— 4 A ce moment, ses goûts pour le dessin parurent si prononcés que, sans qu’il y vit encore une vocation décidée vers les arts, le père crut y trouver une indication pour l’avenir de son fils. Il le rappela à Paris et le fit inscrire à l’École de dessin et de mathématiques, rue de l’École de Médecine. Cette École « la petite École » comme on la désignait alors par rapport à l’École des Beaux-Arts, était surtout réservée à la formation des jeunes artisans qui se destinaient aux industries artistiques. On ne rêvait guère, d’ailleurs, à cet instant, d’autre avenir pour le jeune homme. Le directeur, à cette époque, était le peintre Belloc; il avait près de lui un professeur qui a laissé un nom inoubliable, non point, certes, comme artiste, mais comme pédagogue: C’estLecoq de Boisbaudran. Il avait créé, par sa méthode du dessin de mémoire, un enseignement qui faisait concurrence à celui de l’École des Beaux-Arts et il avait formé, en deux ou trois générations, une magnifique pléiade d’artistes. Il eut, en effet, pour élèves des maîtres qui devaient signer plus tard leurs chefs-d’œuvre des noms de Fantin-Latour, de Cazin ou de Legros, de Lhermitte ou de Guillaume Régamey, de Gaillard ou de Roty, de Dalou ou de Rodin. A vrai dire, ce ne fut qu’indirectement que Rodin subit l’action de ce maître; mais il reçut, près de lui, dans cette Ecole et dans cette atmosphère vivante de travail intelligent et d’études réfléchies, les conseils et les encouragements d’un professeur, le statuaire Fort, qui a laissé peu de traces dans l’histoire, mais qui, d’après les souvenirs reconnaissants de Rodin, devait exercer un véritable ascendant sur ses élèves. Rodin affirmait qu’il lui devait sa vocation. Il suivait également, le soir, les cours des Gobelins, où il était corrigé par un professeur aussi modeste, nommé Lucas, à qui Rodin gardait également beaucoup de gratitude. Les maîtres avaient, évidemment, deviné en ce jeune homme ardent, studieux et appliqué, sinon le destin qui l’attendait, du moins un vrai avenir d’artiste. Cette vocation étant devenue manifeste, on se décida à