ÇA IRA !
133
français, une contr’attaque s’imposait ; et nous
félicitons Jouhaux d’être entré dans la lice.
JL.
*
* *
Le Pan-Pan au Cul du Nu Nègre, par
Clément Pansaers (Bruxelles - Editions Aide).
Cela signifie en d’autres termes : le nu nègre
suivi du Pan-pan. C’est un ouvrage dadaïste.
Ne haussez pas les épaules. Qui ne caracole
pas sur son dada à l’heure présente ? Le dada
ïsme est le miroir d’une époque troublée.
D’ailleurs si Clément Pansaers est une espèce
de sorcier, ses formules cabalistiques sont
souvent susceptibles d’interprétation. “ Un
chimiste raté vaut bien un philosophe „ cette
affirmation de l'auteur explique le fond de
ce petit bouquin, qui sous une plaisante
apparence d’aliénation mentale dénote parfois
un bel effort métaphysique.
Pour ce qui concerne ses procédés littéraires,
Clément Pansaers exécute comme il dit : “ une
galopade de consonnes sur la sonorité des
voyelles „. “ Le Pan-pan au cul du nu nègre „
me produit l’impression d’un phonographe
désorganisé qui a enregistré tous les bruits
incohérents de notre époque et qui émet pèle
mêle les vocables les plus inusités parmi les
rôts les plus incongrus et qui, arrivé au bout
du disque, se met à battre la breloque :
“ Pan-pan
Fin-fin
Pan-Pan
Finale
O-Y-U-H
Pan-Pan
Da Capo
Bê
Pan-pan - Pan-pan
Pan-Pan. „ P. N.
❖
❖ *
Pierre Bonardi, Le visage de la Brousse
(Aux éditions de la Sirène, Paris, 1920).
Un beau livre qui, s’il était plus précieux et
plus “ contemplatif „ ferait songer à Loti. Mais
un Loti moderne. Courte narration, mais
vivante et pétillant d’esprit, d’un voyage à
travers le pays nègre. Il y a des traits, des
phrases qui sont des trouvailles. Conclusion :
il faut lire, malgré que le livre se vende à raison
de un sou par page ! Mais ce n’est pas mauvais
du tout.
Chronique de Provence
Marseille, juillet 1920.
Nous n’avons pas ici votre vie intellectuelle
intensive. La lumière procure une sorte de
sérénité. Nous travaillons, mais point avec
fièvre. Nous vivons dans des fresques à la
Puvis de Chavannes. Nos muses sont ordon
nées.
Je parlais de points communs entre Mistral
et Verhaeren. Mais combien la latinité imprè
gne l’œuvre de notre Mistral, alors que le
lyrisme de votre Verhaerén est plus emporté,
plus tendu, plus douloureux.
Mistral est le triomphateur qui se grise de la
musique des légendes,Verhaeren est le Samson
enchaîné qui secoue les colonnes du monde
pour le renverser. Les villes hallucinées, les
usines monstrueuses aux haleines empoisonnées
montent à ses horizons de visionnaire....
QUELQUES LIVRES
États d’Ame, Jacques Virieu, “Les Tablettes,,
Saint-Raphael-Var.
Des vers aimables de jeunesse qui me font
penser aux beaux vers de René Wachthausen :
“ Il ne faut pas écrire alors qu’on a vingt ans
Même si l’on est plein de rythmes éclatants „
et surtout quand les rythmes n’éclatent point.
Cependant un bon parfum de sincérité triste
s’exhale de cette plaquette.
Le Pantin, Léon Rouillon, “ Les Tablettes „
Le Conflit de l’amour et de l’amitié et la décep
tion amoureuse.
Plaquette aimable.