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POINTOLLE
VULCANISE
LA
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^UDRUCHE
par RENÉ CREVEL
L'Etal est le produit et la manifestation de l’antagonisme inconciliable des
classes. L'Etat apparaît là où les contradictions de classes ne peuvent être
objeclivement conciliées et dans la mesure où elles ne peuvent l'être. Et inver
sement : l'existence de l’Etat prouve que les contradictions sont inconciliables.
LÉNINE : L’Etat et la Révolution
Août-septembre 1917 - veille d’Octobre.
Dans l’administration des P. T. T., à la suite d'un nouveau décret loi, nul ne
pourra désormais prétendre à certains postes, s’il n’a fourni un certificat policier
de « Loyalisme » c’est-à-dire s'il n'a purement et simplement renoncé à son
droit de grève.
LES JOURNAUX : 29 avril 1934.
Dialectique de la putréfaction : ce qui est
carié jusqu’à la pulpe de la moelle a re
vêtu sa plus impitoyable carapace d’artério
sclérose. Des cascades de glouglous se ré
percutent, se répondent, se confondent en
échos informes à l’angle obtus des crânes
que la hargne a blindés, reblindés, surblin
dés. Les viscosités à sourires de provoca
tion nationale ne se résignent point à tour
ner en eau de boudin. La bourgeoisie sue
la peur. Or, une goutte de peur, c’est un
océan de férocité. Ce qu’il y a de plus
caduc, de plus sournois, de plus taré se fait
chien de grande chiennerie. Et certes non
pour se contenter de montrer les dents. A
même les gencives de la décrépitude, les
râteliers rêvent tout haut de morsures à
l’emporte-pièce. Les exploiteurs et leurs va
lets cherchent par quels moyens retarder et
ensanglanter le bond en avant, la Révolu
tion qui doit mettre le prolétariat et, avec le
prolétariat, l’humanité toute entière dans le
juste chemin de son devenir. Les fascismes
mitoyens leur donnent des leçons. De Goe-
ring, de Goebels, d’Hitler, ils ont appris
déjà comment et à quelles fins se servir
de la T. S. F. Devant le microphone pour
ne pas abîmer le masque de trêve, chaque
bedaine a décidé de se faire ventriloque.
Du nombril qui lui sert d’oreille, ça s’écou
te croître et enlaidir. La grande presse am
plifie cette jolie musique intérieure. Dans
les quartiers de résidence, il n’est pas un im
meuble à gros loyer qui n’offre gracieuse
ment son éléphantiasis en miroir à la bouf
fissure capitaliste. Et cette bouffissure au
minois de poisson-scie, elle a réussi le pa
radoxal miracle d’être à la fois molle et
pointue, si pointue, si molle qu’elle mérite
d’être à jamais baptisée « pointolle ».
La Pointolle. Nous vivons les beaux jours,
les derniers jours, les derniers beaux jours
de la pointolle. Pour son chant du cygne,
elle ne demande qu’à faire sa Jeanne d’Arc
ou sa putain du 2ème bureau.
En quête de colonne vertébrale, la poin-
tolle, la bourgeoisie, ce magma parfumé au
gougni-gougna, vient de ressusciter l’esprit
de 1934. Croix de Feu, Action française,
Solidarité refrançaise et tutti quanti, l’en
semble nous vaut une fameuse boule puan
te. Plus ça pue, plus ça gonfle. Mais surtout
plus ça gonfle, plus ça pue. Les ondées, les
éclaircies printanières faisandent ce bouquet
d’œdèmes tricolores, au fur et à mesure
qu’elles s’épanouissent.
La pointolle n’arrête pas de se vulcani
ser la baudruche. Elle a du bien au soleil et
phlegmons sur rue. Et quels phlegmons, des
blo es de phlegmons, hauts, larges, épais, si
hauts, si larges, si épais que toute l’ouate,
tout le taffetas gommé, tout le crêpe velpeau
des officines à hypocrisie ne suffiraient à
panser une seule de ces façades que bour
souflent le délétère et le nauséabond. Elles
finiront bien par crever, les somptueuses
ordures en peau de maison, ces gangrènes
gazeuses, ces montgolfières des lèpres effer
vescentes dont le troupeau enfle, les pieds
pris à la glu du macadam. Elle crèveront
comme crèvera la pointolle et tout ce qui
la champignonne et la maquereaute. En at
tendant la pointolle sabre et goupillonne,
mieux que de plus belle. Mais aussi elle gé