évidente que les thèses révolutionnaires
y ont trouvé leurs meilleurs arguments.
Voilà, trop brièvement résumé, l'ex
posé d'une crise économique et sociale
extraordinairement complexe, mais dont
l'auteur a dégagé les causes et les impla
cables conséquences avec une remar
quable lucidité, basée sur une documen
tation précise qui n’admet aucune
contradiction. Nous avons dit que ce
rapport était en outre rédigé avec une
impartialité des plus précieuses. Cette
objectivité, l’auteur n’a pas voulu s'en
départir à la fin de son travail et voilà
pourquoi il s’est dispensé de formuler
des conclusions et d’indiquer les remèdes
qui, selon lui, seraient capables de guérir
le mal mortel dont souffre notre société.
Tout au plus s'est-il borné à exprimer
un vague espoir de solution exempte de
violences, espoir basé sur de mutuelles
concessions et sur une hypothétique
bonne volonté de tous.
Il est superflu de faire observer le peu
de logique de cette conclusion, qui se
trouve en contradiction avec la gravité
de la situation si clairement exposée au
cours des chapitres précédents. Ce n'est
pas que l’auteur abandonne ici l’attitude
de spectateur désintéressé qu’il a
adoptée et s'il se refuse à envisager la
Révolution avec confiance et sérénité,
il nous paraît que c’est uniquement par
un excès de pessimisme et parce que
d'après lui la crise économique est sans
remède. C’est aussi pour cette raison
qu'il lui arrive de défendre le régime
capitaliste, non pas parce que c'est le
régime de la justice, comme le pro
clament ses hypocrites défenseurs habi
tuels, mais parce que, malgré son atroce
iniquité, il s’adapte le mieux à l'essence
des sociétés humaines, “ l’inégalité,
écrit-il, étant la règle qui domine la vie
économique de toute l'humanité et de
la nature. "
S’il nous faut louer la sincérité et la
bonne foi avec lesquelles l'auteur défend
son point de vue, on ne peut pourtant
s’empêcher de regretter qu'après avoir
dénoncé avec une telle lucidité le
désordre et l’anarchie du régime éco
nomique actuel, il invoque contre les
doctrines de ceux qui veulent essayer
de nous sortir du chaos, les arguments
communément employés par des adver
saires qui attaquent sans se donner la
peine de comprendre ou même simple
ment de connaître. “ Le communisme,
dit-il, est un mirage, parce que le partage
égal des biens ne peut assurer à chacun
des revenus suffisants pour faire dis
paraître l’insécurité de toutes les situa
tions individuelles.” “ D’ailleurs, dit-il, il
ne saurait y avoir de revenu sans que
la masse travaille et par suite un tel
partage, loin de donner l’aisance à tous
les citoyens, ne conduirait qu'à l’éva
nouissement de la rente. ” Cela est
incontestable. Mais est-il équitable de
considérer ce partage comme faisant
partie du programme communiste, alors
que celui propose d'abolir les rentiers
et de faire de tous les hommes des tra
vailleurs utiles à la collectivité ?
Plus loin, l’auteur, défendant le capi
talisme, affirme que la sécurité écono
mique d’une minorité est un élément de
progrès et ne peut être obtenue que par
l’insécurité (c’est à dire la détresse) de
la masse, seule condition de l'effort et
du travail. Nous avons dit ci-dessus que
le collectivisme n'envisage nullement un
partage égal du capital, mais qu'il tend