Autre spectacle: la mer, au Hâvre, à Trouville, à Deauville, les années suivantes. Courbet en saisit les multiples aspects; sa fluidité, sa transparence, sous le vaste ciel où se perdent les nuages, plutôt qui se fondent avec lui. Il contemplera encore la mer, par gros temps, à Etretat. En 1867, au moment de l’Exposition Universelle, il fait élever, dans de plus grandes proportions qu’en 1854, un bâtiment auprès du pont de l’Alma. Cent cinquante tableaux, études, esquisses, dessins et deux sculptures, y sont réunis. La foule n’y vint pas, contre son attente, parce que le gros public fréquente les expositions par sno- bisme, et n’apprécie point la peinture pour elle-même: plaisir de raffiné, plaisir d’aristocrate, qui laisse au philosophe le soin de tâter le pouls d’un pays, l’art étant un reflet de la civilisation. Malgré cet échec, c’est pour Courbet l’époque glorieuse, féconde, lucrative. Ses œuvres sont entrées dans plusieurs musées, à Lille, à Nantes, à Marseille, sans compter les collections particulières à Bordeaux et à Lyon, à Bruxelles, à Gand, à Amsterdam, à Londres, à Francfort, à Boston. Paris l’emporte. Les initiés racontent qu’un oriental fastueux, Khalil Bey a acquis, pour vingt mille francs, prix énorme alors, une peinture extraordinaire représentant deux femmes nues dormant, et une autre de petites dimensions appelée l’Origime du Monde. La Remise des chevreuils et la Femme au perroquet, ont un succès complet. La Remise gagne tous les suffrages. Quant à la femme nue, de formes élancées, qui tient si joliment un perroquet sur ses doigts effilés, elle surprend agréablement le public. Les connaisseurs remar- quent les modelés: tête, poitrine, ventre, sans artifices d’oppositions, ni de contrastes, dans la lumière diffuse également répartie sur l’en- semble des chairs, par reflets pénétrant dans les demi-teintes et dans les ombres, qui demeurent légères et transparentes. Que dire maintenant des jurys? Celui de 1861 décernait à Courbet un rappel de seconde médaille. Vous avez entendu, un rappel de la médaille de 1849, tandis que des peintres, oubliés depuis longtemps, récoltaient maints profits et la considération officielle. À la Belgique revint l’honneur de remettre au grand peintre du nu, à l’auteur de Ja Source, une première médaille, au Salon de Bruxelles en 1869. Le roi Louis II, de Bavière, lui octroie la croix de Chevalier de première classe du mérite de Saint-Michel. Corot et Courbet sont les seuls Français qui l’aient obtenue. En France, il faut donc suivre le mouve- ment? Le ministre des Beaux-Arts décore Courbet, juin 1870, de la croix de la légion d’honneur. Courbet refuse avec éclat le ruban accordé par le gouvernement impérial. C’était bien à son tour de refuser, tout comme son ami Daumier, cette décoration, dont Flaubert LI