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Des couteaux pour pleurer et pour ne plus jamais pleurer
Des couteaux pour aller à l’assaut du papier à fleurs de l’aube
Pour saccager les fondations de la vie blanche et noire comme un pain
Des couteaux comme un verre de poison dans l'haleine
Comme les bras nus d’un deuil éblouissant
Pour veiller l’agonie des déluges
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Pour connaître la fin de l’absurde.
Paul ELUARD.
(Illustrations de MAX ERNST)
Les manifestations les plus authentiques de l’esprit semblent vulnéra
bles grâce à quelque défaut : on s’en débarrasse trop facilement; s’il inter
vient le plus léger grief sentimental, on les nie avec mépris ou indifférence.
Pour l’effet poétique, la plupart du temps, son peu d’efficacité ne tient
pas tellement à la pauvreté des mécanismes qui jouent qu'à sa faiblesse
réelle. A la faveur d’un peu d'expérience cette faiblesse devient évidente et
la déception toujours renouvelée qui l’accompagne. Elle s’aggrave encore
dans la mesure où l’effet poétique se rapproche du plan de l’esthétique. U
ne s’agit qu’à de rares exceptions près, de mises en Scène qui donnent l'illu
sion d’un contact avec le réel, mais ne rencontrent que le vide.
Mais tenant pour réel le fait poétique, si l'on essaye d’en découvrir
le sens, voici une orientation nouvelle qui nous éloigne aussitôt de cctlc
région stérile que l’esprit s’épuise à féconder. L'objet de la poésie devien
drait une connaissance des secrets de l’univers qui nous permettrait d’agir
sur les éléments. Des opérations magiques deviendraient possibles. Elles
satisferaient réellement ce désir profondément humain du merveilleux, que
l'on a trompé par des miracles et à qui l'on doit tout récemment encore le
succès de sordides apparitions.
Pour tenir compte sérieusement de ce désir, il faut renoncer une fois
peur toutes à se contenter de subterfuges. Et la découverte d’un secret si
beau soit-il ne devra jamais servir à la transformation facile de toutes
choses en objets étonnants — pour le seul plaisir immédiat d'un effet poéti
que désormais sans vertu.
La réalité de l'élément qui nous livre son secret est bien le lieu d'où il ne
faut s’écarter à
prix, c’est un point de repère.
René MAGRITTE.