Volltext: Intervention surréaliste (1)

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(fragments) 
par 
GEORGES HUGNET 
Les nuits et les villes dans leur repos déchiré, 
sortir du sommeil et se présenter de face 
aux amertumes, aux hallucinations, debout, 
debout grandes panoplies de sable, 
debout sculptures de poussière, meules d’os, 
c’est l’ennui, c’est la face forgée, 
images secouées sur les murs 
dans la bassesse de velours des couchants, 
images suspendues à d’aigres petits jours, 
c’est la parole du désespoir, le réveil, 
du moins j’en appelle à d’immenses rancœurs, 
du moins je vois plus clair ce que la haine allume, 
c’est aussi le désir nu sous son portique de fer, 
la mesure du fond des larmes, sondage du vertige, 
c’est la déchéance où le silex reprend son goût de feu et d’espoir, 
la déchéance, tant d’ombres qui me poussent, 
c’est ce quartier de viande debout sur sa faim, 
cette insistance mnémotechnique d’incendie, 
c’est toi, atavique et verticale, 
toi, la révolte aux plus inoubliables veilles, 
verre grossissant tombé sur le monde démesuré, 
si vrai, petit, petit, immense, 
à en avoir envie de vivre, 
la pureté qui reprend le poil de la bête 
à pleins cris, à pleins prodiges 
dans une rue aux ruisseaux de sang et de brouillard 
comme un glacier furieux dans cette nuit d’abandon 
en attendant que d’éblouissantes voitures 
traversent la ville dans un silence plus mortel encore, 
c’est la clameur de sang et de glace, 
si élancée, si certaine, si instantanée, cette main 
de gel et de ravage
	        
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