principe
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de l’équivalence concordait avec les philosophies les
plus poétiques et les mathématiques les plus mer-
veilleuses.
Suivant Yanalisis situs en effet, deux figures
humaines, dont l’une est peinte par un artiste,
l’autre imitée grossièrement par un enfant, sont
deux surfaces équivalentes. C’est une sorte d’éga-
lité dans l'esprit au lieu d’une égalité à la lettre. Le
nombre n'est plus ici brisé, comme chez les Fauves,
mais assoupli, et c’est ainsi qu’Archipenko opposera
au nombre rigide de Sl-Augustin, l’harmonie plus
ductile d’une conception moderne.
En définitive, le nombre est toujours à la base de
l'art et la tradition respectée.
Dès lors Archipenko brise les lignes, multiplie les
angles, rétrécit les masses et supprime les détails.
Dans certains dessins, il double ou triple les lignes,
soulignant ainsi des déformations rationnelles tout
en assurant le charme le plus poétique. Dans plu-
sieurs sculptures que vous verrez ici, la simplicité
de l’architecture conseille à l’artiste des efforts syn-
thétiques dont les résultats ont un charme assez
peu définissable, et l’on songe à cette numération
binaire des Chinois et de Leibnitz qui, impraticable
aux mathématiques modernes, sert toutefois de clef
à des jeux de l’esprit où la plus grande audace s'allie
à la séduction de l’inconnu. Quelques-unes évoquent
même ces curieuses idoles juives trouvées à Césa-
SCULPTO-PEINTURE
en bois et métal
FEMME
par Archipenko
Collection de
Suisse
Photo Rostiuiti, P,iris
SCULPTO-PEINTURE
en bois et métal
FEMME
par ARCHIPENKO
Collection de
STATUETTE (terre cuite)
par Archipenko
Collection de
Suisse
FEMME
par ARCH1PENKO
Photo Rosnicw, Pu ri s
SCULPTO-PEINTURE
(bois)
FEMME DANS L’INTÉRIEUR
par Archipenko
Collection de
Suisse
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rée, et qu'exposa le Musée Guimet, voici quinze ans
déjà.
La vigueur, l’éclat, la hardiesse de l’œuvre d’Ar-
chipenko n’excluent jamais la grâce. Et l’artiste naïf
et compliqué tour à tour s’attaque souvent, sans
préméditation, à des difficultés qu’il surmonte sim-
plement grâce à sa science du métier, unie à sa
candeur.
Les trouvailles abondent dans les œuvres expo-
sées ici, et l’une des recherches qui retient le plus
longuement l’attention est celle de ces sculpto-pein-
tures, comme les appelle Archipenko, et qui décon-
certent agréablement.
Parentes des bas-reliefs égyptiens, voire cambod-
giens, et éclatantes comme ces mosaïques romaines
dites à appareil multiforme (opus vermiculatum),
les sculpto-peintures sont construites à l’aide de
matériaux divers, le verre, le fer, le bois et... le
papier mâché.
Les résultats obtenus par Archipenko sont étran-
gement séduisants. La superposition de plans diffé-
rents et colorés donne un aspect qui n’est ni celui
de la peinture, ni celui de la sculpture, ni un com-
promis entre les deux, mais autre chose. Certes, la
« cuisine » des deux métiers y est savamment mise
à contribution, mais les trouvailles dont ses œuvres
sont pleines et sur lesquelles, si jen avais le loisir,
j’aurais, avec tous ceux qui les ont admirées, beau-
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coup a dire, en ont fait justement l’une des tenta-
tives artistiques les plus curieuses de ce temps.
Si la clarté du jour est étonnée de n’avoir plus
ici à lécher de désespérantes rondes bosses, c’est
qu’Archipenko l’a maîtrisée et asservie à sa volonté.
Archipenko a donné à la lumière des ressources
qu’elle ne soupçonnait pas : c’est dire qu’Rrchi-
penko a inventé une lumière nouvelle.
Maurice RAYNAL.
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CATALOGUE
SCULPTURES
1. a) Soldat qui marche.
1. b) Torse blanc.
2. Torse noir.
3. Femme au parapluie.
4. Femme.
5. »
6. »
7. Femme agenouillée.
8. Torse d’homme.
9. Négresse.
10. Femme assise.
11. Femme se coiffant.
12. Femme auprès d'une table.
13. Statuette.
14. »
15. a) Statuette.
15. b) »
Plâtre.
»
»
»
»
»
»
»
»
Ciment.
Terre cuite.
» »
» »
» »
» »
)) »
» »
Mit der Sculpto-Malsrei habe
ich die Verbindungstüre zwischen
der modernen Malerei und der Bild-
hauerei geôffnet. Archipenko,
Avec la sculpto-peinture j'ai
ouvert la porte de communication
entre la sculpture et la peinture
moderne. Archipenko.
SCULPTO-PEINTURE
16. Tête de femme et table. Bois.
17. Nature morte. »
18. » » »
19. Femme. »
20. Femme. Bois et métal.
21. Femme descendant un escalier. Bois.
22. Femme dans un fauteuil. Bois et métal.
23. a) Femme dans un fauteuil. » » »
23. b) Portrait. Bois, verre, métal.
23. c) Femme accroupie. Bois.
23. d) Figure. »
PEINTURE
24. Danseuse.
25. Statuette.
26. Baigneuse.
DESSINS A L’ENCRE DE CHINE
27. Nature morte.
28. Femme à table.
29. Illustration pour un roman
30. » » » »
31. Femme au parapluie.
Kunsthaus Zürich / Bibliothek
17600037069
DESSINS EN COULEUR
32. Femme assise.
33. a) Femme debout.
33. b) Femme debout.
DESSINS AU CRAYON
34. a) Femme assise.
b) Tête.
35. a) Femme assise.
b) Femme marchant.
36 à 41. Deux figures.
42 à 46. Homme marchant.
47. Figure.
48 à 54. Femme assise.
55. Figure.
56. Le baiser.
57. » »
58. Nature morte.
59. » »
60. Femme accroupie.
61. Femme assise.
62. Au cirque.
63. Tête.
64. Jongleuse chinoise.
65 à 104. Nus.
105 à 122. Photographies de quelques œuvres non exposées
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