René Arcos.
1916.
Je vois là-bas sur les estrades
L’envolement des redingotes ;
“ Tendez votre échine aux fouets de Ramsès,
Nous bâtirons les pyramides.
“ Laissez-nous serrer plus fort vos bâillons ;
Et tordez le fer de vos propres chaînes.
“ Donnez-nous encor l’enfant de seize ans,
La chair du malade et celle des femmes.
“ Que tout soit pour le cimetière !
Ce sera la dernière guerre. „
Encore un verre, dit l’ivrogne,
Et je jure de ne plus boire.
J’entends là-bas dans les bureaux
Les vieillards à la peau froide :
“ Multipliez et croissez
Pour les armées de l’avenir. „
L'univers dure comme un hymne ;
Et de la corne d’abondance
Le fleuve altier des mondes fauves
Roule sous on ne sait quelle arche
Vers je ne sais quel océan.
Et nous sur la terre,
Un cantique aux lèvres,
Nous pouvions aller,
Déroulant sans hâte
Notre vie, ainsi
Qu’une longue pièce
De cretonne peinte.
Nous pouvions aller...
Nous avons préféré l’injure,
La loi de Caïn
Et la. fin rapide
Au choc des express.