la charge, en 1844. Refusé! Un an après, il renvoie ce même portrait. Refusé encore! De même, en 1846, en 1847. Sept fois de suite l’Fomme à Ja Ceinture de Cuir, aujourd’hui au Musée du Louvre, est exclu du Salon, seul endroit où un artiste peut se produire. Etonnez-vous que l’auteur adresse les académiciens à tous les diables. On peut citer d’autres exemples: L'Homme blessé, qui appartient aussi au Louvre, a été rejeté des Salons, quatre fois. Les Amants dans la campagne, ont eu le même sort. Désormais ses tableaux ne seront plus objet d’exclusion, pour la bonne raison que l’esprit révolutionnaire de 1848 a aussi pénétré au Salon, supprimant radicalement le jury. Le rétablissement s’opère en 1849, avec un jury élu par les exposants. C’est un progrès. Parmi les nombreux tableaux d’histoire, les portraits de célébrités du temps, Une Après-dinée à Ornans, obtient une certaine faveur auprès du public. Il s’agit de la première composition rustique importante de Courbet, peinte dans une harmonie brune. « Avez-vous jamais vu rien de pareil ? sans relever de personne», déclare Delacroix, qui ajoute: «Voilà un novateur, un révolutionnaire aussi, il éclôt tout à coup, sans précé- dent, c’est un inconnu.» »’ Après-dinée, acquise 1500 francs par l’Etat, envoyée au Musée de Lille, vaut au surplus, à Courbet une médaille de deuxième classe. Voilà de quoi réjouir sa famille! Le sentiment de nos forces les aug- mente, sans doute; elles s’accroissent avec la réussite qui confère l’autorité. Hors-concours maintenant, notre médaillé croit avoir ses coudées franches. Il est tout nerfs et muscles, travaille sans arrêt, et montre, au Salon de 1850—s51, trois tableaux importants: Un Enterrement à Ornans, les Paysans de Flagey revenant de la Foire, les Cas- seurs de pierres, qu’accompagnent deux paysages et quatre portraits. Cet envoi fait sensation. Le public regimbe. La société bourgeoise, infiniment respectable, mais imbue de préjugés, crut à une provocation. Ce fut un scandale, les visiteurs s’attroupaient devant l’Ænferrement. «affreux, repoussant, horrible». D’où venait-il ce révolutionnaire? D’où sortait-il ce paysan, qui se vantait de n’être jamais allé en Italie? Oh! Voyons, regardez bien! Ne voyez-vous pas que Courbet est de la lignée des Véronèse, des Zurbaran, des Ribera, d’Holbein, de Vélas- quez, de Rembrandt! On ne voulait rien entendre. On riait de pitié, on s’esclaffait, où l’on passait avec un air méprisant à côté de cette chose impie. C’est une scène de deuil, qui avait été suggérée à l’artiste par un sentiment violent de la réalité. C’est un tableau religieux qui pourrait être placé dans une église, dans une cathédrale. Le coup d’Etat du 2 décembre 1851 irrita profondément Courbet, fils et petit fils de républicains. Son ancien condisciple au petit sémi- f