Volltext: Ça ira (3 = 1920, juin)

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ÇA IRA ! 
vainqueur, les travailleurs sont les seuls vaincus. 
Mais.... 
Il ne faut pas désespérer : les travailleurs de 
tous les pays recherchent l’union qui fera leur 
force et supprimera le régime d’oppression 
capitaliste. 
Et d’aucuns jugent que c’est parce que les 
peuples ne se comprenaient pas qu’on a pu les 
précipiter dans l’abîme que fut la guerre. Il 
faut qu’on s’entende, qu'on se comprenne ; 
l’instrument de cette entente sera la langue 
universelle. 
Il y a plusieurs années déjà, MM. Conturat 
& Léau écrivirent dans la préface de leur livre 
devenu célèbre depuis, que „la nécessité d’une 
langue internationale n’est plus contestée par 
personne". Affirmation trop hardie, à notre 
avis : la thèse contraire paraît fort défendable. 
Qu’une langue universelle soit d’une grande 
utilité pratique, nul ne le contestera. Mais 
imagine-t-on vraiment que l’humanité, sortant 
meurtrie du plus terrible fléau qui la frappa 
jamais, n’ait rien de plus pressé à faire que de 
se mettre à étudier l’esperanto ou l’ido ? Qu’on 
fasse disparaître les décombres là où les armées 
ont passé, et qu’on tâche de relever les ruines 
ensuite ; qu’on veille un peu à l’éducation 
morale de ce peuple, qui semble vouloir hériter 
des pires défauts du régime qui va disparaître. 
L’étude de l’idiome international pourra se 
faire plus tard : rien ne presse encore. 
Mais si l’adoption d’une langue universelle 
n’est pas d’une nécessité immédiate, il est clair 
que cette question devra être résolue un jour. 
Et lors il s’agira de choisir l’idiome qui con 
vienne le mieux à l’usage de langue interna 
tionale, choix qui soulèvera encore bien des 
polémiques et des discussions. 
Serons-nous espérantistes, idistes....? 
Nous combattrons la langue artificielle, 
quelle qu’elle soit. Car il est évident qu’un 
homme ne parviendra jamais à fabriquer en 
quelques années une langue alors que tout un 
peuple met des siècles à perfectionner, à enri 
chir et à épurer la sienne. Le nombre vraiment 
extraordinaire des langues artificielles — il y 
en a eu une soixantaine, jusqu’ici — prouve 
suffisamment la vanité des efforts de ceux qui 
veulent l’imposer. Parmi le nombre, il y en a 
peu qui ont survécu. Le Volapück que nos 
pères ont étudié avec tant d'enthousiasme, ne 
trouve plus guère de défenseurs : il sombra 
vers 1890 dans l'oubli le plus absolu, après 
avcir suscité le fort engouement qu’éveillent 
les conceptions neuves. 
Le Volapück fut supplanté par l’esperanto, 
langue inventée par le D r Zamenhof, et qui 
présente de réels avantages. Le système gram 
matical est fort simple : un nombre très limité 
de "racines,, sert à la formation de tous les 
mots de la langue, au moyen de l’emploi de 
préfixes et de suffixes. Au début, l’idiome de 
Zamenhof comptait moins de mille racines. 
C’était, en effet, d’une grande simplicité, mais 
on comprendra sans peine qu’un vocabulaire 
aussi étriqué ne pouvait suffire à rendre toutes 
les nuances de la pensée contemporaine, si 
complexe. L’inventeur, homme très érudit et 
fort intelligent, s’en rendit compte et augmenta 
son vocabulaire : le nombre de racines fut 
porté à plus de trois mille ! Et cela ne suffit 
point encore : il fallut faire de nouvelles ajoutes, 
provoquer des discussions interminables, faire 
des mécontents.... et le schisme s’annonça 
înévitable. 
On perfectionna l'esperanto qui devint 
l’esperantino. On créa l’ido, plus parfait encore 
s’il faut en croire ses défenseurs. — Et malgré 
tous les efforts de leurs partisans, aucune de 
ces langues n’a pu, jusqu’ici, obtenir de succès 
quelque peu durable. 
Quelle peut être la raison du peu de vogue 
de ces idiomes artificiels ? — D'abord, la sim 
plicité phonétique et grammaticale n’est pas
	        
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